L’ex-ambassadrice des États-Unis en Ukraine a affirmé s’être sentie menacée en découvrant le contenu de l’appel entre Donald Trump et son homologue ukrainien, au cœur de la procédure de destitution contre le président américain, selon un compte-rendu dévoilé lundi.
Marquant l’ouverture d’une nouvelle phase publique de cette procédure explosive, les démocrates du Congrès américain ont publié deux premiers témoignages de diplomates entendus à huis clos dans cette enquête : ceux de l’ex-ambassadrice à Kiev, Marie Yovanovitch, et de Michael McKinley, conseiller du secrétaire d’État Mike Pompeo jusqu’à sa démission début octobre.
« Avec chacune des auditions, nous en apprenons plus sur les tentatives du président de manipuler les leviers du pouvoir dans son propre intérêt », ont affirmé les trois chefs démocrates des commissions de la Chambre des représentants menant l’enquête. Les deux témoignages « démontrent également la perversion de la politique étrangère américaine par un canal clandestin de communication parallèle qui cherchait à promouvoir les intérêts personnel et politique du président, ainsi que les graves inquiétudes que ceci a provoqué à travers nos institutions », ont-ils poursuivi.
« Il va lui arriver des choses »
Lors d’un échange téléphonique avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky en juillet, Donald Trump avait critiqué la diplomate alors qu’elle avait déjà été rappelée à Washington. « Il va lui arriver des choses », avait-il déclaré.
La Maison Blanche a publié un compte-rendu de ce fameux appel. Les enquêteurs parlementaires ont demandé à Marie Yovanovitch le 11 octobre quelle avait été sa réaction en lisant cette phrase. « Je ne savais pas ce que cela voulait dire. J’étais très inquiète. Je le suis encore ». « Vous êtes-vous sentie menacée ? », lui ont-ils demandé. « Oui », a-t-elle répondu.
C’est lors de cet appel que l’homme d’affaires a demandé à son homologue ukrainien d’enquêter sur un de ses rivaux démocrates, Joe Biden. Convaincus de tenir la preuve d’un « abus de pouvoir » du président, les démocrates ont engagé, le 24 septembre, une enquête pour « impeachment » (mise en accusation) à la Chambre, où ils sont majoritaires. La procédure a pris une nouvelle ampleur avec l’approbation, le 31 octobre, d’une résolution autorisant des auditions publiques. Dans son témoignage du 16 octobre, Michael McKinley explique de son côté avoir démissionné en partie parce qu’il estimait que le département d’État n’avait pas correctement défendu son ambassadrice dans cette affaire.
Les démocrates comptent publier ce mardi les témoignages de Kurt Volker, ex-envoyé spécial des États-Unis pour l’Ukraine, et de l’ambassadeur américain auprès de l’Union européenne Gordon Sondland.
LQ/AFP