Le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson va mettre la pression vendredi à l’ONU contre la Corée du Nord et ses programmes nucléaire et balistique bannis en exhortant la Chine à mieux contrôler son allié communiste.
C’est le baptême du feu pour le discret secrétaire d’Etat attendu en début de matinée au siège des Nations unies à New York pour présider sa toute première réunion ministérielle des 15 pays membres du Conseil de sécurité, consacrée à Pyongyang. Il doit voir ensuite son homologue chinois Wang Yi.
Signe de l’urgence pour les Etats-Unis, dont des territoires comme Hawaï ou la côte nord-ouest pourraient être à portée de missiles nord-coréens, Rex Tillerson a indiqué vendredi matin sur la radio publique américaine NPR que son pays n’excluait pas un dialogue direct avec le régime de Kim Jong-Un. « Clairement, ce serait la manière dont nous aimerions résoudre cela », a-t-il dit.
La Corée du Nord s’était engagée à partir de 2003 dans des négociations à Six avec la Corée du Sud, le Japon, la Russie, les Etats-Unis et la Chine. Ces pourparlers avaient capoté en 2009 et l’administration de Barack Obama n’avait cessé pendant huit ans de manier le bâton des sanctions et la carotte d’une relance des discussions.
Mais le régime communiste a multiplié ses tirs de missiles balistiques, procédant même à cinq essais nucléaires souterrains, dont deux en 2016.
Ces programmes militaires ont valu à la Corée du Nord une série de résolutions de l’ONU et une batterie de sanctions internationales. D’après des experts onusiens, ces mesures punitives ont toutefois eu peu d’impact sur Pyongyang.
Risque de confrontation
Arrivée au pouvoir le 20 janvier et après des semaines de menaces réciproques, notamment l’évocation par Washington d’une action militaire, l’administration de Donald Trump a mis de l’eau dans son vin ces derniers jours en semblant écarter, pour l’instant, le recours à la force et privilégier la diplomatie.
Le président américain a rappelé jeudi soir sa préférence pour une solution négociée, tout en soulignant le risque de confrontation militaire. « Il y a une possibilité que nous finissions par avoir un conflit vraiment majeur avec la Corée du Nord. Absolument », a-t-il déclaré à l’agence Reuters. « Nous aimerions résoudre les choses par la diplomatie, mais c’est très difficile », a-t-il ajouté.
Interrogé également jeudi sur FoxNews, Rex Tillerson a résumé la « stratégie » du président: « Faire pression sur le régime de Pyongyang » tout en « appelant la Chine à jouer un rôle sur la manière dont nous traitons cette menace ». Au Conseil de sécurité, « nous discuterons des mesures nécessaires pour augmenter la pression sur Pyongyang », a-t-il souligné.
Le secrétaire d’Etat a promis que les Etats-Unis « ne cherchaient pas un changement de régime, ni un effondrement du régime, ni quelque prétexte pour une réunification accélérée » des deux Corées.
« Ce que nous cherchons c’est la même chose que la Chine: la dénucléarisation complète de la péninsule » coréenne, a insisté Rex Tillerson.
Auquel cas, les Etats-Unis et « d’autres pays seront prêts à aider (la Corée du Nord) sur la voie du développement économique pour devenir un élément stable et sûr d’une Asie du Nord-Est prospère ».
« Pression » chinoise
Comme sous l’ère Obama, l’équipe Trump compte avant tout sur la Chine pour faire entendre raison à son allié nord-coréen: « Nous allons voir s’ils veulent nous aider à nous occuper de cette grave menace », a martelé Rex Tillerson.
« Les Chinois nous ont dit avoir prévenu le régime (nord-coréen) qu’en cas de nouvel essai nucléaire, la Chine prendrait elle-même des sanctions », a confié le ministre américain en exprimant l’espoir que Pékin travaille main dans la main avec Washington.
Reste que Donald Trump a provoqué jeudi une polémique avec l’allié sud-coréen en déclarant à Reuters que Séoul devait payer pour un bouclier antimissile américain à un milliard de dollars et bientôt opérationnel. Les premiers éléments du système Thaad (Terminal High Altitude Area Defense) sont déjà arrivés sur un parcours de golf du comté de Seongju, à 250 kilomètres au sud de Séoul, suscitant la colère de la Chine.
La Corée du Sud a rejeté les propos du président américain en invoquant le traité d’alliance qui lie les deux pays depuis la guerre de Corée (1950-53).
Le Quotidien / AFP