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A Erevan, la mobilisation bat son plein pour la guerre contre l’Azerbaïdjan


Une caserne militaire dans la capitale de l'Arménie (Photo : AFP).

Devant le bâtiment du commissariat militaire de la rue Alabiana d’Erevan, des dizaines d’Arméniens attendent, certains fumant cigarette sur cigarette, d’autres déjà en treillis militaire. Ils s’apprêtent à partir au front au Nagorny Karabakh.

Toutes les minutes, des voitures ou taxis déposent de nouvelles recrues devant les grilles du bâtiment en béton datant de l’époque soviétique, tandis que d’autres sont venus à pied dans ce quartier du nord-ouest de la capitale arménienne.

De tous les âges, beaucoup disent avoir reçu un ordre de mobilisation, d’autres sont venus se porter volontaire pour combattre ou aider.

« Un grand nombre de personnes se trouvent ici parce que nous comprenons tous que nous devons agir pour défendre notre patrie contre l’agresseur qui essaye de nous imposer sa loi », explique à l’AFP Kamo, 32 ans, ouvrier dans une usine de verre.

« Ici, il y a des jeunes de 18 ans et même des vieux. Tout le monde sait pour quoi nous nous battons », poursuit-il, résolu. « C’est triste bien sûr, nous avons des pertes. Mais nous n’avons pas peur. C’est notre terre, nous mourrons mais nous ne l’abandonnerons pas ».

Les combats font rage depuis dimanche au Nagorny Karabakh, région séparatiste reconnue comme azerbaïdjanaise par la communauté internationale, mais habitée par une majorité arménienne et soutenue par Erevan. Le territoire a fait l’objet d’une guerre dans les années 1990, ayant fait plus de 30.000 morts, et depuis de heurts meurtriers périodiques.

Ayant déjà coûté la vie à au moins 98 personnes selon des bilans probablement très partiels, ces affrontements, les pires depuis 2016, semblent monter en intensité chaque jour. Les deux camps se rejettent la responsabilité des hostilités et écartent tout compromis, menaçant la stabilité du Caucase du Sud, région volatile où les intérêts de plusieurs puissances sont en concurrence.

« Cent fois pire »

A Erevan, la guerre n’a pour l’instant eu que peu d’impact, la vie suivant son cours sur les artères du centre-ville. Des drapeaux géants ont toutefois été accrochés à certains bâtiments, tandis que des queues étaient visibles devant les centres de don du sang, où les autorités ont appelé les Arméniens à se rendre.

L’Arménie comme l’Azerbaïdjan ont décrété la mobilisation et la loi martiale. Et un discours belliqueux a nourri dans les deux pays la ferveur patriotique ces dernières semaines.

En Azerbaïdjan, à Bakou comme dans d’autres villes, de nombreux hommes en âge de combattre se sont portés volontaires pour aller au front, tandis que les autorités affirment avoir fait des gains territoriaux, ce que les autorités du Nagorny Karabakh, elles, démentent.

Devant le commissariat militaire d’Erevan, la ferveur est en tout cas bien palpable.

« Mon cousin s’en va à la guerre », indique Robert Gasparyan, un étudiant de 20 ans qui dit avoir lui-même combattu lors d’accrochages estivaux à Tavouch, à la frontière nord entre les deux pays, des heurts qui avaient déjà témoigné de tensions croissantes car loin du Karabakh.

« Ce qui ce passe maintenant est cent fois pire par rapport à ce que j’ai vu » en juillet, explique le jeune homme, venu accompagner son cousin mobilisé.

Les armées des deux pays ont fait état de l’utilisation d’artillerie lourde et de drones par l’adversaire. Faisant craindre une dangereuse escalade et une ingérence étrangère, l’Arménie a rapporté mardi la destruction d’un de ses avions par la Turquie, alliée de l’Azerbaïdjan, ce que cette dernière a démenti.

« C’est une guerre jusqu’à la mort et nous devons aller jusqu’au bout », assène un volontaire arménien, pédagogue de 63 ans interrogé à Erevan mais qui n’a souhaité donner son nom. « Nous voulons défendre notre patrie et vivre dans la paix. Ce n’est pas trop demander ».

AFP

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