Les trois attentats qui ont secoué Kaboul depuis jeudi soir ont fait 51 morts et des centaines de blessés, selon un nouveau bilan communiqué samedi, le plus lourd dans la capitale afghane depuis la fin de la mission de combat de l’Otan en décembre.
«Soutien résolu», la mission de l’Otan en Afghanistan, a confirmé samedi que huit civils qu’elle employait ont péri dans l’assaut vendredi soir par des insurgés de Camp Integrity, une base des forces spéciales américaines, proche de l’aéroport de Kaboul. Les victimes étaient toutes afghanes, selon la société de sécurité afghane qui les employait. Un soldat étranger, dont la nationalité n’a pas été précisée, a également péri.
Les rebelles talibans ont revendiqué cette attaque, ainsi qu’un attentat qui a tué 27 personnes, des civils et des cadets de la police afghane vendredi. En revanche, ils n’ont pas revendiqué la première attaque de cette série qui a fait 15 morts dans une zone résidentielle dans la nuit de jeudi à vendredi.
Par ces attaques, les insurgés démontrent qu’ils sont capables de s’attaquer à l’appareil sécuritaire au coeur de la capitale afghane.
C’est le bilan le plus lourd depuis décembre et la fin de la mission de combat de l’Otan dans le pays, mais également la première vague de violences d’envergure à Kaboul depuis la nomination du mollah Mansour à la tête des talibans, en remplacement du défunt mollah Omar, le leader historique des insurgés islamistes dont la mort a été annoncée la semaine dernière.
En début de soirée vendredi, un kamikaze s’est fait exploser devant l’entrée d’une académie de police de Kaboul, alors que les cadets rentraient de week-end, selon le chef de la police de Kaboul, Abdul Rahman Rahimi. Une source sécuritaire a expliqué à l’AFP qu’il s’était fondu dans la masse grâce à l’uniforme qu’il portait. Deux sources sécuritaires, qui ont requis l’anonymat, ont évoqué samedi un nouveau bilan de 27 morts.
Moins de 24 heures avant cette attaque, un attentat au camion piégé a dévasté un quartier résidentiel du centre de Kaboul, tuant au moins 15 personnes et en blessant plus de 240, selon Sayed Zafar Hashemi, un porte-parole du président Ashraf Ghani.
Mais d’après les enquêteurs, la cible pourrait avoir été un bâtiment militaire proche du lieu de l’explosion.
« Démonstration de force »
Interrogé par l’AFP, Zabihullah Mujahid, porte-parole des talibans a dit ne pas être «au courant» de cette attaque, mais elle pourrait porter leur marque.
Les insurgés ne revendiquent généralement pas les attentats faisant des victimes civiles, même s’ils sont responsables de la plus grande partie des violences contre ces derniers, selon un rapport de la mission de l’ONU en Afghanistan (Unama) publié cette semaine.
Dans la première moitié de l’année, qui a été marquée par la fin de la mission de combat de l’Otan, les violences contre les civils ont atteint un record avec 1.592 morts et 3.329 blessés, a relevé l’Unama.
C’est sans compter les victimes au sein de la police et de l’armée afghanes, qui doivent contenir seules une insurrection s’étendant désormais à la quasi-totalité de l’Afghanistan.
«Cette nouvelle vague d’attentats est une tactique utilisée par la nouvelle direction des talibans pour montrer qu’ils sont toujours opérationnels», a jugé Abdul Hadi Khaled, un expert afghan en sécurité. «C’est une démonstration de force».
Car une frange de la rébellion islamiste refuse de faire allégeance au nouveau chef, le mollah Mansour, l’accusant d’avoir été couronné au terme d’un processus de désignation expéditif et d’avoir menti pendant deux ans sur l’état de santé du mollah Omar, qui s’est éteint en avril 2013 au Pakistan, selon les services secrets afghans.
En outre, une partie des talibans ne veut pas entendre parler des pourparlers de paix entamés il y a un mois avec le gouvernement afghan.
Cette amorce de dialogue inédite est le dossier brûlant dont hérite le mollah Mansour.
Après un premier cycle de pourparlers organisé début juillet au Pakistan, une deuxième rencontre devait avoir lieu la semaine dernière, mais elle a été reportée sine die après l’annonce de la mort du mollah Omar.
AFP