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L’Europe bataille pour savoir si la Grèce doit rester dans la zone euro


En cas d'échec à trouver un accord, la Grèce se verrait proposer de négocier rapidement une sortie temporaire de la zone euro, avec la possiblité de restructurer sa dette. (Photo : AFP)

Les chefs d’Etat de la zone euro bataillaient dimanche soir pour savoir s’il faut sauver la Grèce ou la sortir de la zone euro, une hypothèse désormais envisagée noir sur blanc par les responsables européens.

Ils examinaient le document transmis par leurs ministres des Finances qui proposaient d’imposer une bride très courte à Athènes en échange d’un éventuel plan d’aide et évoquaient pour la première fois l’hypothèse d’une sortie temporaire de la Grèce de la monnaie unique.

Les 19 chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro, réunis dans la soirée, devaient étudier cette feuille de route, rédigée après 15 heures de laborieuses discussions, et tenter de surmonter leurs divisions pour trancher les nombreux points en suspens.

« En cas d’échec à trouver un accord, la Grèce se verrait proposer de négocier rapidement une sortie temporaire de la zone euro, avec la possiblité de restructurer sa dette », propose le document.

Ce passage figure entre crochets pour signifier qu’il n’a pas emporté l’adhésion de tous les ministres.

Au final, l’Eurogroupe exige plusieurs mesures d’Athènes, dont des abandons de souveraineté puisque la Grèce devra soumettre aux institutions – Commission européenne, Banque centrale européenne et FMI – certains projets de loi avant de les faire passer au Parlement.

« Je me battrai jusqu’à la dernière milliseconde pour avoir un accord (…) je suis dans un esprit combatif », a lancé à son arrivée au sommet des 19 le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, très impliqué dans ces négociations de la dernière chance.

Le sommet a pris d’entrée l’allure d’un pugilat l’Allemagne, inflexible, et la France, qui prône une ligne plus souple, affichant la fracture qui les sépare autour du maintien ou non de la Grèce dans l’euro.

« Reconstruire la confiance »

La France « va tout faire » pour garder la Grèce dans la zone euro, a assuré le président François Hollande.

Pour la chancelière allemande Angela Merkel, il n’est pas question au contraire d’un accord « à n’importe quel prix ». « La valeur la plus importante, à savoir la confiance et la fiabilité, a été perdue » avec Athènes, a-t-elle ajouté, promettant des « négociations ardues ».

Avant ce sommet, les clivages entre Européens, tout comme le fossé qui sépare la Grèce du reste de ses partenaires, ont fait piétiner pendant deux jours la réunion marathon des ministres des Finances.

L’enjeu étant de parvenir à un accord sur un nouveau plan d’aide à la Grèce, le troisième depuis 2010, pour un montant évalué entre 82 et 86 milliards d’euros sur trois ans, en échange de la mise en oeuvre par le gouvernement d’Alexis Tsipras d’un plan de réformes très impopulaires, incluant une hausse de la TVA, une réforme des retraites et des privatisations.

Parmi les nouveaux engagements réclamés à Athènes, figure le vote avant le 15 juillet, par le Parlement grec, d’un premier volet des mesures promises, afin de « reconstruire la confiance » entre la Grèce et ses créanciers.

Il s’agit notamment de légiférer sur la TVA, les retraites, la procédure civile, l’indépendance de l’Office grec des statistiques.

Après six mois de négociations tumultueuses, cette échéance de dimanche était présentée comme l’ultime chance de sauver la Grèce de l’effondrement financier.

Un climat « dur »

Mais dans un climat délétère et de confiance brisée entre Athènes et le reste des Européens, il était difficile d’imaginer, comme l’assurait le Premier ministre grec Alexis Tsipras, qu’un accord était à portée de main dans la soirée.

Les pays les plus durs, l’Allemagne en tête, qui doutent de la sincérité d’Athènes, ont multiplié depuis samedi les demandes, exigeant chaque fois plus du gouvernement Tsipras, menacé d’une nouvelle crise politique.

Cela a été extrêmement dur, si ce n’est violent hier (samedi), car une bonne partie des ministres avaient en tête que la seule bonne solution était le Grexit », confiait dimanche une source proche des négociations, confirmant des échanges très vifs entre l’Allemand Wolfgang Schäuble et le gouverneur de la BCE Mario Draghi.

Si l’Europe ne s’entend pas, la Grèce, exsangue, pourrait rapidement être poussée hors de l’euro, une situation inédite aux répercussions économiques et politiques inconnues.

En Grèce, l’inquiétude était palpable.

« Obtenir un accord sera très difficile, je ne vois pas les partenaires européens prêts à faire des cadeaux aux Grecs », jugeait Angelos Panolas, un jeune chômeur.

Yannis Theodoridis, un retraité, remarquait que « ces derniers jours sont très durs », « on ne dort plus, tout le monde s’inquiète, ils n’y a plus d’argent, les banques sont fermées ».

Depuis la fermeture des banques le 29 juin, et la mise en place de contrôle de capitaux pour les empêcher d’imploser sous l’effet des retraits des Grecs anxieux, l’économie héllène est pratiquement à l’arrêt.

Actuellement, seule la Banque centrale européenne maintient en vie les banques grecques et toute l’économie du pays grâce à des prêts d’urgence qui ne pourront pas durer éternellement, d’autant qu’Athènes doit verser plus de 4 milliards d’euros à la BCE le 20 juillet, un paiement que la Grèce ne peut pas honorer.

Conscient de l’urgence, l’Eurogroupe, qui a chiffré à 12 milliards d’euros les besoins grecs d’ici mi août, appelle à entrer très rapidemment dans le dur des négociations sur un troisième plan d’aide.

AFP