Le secrétaire d’État américain, John Kerry, est arrivé samedi à Kaboul, une visite non annoncée destinée à encourager le processus de paix avec les talibans et à exprimer l’appui des États-Unis au gouvernement d’unité afghan que John Kerry avait porté sur les fonts baptismaux il y a 18 mois.
John Kerry, qui doit s’entretenir avec le président afghan Ashraf Ghani et son numéro deux, Abdullah Abdullah, «insistera sur le soutien des États-Unis au gouvernement afghan» et aux forces armées de ce pays, a indiqué le porte-parole du département d’Etat John Kirby.
Le chef de la diplomatie américaine, très impliqué depuis des années dans le dossier afghan, va également «exprimer (son) soutien aux efforts du gouvernement afghan pour mettre fin au conflit en Afghanistan grâce à un processus de paix et de réconciliation avec les talibans».
Les Etats-Unis ont retiré le plus gros de leurs troupes d’Afghanistan et y maintiennent 9.800 soldats. Dès son arrivée, John Kerry, qui avait effectué une visite surprise en Irak vendredi, s’est rendu au quartier général de «Soutien résolu», la mission de l’Otan dans le pays, dont le rôle se limite à la formation et au conseil des troupes afghanes depuis la fin de sa mission de combat fin 2014.
Les États-Unis ont scellé un «accord de partenariat stratégique» avec Kaboul et se sont dotés d’une commission bilatérale qui se réunira samedi afin de parler de «sécurité, défense, démocratie, gouvernance, développement économique et social», selon M. Kirby.
Profonds différends au sommet de l’État
Après 18 mois du gouvernement d’unité, «il ne fait aucun doute qu’il y a des défis. A la fois des défis politiques et ceux liés à la résilience des (…) talibans», a commenté le représentant spécial des États-Unis pour le Pakistan et l’Afghanistan, Richard Olson.
Début mars, les talibans afghans avaient refusé de participer aux pourparlers de paix directs avec Kaboul, mettant un coup d’arrêt aux espoirs du gouvernement afghan de régler un conflit vieux de plus de 14 ans qui a fait des dizaines de milliers de victimes.
Cette fin de non-recevoir a douché les espoirs du gouvernement afghan et de ses partenaires chinois, américains et pakistanais qui pensaient assister à une reprise du dialogue, alors que les combats battent leur plein dans l’ensemble du pays et que l’«offensive de printemps» des talibans doit commencer dans les prochaines semaines.
Au plan politique, les élections législatives ont été programmées pour le 15 octobre, soit plus d’un an après l’expiration du mandat des 249 députés, un lourd retard dû notamment à de profonds différends au sommet de l’État. Le très important retard pris par le scrutin est à mettre sur le compte du regain de l’insurrection des talibans qui fait craindre pour la sécurité des électeurs et des organisateurs.
En outre, un désaccord profond subsiste entre MM. Ghani et Abdullah, sur la façon d’organiser des élections après le fiasco de la présidentielle de 2014.
Les deux hommes avaient revendiqué chacun la victoire pendant trois mois avant de se mettre d’accord sur ce partage inédit du pouvoir, grâce à la médiation de John Kerry.
Signe le plus visible de ces frictions: plusieurs ministres afghans ont claqué la porte ces derniers mois en raison de profonds désaccords avec M. Ghani et son numéro deux, dont le ministre de l’Intérieur, Noor ul-Haq Ulumi qui a démissionné en février. Son successeur, Taj Mohammed Jahid, a d’ailleurs été confirmé par les élus de la Chambre basse samedi matin.
Le Quotidien/AFP