L’administration du président Donald Trump a annoncé tard mercredi une nouvelle réduction draconienne du quota de réfugiés admis aux États-Unis, avec pas plus de 15 000 personnes accueillies l’an prochain, un tour de vis supplémentaire un mois avant l’élection présidentielle.
Le département d’État a fait cette annonce une demi-heure avant le début de l’année budgétaire 2021 le 1er octobre, respectant de justesse le délai fixé par la loi à la suite de critiques des législateurs. Au cours des 12 prochains mois, un maximum de 15 000 personnes pourront être admises dans le pays, à moins d’un changement dans l’administration, contre 18 000 réfugiés autorisés pendant l’année budgétaire 2020. C’est un nouveau plus bas historique, et ce chiffre est loin des de 100 000 personnes accueillies annuellement sous l’administration du président précédent Barack Obama.
Donald Trump, dont la lutte contre l’immigration est un des principaux chevaux de bataille, a déjà suspendu les admissions de réfugiés pendant des mois cette année, invoquant la pandémie de Covid-19. Expliquant ce nouveau tour de vis, qui nécessite encore le feu vert formel de la Maison-Blanche, le département d’État a souligné que les États-Unis voulaient aider les réfugiés « le plus près possible de leurs foyers », jusqu’à ce qu’ils puissent rentrer chez eux. « En nous attelant en premier lieu à mettre fin aux conflits qui entraînent des déplacements, et en fournissant une aide humanitaire à l’étranger pour protéger et aider les personnes déplacées, nous pouvons prévenir les effets déstabilisateurs de ces déplacements sur les pays affectés et leurs voisins », a-t-il affirmé dans un communiqué. Le département d’État a ainsi évoqué la nécessité d’une « solution diplomatique » au Venezuela, où les États-Unis tentent sans succès de renverser le président socialiste Nicolas Maduro.
Biden s’est engagé à porter à 125 000 le nombre de réfugiés
Près de cinq millions de Vénézuéliens ont quitté leur pays depuis fin 2015 pour échapper à la crise politique et économique. Lors d’une tournée en Amérique du Sud la semaine dernière, le secrétaire d’État Mike Pompeo avait rencontré des réfugiés vénézuéliens et exprimé son appréciation à la Colombie et au Brésil qui les accueillent. Interrogé sur ces réductions imminentes de quotas des réfugiés, Mike Pompeo avait déclaré mardi qu’il n’y avait « pas de pays plus généreux que les États-Unis » dans la fourniture d’assistance humanitaire. Lors d’une conférence de presse à Rome, il a souligné que les États-Unis avaient accueilli « plus de réfugiés que tout autre pays au cours des 20 dernières années ». Les défenseurs des réfugiés avaient appelé l’administration Trump à augmenter le nombre d’admissions, face aux conflits mondiaux et à l’instabilité née de la pandémie. Près de 80 millions de personnes à travers la planète ont dû quitter leur foyer, selon le Haut- Commissariat aux réfugiés de l’ONU, un nombre qui a doublé en dix ans.
Le candidat démocrate à la Maison-Blanche Joe Biden s’est engagé pour sa part à porter à 125 000 le nombre de réfugiés admis, affirmant que l’accueil des personnes persécutées était en ligne avec les valeurs américaines. La campagne de Donald Trump a diffusé des publicités affirmant que la position de Biden sur les réfugiés montrait qu’il était « faible » et qu’il ferait venir des gens d’endroits « dangereux ». Donald Trump avait fondé sa campagne de 2016 sur la promesse de réduire le nombre d’immigrants mexicains et musulmans, les accusant de violence, et avait critiqué la chancelière allemande, Angela Merkel, pour avoir accueilli des centaines de milliers de migrants, notamment Syriens. Pendant des années, les États-Unis ont accueilli plus de réfugiés que tous les autres pays ensemble, mais le Canada les a dépassés l’an dernier en ouvrant la porte à plus de 30 000 migrants, selon les chiffres de l’ONU.
LQ/AFP