Parviendra-t-il à renverser le cours des choses ? Ou au moins à convaincre ses compatriotes du bien-fondé de sa démarche? Le Premier ministre français doit donner dimanche soir une interview télévisée, alors que les oppositions semblent avoir déjà tourné la page de son gouvernement.
En poste depuis décembre, François Bayrou va engager la responsabilité de son gouvernement sur le désendettement de la France et le cap budgétaire à fixer pour 2026, lors d’un vote de confiance à l’Assemblée nationale le 8 septembre.
Pendant un peu plus d’une heure dimanche soir, le Premier ministre français va réaliser un « exercice de pédagogie et de mise en responsabilité des partis à la veille d’une semaine d’entretiens », a expliqué Matignon.
François Bayrou recevra à partir de lundi les chefs de parti et de groupe parlementaire qui le souhaitent, en amont d’un vote à haut risque.
La gauche et l’extrême droite ont martelé qu’elles voteraient contre la confiance, rendant quasi inéluctable la chute de François Bayrou, dont le gouvernement est issu d’une coalition entre le centre et la droite.
« Le 8 septembre, il devra partir. Il fait sa tournée d’adieu (…) Le seul mot que j’attends de lui maintenant, c’est de dire au revoir », a ré-affirmé dimanche le premier secrétaire du parti socialiste, Olivier Faure.
« La dette c’est l’esclavage des plus jeunes »
Le vote ouvre une nouvelle période d’incertitude, avec Emmanuel Macron en première ligne, dans un contexte social éruptif.
Le chef de l’État, sommé par les extrêmes de démissionner ou de dissoudre l’Assemblée nationale, va sans doute devoir dans l’immédiat se mettre en quête d’un nouveau Premier ministre.
Le président de la République a redit vendredi à Toulon (sud) son soutien à François Bayrou, qui « a raison de mettre en responsabilité les forces politiques et parlementaires » face à la situation budgétaire peu reluisante du pays.
« La France a besoin d’un budget dans les temps », face à une situation financière qui n’est « pas critique, mais tout de même préoccupante », a rappelé pour sa part dimanche le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici.
Vendredi déjà, lors d’un déplacement en Champagne, François Bayrou a pris à témoin l’opinion, estimant que « la dette c’est l’esclavage des plus jeunes » et appelant les « boomers » (qu’il définit comme la génération née entre 1945 et 1965) à ne « pas se désintéresser de la situation faite aux jeunes ».
L’instabilité politique actuelle, inédite sous la Ve République française, proclamée en 1958 pour justement en finir avec la valse des gouvernements, a été déclenchée par la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 par Emmanuel Macron.