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Aciéries polluantes : lourdes peines de prison pour deux ex-propriétaires d’Ilva


La famille Riva a reconnu avoir économisé plus de 1,3 milliard d'euros entre 2009 et 2013 en retardant les travaux. (archives AFP)

Deux anciens propriétaire de l’usine sidérurgique italienne Ilva, la plus grande et la plus polluante d’Europe, ont été condamnés lundi à plus de 20 ans de prison pour des émissions toxiques ayant entraîné des centaines de morts.

Selon le parquet, au moins 400 décès prématurés enregistrés à proximité des aciéries d’Ilva à Tarente (Pouilles) et causés par des maladies cardio-respiratoires et des cancers sont imputables aux émissions toxiques des hauts fourneaux.

La cour d’assises de Tarente a condamné en première instance Fabio Riva et son frère Nicola à respectivement 22 et 20 ans de prison pour conspiration en vue de commettre une catastrophe environnementale, empoisonnement de denrées alimentaires et omission volontaire de mesures de précaution sur le lieu de travail. L’ex-président de la région des Pouilles, Nichi Vendola, a de son côté été condamné à trois ans et demi de réclusion.

Ces condamnations devraient faire l’objet d’un appel suspendant l’exécution des peines dans l’attente d’un verdict définitif, qui peut prendre de nombreuses années en Italie.

La famille Riva a reconnu avoir économisé plus de 1,3 milliard d’euros entre 2009 et 2013 en retardant les travaux pour mettre en conformité les aciéries avec les normes environnementales.

« On voit enfin des gens payer pour ce qu’ils ont fait »

« C’est un jour important où l’on voit enfin des gens payer pour ce qu’ils ont fait, pour ce qui a été fait à une ville entière », a confié la mère d’un homme décédé à Tarente au journal La Repubblica.

D’abord propriété de l’État, l’Ilva avait été privatisée en 1995 et cédée au groupe familial Riva, chargé de la relancer après la grande crise de l’acier des années 80. C’est à l’époque que sont apparus les premiers soupçons de causalité entre l’impact environnemental du site sidérurgique et le nombre anormalement élevé de cas de cancers, touchant souvent des enfants, chez les habitants des quartiers environnants. En 2012, une vaste enquête pour catastrophe environnementale avait conduit la justice à ordonner la mise aux normes de toutes les installations dites « à chaud » (hauts fourneaux, cokerie).

Fin 2016, la famille Riva avait passé un pré-accord avec les administrateurs et la justice italienne pour restituer 1,3 milliard d’euros afin de dépolluer et permettre la gestion du site.

ArcelorMittal avait annoncé fin 2018 la reprise du groupe Ilva avec 10 700 employés dont 8 200 à Tarente, avant d’évoquer son possible retrait en 2019 à la suite de la suppression d’une protection pénale en matière d’environnement pour les gérants du site de Tarente, en voie de dépollution. Après un accord intervenu fin 2020, l’État italien a volé au secours des aciéries en entrant en avril à hauteur de 38% dans le capital de la filiale d’ArcelorMittal, AM InvestCo.

LQ/AFP