Jared Kushner, gendre de Donald Trump et l’un de ses plus proches conseillers, a livré lundi sa version de ses échanges avec des Russes pendant la campagne et après l’élection, plaidant sa bonne foi dans la conduite normale d’une campagne électorale.
Voici les principaux éléments de sa déclaration écrite au Congrès.
Monde des affaires
«Mon savoir-faire vient du monde des affaires, pas de la politique». Le gendre du président souligne son ignorance de la chose politique ou diplomatique avant de prendre un rôle – de plus en plus important – dans la campagne de son beau-père. Outre son rôle d’interlocuteur principal pour les gouvernements étrangers, il indique qu’il s’occupait aussi des finances, de la planification, de la communication, de la rédaction des discours, des sondages et des équipes en charge des bases de données et du numérique.
L’ambassadeur de Russie à Washington
Jared Kushner affirme avoir rencontré l’ambassadeur de Russie aux Etats-Unis Sergueï Kisliak à deux reprises. Très brièvement, pendant la campagne, en présence de trois autres ambassadeurs lors d’un discours de Donald Trump dans la capitale. Il affirme n’avoir que peu échangé – «moins d’une minute» – avec chacun d’eux. La seconde rencontre – «vingt à trente minutes» – s’est tenue à la demande de M. Kisliak au QG de transition le 1er décembre 2016 en présence de Michael Flynn, devenu conseiller à la sécurité nationale avant sa démission fracassante pour avoir menti sur ses relations avec les Russes pendant la campagne.
«Comme je l’ai fait dans de nombreuses réunions, avec des responsables étrangers, j’ai fait part de notre désir de donner un nouveau départ à nos relations». Jared Kushner souligne avoir demandé quel serait le meilleur intermédiaire avec la Russie et pour lui «le fait que je pose la question sur la meilleure façon de démarrer un dialogue après l’élection devrait être interprété comme une solide preuve que je n’étais au courant d’aucune relation avant» le 8 novembre. C’est au cours de cette conversation que Jared Kushner a demandé si M. Kisliak disposait dans son ambassade «d’un moyen de communication» permettant à Michael Flynn de recevoir des informations de généraux russes sur la Syrie.
Il dément formellement – comme la presse s’en était fait l’écho – avoir «suggéré de trouver +un moyen de communication secret+» ou d’avoir suggéré d’«utiliser l’ambassade (de Russie) ou tout autre site russe pour autre chose que cette seule conversation» sur la Syrie. M. Kushner dément aussi l’existence de deux coups de téléphone à l’ambassadeur russe rapportés par la presse mais dont il affirme n’avoir retrouvé aucune trace après des recherches détaillées.
Banquier proche de Poutine
C’est à la demande insistante de M. Kisliak que Jared Kushner affirme avoir rencontré – «25 à 30 minutes» – Sergueï Gorkov, un banquier proche de M. Poutine, le 13 décembre 2016.
Après avoir parlé de sa banque publique de développement russe, M. Gorkov a évoqué «sa relation amicale avec Vladimir Poutine et sa déception quant à l’état des relation russo-américaines sous le président Obama», raconte Jared Kushner, qui dit avoir répété sa position déjà évoquée devant l’ambassadeur. Les deux hommes n’ont pas parlé des sanctions américaines, ni des affaires de M. Kushner, selon lui.
Avocate russe
Jared Kushner revient également sur une rencontre avec une avocate russe, dont la révélation dans la presse a fait grand bruit. Le fils aîné du président Donald Jr. avait accepté de la recevoir car il la croyait capable de fournir des détails compromettants du gouvernement russe sur Hillary Clinton. Jared Kushner souligne qu’il n’est allé à cette réunion qu’à la demande de Donald Jr. sans avoir lu tous les courriels depuis publiés par son beau-frère.
«Je suis arrivé un peu en retard, et la personne – depuis identifiée comme une avocate russe – parlait de l’interdiction d’adopter des enfants russes aux Etats-Unis». Il dit avoir vite estimé perdre son temps et demandé à son assistant de l’appeler pour s’extirper de la réunion.
Transparence
Jared Kushner explique que ses déclarations officielles pour l’obtention de son habilitation de sécurité ne mentionnaient aucune de ces rencontres parce qu’ils ont été remis prématurément par inadvertance. Ils ont été mis à jour ensuite. «Depuis 6 mois j’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour fournir au FBI toute information nécessaire pour enquêter sur mon passé», affirme t-il.
Le Quotidien/AFP