Les Boys Scouts of America (BSA), principal mouvement scout des États-Unis, ont annoncé mardi déposer le bilan, plombés par des accusations d’abus sexuels qui ont donné lieu à une série de procès.
L’organisation, qui compte 2,2 millions d’adhérents âgés de 5 à 21 ans, a choisi la procédure de sauvegarde pour pouvoir poursuivre son activité et créer un fonds d’indemnisation des victimes d’abus sexuels, selon un communiqué publié mardi.
Selon le Los Angeles Times, le document déposé auprès du tribunal fédéral des défaillances d’entreprises de l’État du Delaware estime le passif de l’organisation entre 100 et 500 millions de dollars. Les BSA n’ont pas indiqué quel montant ils entendaient consacrer au fonds d’indemnisation des victimes qui prendra la forme juridique d’un trust.
Des abus sexuels couverts pendant des décennies
« Il fut une époque où des individus ont profité des programmes des BSA pour porter atteinte à des enfants », écrit l’organisation dans le communiqué. Les dirigeants du mouvement considèrent que le fonds d’indemnisation, dont la création devra être validée par un juge, « est le meilleur moyen d’indemniser les victimes de façon équitable et en préservant leur identité ».
Les révélations sur des abus sexuels chez les Boy Scouts of America (BSA) ont éclaté en 2012. Des milliers de pages de documents avaient été publiées par le Los Angeles Times montrant que l’organisation des scouts américains avait couvert pendant des décennies de nombreux abus sexuels commis par des milliers d’encadrants bénévoles.
7 819 agresseurs présumés et 12254 victimes
Il était alors question de quelque 5000 « dossiers de la perversion », correspondant à autant d’agresseurs sexuels présumés parmi les chefs scouts. Ces informations avaient jusqu’alors été tenues secrètes par la direction des BSA, qui n’avaient souvent pas fait de signalement aux autorités. L’organisation se bornait régulièrement à écarter les coupables supposés.
Fin janvier 2019, lors d’un procès dans le Minnesota, une experte engagée par les BSA pour compiler ces « dossiers de la perversion », a indiqué qu’elle avait identifié 7 819 agresseurs présumés et 12254 victimes entre 1944 et 2016, soit plus que les estimations antérieures.
Les actions en justice se sont multipliées contre les BSA ces dernières années, notamment à la faveur de modifications législatives dans plusieurs États qui ont allongé les délais de prescription pour les agressions sexuelles sur mineurs.
LQ/AFP