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Wunnquartier Stade : « La Ville fait la sourde oreille »


Le projet part sur de mauvaises bases, selon la section déi gréng de la capitale. La Ville n'aurait pas assez pris en compte l'avis des citoyens. (photo Fabrizio Pizzolante)

La Ville de Luxembourg a été beaucoup critiquée dans sa manière de gérer le projet, notamment en ce qui concerne la participation citoyenne. Déi Gréng Stad en remettent une couche.

«Les citoyens doivent être inclus à la réflexion autour du projet Wunnquartier Stade. Un quartier où la qualité de vivre est bonne, où le logement doit être une priorité, même sous des formes alternatives et innovantes. Il devra comporter les standards les plus élevés en matière de durabilité et proposer une mobilité qui corresponde à un quartier sans voitures relié aux transports publics», selon François Benoy qui a une nouvelle fois exposé, lundi matin, la vision de déi gréng pour ce futur nouveau quartier de la capitale.

Un quartier dont le processus de conception est loin de faire l’unanimité. La Ville de Luxembourg, maître d’œuvre de ce projet de dix hectares et propriétaire de la grande majorité du terrain, a lancé un appel à projets. Sept ont été retenus par un jury et présentés au public pendant quelques jours fin janvier dernier. Période jugée suffisante par la Ville de Luxembourg pour permettre aux citoyens de donner leur avis sur les sept projets. Les autres – il y en avait 35 au total – ont été écartés sans laisser de trace.

«Transparence et participation citoyenne»

Si la Ville de Luxembourg promet que les avis des citoyens seront pris en compte par les concepteurs des projets – ainsi que par le projet retenu au final –, cette manière de procéder ne plaît guère aux habitants des environs du stade, qui ont fondé l’initiative citoyenne Eis Stad pour promouvoir une participation citoyenne réelle, ni à déi gréng. La section de la capitale du parti vert avait, dès l’annonce du projet immobilier, organisé des ateliers participatifs avec les habitants dont une parie s’est regroupée dans Eis Stad. Des idées avaient alors été dégagées et compilées dans un document remis au conseil échevinal qui n’y aurait guère prêté attention.

«Malheureusement, le collège échevinal a préféré renoncer à la participation citoyenne et à un cahier des charges précis», souligne Paul Zens, membre du parti. «Non seulement il reste sourd aux propositions des citoyens et de la société civile, mais il ne saisit pas l’opportunité de donner des consignes claires aux concepteurs des projets. Le nombre de logements varie d’un projet à l’autre.» Pour déi gréng, cette manière de procéder manquerait de transparence et ne pourrait pas décemment être qualifiée de participation citoyenne, «tout au plus de consultation».

Critique constructive

Pourtant, pour François Benoy, «il n’est pas trop tard» pour revoir la manière de procéder. Une prise de position présentée lundi matin a été remise au collège échevinal lors du conseil communal de Luxembourg. Elle s’intitule «Saisir les chances de développer un projet de quartier humain et écologique». La critique s’y veut constructive. Elle est un appel du pied aux édiles afin qu’ils changent leurs plans et y intègrent de manière bien plus active les citoyens intéressés – les riverains, les potentiels futurs habitants, la société civile, entre autres. Bref, il s’agit de bousculer les codes. Et ce, sur le long terme.

Ainsi, déi gréng encouragent la Ville à créer un comité de quartier une fois qu’il sera habité pour que le lien ne soit pas rompu. Ce document contient également des recommandations, avis, désirs écologiques et durables de déi gréng quant à la conception du quartier. À commencer par la mixité et «des espaces ouverts plutôt que des terrains de tennis pas accessibles à tous», bien que la priorité reste la création de logements dont la plupart devront être locatifs. Celle-ci ne doit pas se faire au prix de la qualité de vie et de l’histoire du site. «La Ville doit s’ouvrir à de nouvelles formes d’habitations, indique François Benoy. Le terrain doit naturellement rester entre les mains du secteur public et uniquement cédé en emphytéose à des groupements ou des coopératives sans but lucratif.»

Les sept projets retenus ne satisfont pas le parti politique. «La Ville de Luxembourg pourrait en profiter pour mettre sur pied un projet d’avant-garde», estime l’un des représentants du parti vert de la capitale. «Or, selon nous, le projet ne tourne pas rond.»

Sophie Kieffer

Retour à l’envoyeur

La rue Notre-Dame et ses environs vont être réaménagés. La Ville de Luxembourg plancherait sur un projet depuis quelque temps déjà avec les commerçants et les riverains du quartier regroupés dans le collectif Downtown, a indiqué l’échevin chrétien-social Serge Wilmes alors qu’une motion déposée par déi gréng Stad en novembre dernier et suggérant la même chose devait être votée par le conseil.

«En ce moment, c’est juste une voie de passage qui n’est pas très attirante, a expliqué lundi François Benoy. En novembre, nous avons déposé une motion pour que cette rue soit aménagée pour devenir un espace de vie agréable. Il faudra entre autres élargir les trottoirs pour notamment créer des terrasses.» L’administration communale aurait, selon l’échevin, bien progressé sur ce projet. «Nous n’en parlons peut-être pas beaucoup, mais nous consultons les citoyens de la capitale au quotidien, précise Serge Wilmes. Le collège échevinal ne peut pas penser à tout tout seul.»

La réponse aux critiques formulées le matin même par les verts ne s’est pas fait attendre. Preuve que l’administration communale et le collège échevinal misent sur la consultation citoyenne, le «service des fêtes, foires et marchés» a été renommé en «service espace public, fêtes et marchés». Un signe, selon Serge Wilmes, de l’importance que revêt à ses yeux la participation citoyenne. Le fait est que le concept sur lequel planchent la Ville et ses citoyens inclurait le bas des rues Philippe-II et Chimay, ainsi que la rue Louvigny. Une demande aurait été introduite auprès du gouvernement pour y inclure la cour de l’ancien Athénée. Les taxis vont être repoussés à l’extrémité de la rue pour l’embellir.