Des dirigeants européens se réunissent aujourd’hui à Paris pour des discussions sur la sécurité européenne et l’Ukraine, au moment où Donald Trump s’en prend à l’UE et entend négocier directement avec la Russie pour stopper la guerre.
Le président français, Emmanuel Macron, accueille aujourd’hui «les principaux pays européens» pour des discussions portant sur «la sécurité européenne», a indiqué dimanche le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, sur la radio France Inter. Dans la foulée, l’Élysée a fait savoir que participeront à cette «réunion informelle», dans l’après-midi, «les chefs de gouvernement de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Italie, de la Pologne, de l’Espagne, des Pays-Bas et du Danemark, ainsi que le président du Conseil européen, la présidente de la Commission européenne et le secrétaire général de l’OTAN». «Leurs travaux pourront ensuite se prolonger dans d’autres formats, dans l’objectif de rassembler l’ensemble des partenaires intéressés à la paix et la sécurité en Europe», a précisé la présidence française.
Cette rencontre intervient à un moment particulièrement délicat dans la relation transatlantique alors que les initiatives de Donald Trump, qui a repris langue avec Vladimir Poutine, inquiètent les Européens. Le président américain a annoncé cette semaine qu’il rencontrerait son homologue russe en Arabie saoudite pour engager des négociations sur l’Ukraine, où la guerre déclenchée par l’invasion russe entrera le 24 février dans sa quatrième année.
La Conférence sur la sécurité de Munich, qui s’est tenue de vendredi à dimanche dans la ville allemande, a été marquée par un discours hostile du vice-président américain, J. D. Vance, à l’encontre de l’Union européenne, accusée notamment de ne pas respecter la «liberté d’expression», et par la confirmation que les Américains envisageaient des négociations sur l’Ukraine sans les Européens. Interrogé à Munich sur l’éventuelle participation des Européens, l’envoyé spécial de Donald Trump sur l’Ukraine, Keith Kellogg, a répondu : «Je fais partie de l’école réaliste, je pense que ça ne va pas se produire.»
Toujours à Munich, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a exhorté ses alliés à se renforcer pour éviter un accord forgé par les Américains «dans le dos» de l’Ukraine et de l’Europe. Donald Trump «n’a pas mentionné une seule fois que l’Amérique a besoin de l’Europe à la table des négociations», a mis en garde Volodymyr Zelensky. «Trump n’aime pas les amis faibles, il respecte la force», a-t-il souligné.
«Inutile de dialoguer»
«Seuls les Ukrainiens peuvent décider d’arrêter de combattre et nous les soutiendrons tant qu’ils n’auront pas pris cette décision», a assuré Jean-Noël Barrot dimanche. Les Ukrainiens «n’arrêteront jamais tant qu’ils ne seront pas sûrs que la paix qui leur est proposée sera durable» et qu’ils n’auront pas de garantie de sécurité.
«Qui apportera les garanties? Ce seront les Européens», a dit le chef de la diplomatie française, martelant que «oui, les Européens seront, d’une manière ou d’une autre, partie prenante aux discussions» pour mettre fin à la guerre en Ukraine. «Le rôle des États-Unis, c’est d’amener Poutine à négocier», et ils pensent «y arriver par un mix de pression et de dialogue», a poursuivi Jean-Noël Barrot. «Nous, ça fait longtemps qu’on a compris que c’était inutile de dialoguer et, à mon avis, ils vont vite comprendre que seule la pression sera susceptible d’amener Poutine à la table des négociations», a-t-il affirmé.
Les chefs des diplomaties française, allemande, polonaise, italienne, espagnole, britannique et ukrainienne s’étaient déjà réunis mercredi dernier à Paris. Ils avaient alors appris avec sidération que Donald Trump s’était entretenu une heure et demie avec Vladimir Poutine, au ban des Nations depuis l’invasion russe de l’Ukraine. Les ministres avaient alors affirmé à l’unisson qu’il n’y aurait pas de décision sur l’Ukraine sans Kiev ni sans eux, mais les Européens peinent à faire entendre leur voix.