Wiltz : «Wunne mat der Wooltz» sur les rails

L’État va investir 286 millions d’euros pour la construction de 833 logements dans les friches industrielles de Wiltz.

«C’est enfin lancé.» Le soulagement s’entendait lund dans la voix du bourgmestre de Wiltz, Fränk Arndt, à l’issue de la présentation d’Henri Kox. Le ministre du Logement a détaillé la participation financière de l’État dans le cadre du projet d’intérêt général et d’envergure «Wunne mat der Wooltz», qui doit voir le jour dans les friches industrielles de la commune.

L’État va ainsi injecter quelque 286 millions d’euros dans le projet, comme le disposent les deux projets de loi de financement présentés lundi par Henri Kox. Le premier projet de loi autorise l’État à participer au financement de l’assainissement et de la renaturation du site «Wunne mat der Wooltz« (l’enveloppe budgétaire est de 126,5 millions d’euros) et le second autorise l’État à participer au financement du développement de logements du projet «Wunne mat der Wooltz» (l’enveloppe budgétaire est de 159,5 millions d’euros).

Et à terme, dans la friche industrielle de «Tarkett (Eurofloor)», l’ancien site «Baumaself» et le lieu-dit «Geetz» naîtra un nouveau quartier accueillant plus de 2 000 habitants. Le promoteur public, le Fonds du logement, développera sur 25,5 hectares, selon des principes de durabilité, 833 logements, dont 70 % seront destinés à la location abordable et 30 % à la vente – «il s’agit de logements à vendre avec emphytéose et droit de rachat sur 99 ans», précise Henri Kox. Avec le parc privé prévu, 872 logements sont attendus au total sur le site implanté dans la vallée entre Oberwiltz et Niederwiltz.

Comme pour la plupart des projets de logements de plus grande envergure, le Fonds du logement a prévu la réalisation successive de ces 7 plans d’aménagement particuliers (PAP). Selon les dernières planifications du Fonds du logement, le projet «Wunne mat der Wooltz» devrait prendre au moins une quinzaine d’années avant d’être bouclé.

«Ce projet est essentiel pour augmenter l’offre en logements publics, abordables et durables faisant actuellement défaut. « Wunne mat der Wooltz«  est à plusieurs égards un projet exemplaire et innovant : par sa taille, par le passé industriel du site et sa reconversion, par l’importance donnée à la qualité de vie, souligne Henri Kox. Je relève aussi l’excellente collaboration entre État, commune et promoteur public selon les principes promus par le Pacte logement 2.0.»

Le ministre du Logement est ensuite entré dans le détail du projet, «conçu selon des principes forts de durabilité et de vivre-ensemble». Quatre aspects ont été pris en compte. L’économie solidaire et partagée sera privilégiée. Ainsi des espaces partagés seront mis à la disposition des nouveaux habitants, comme des jardins et locaux communautaires ou un café coopératif. Pour soutenir une dynamique de cohésion sociale, un encadrement et un accompagnement des nouveaux arrivants est prévu. Le vivre-ensemble et l’échange seront favorisés par des projets participatifs. Ensuite, «Wunne mat der Wooltz» sera un quartier énergétiquement neutre avec un réseau de chauffage urbain à basse température et l’installation de panneaux photovoltaïques sur les toits. Les bâtiments seront dits «intelligents» et conçus à énergie positive.

L’aménagement urbain tient compte des enjeux liés à la situation géographique, à la mobilité, ainsi qu’aux défis énergétiques et environnementaux actuels. Les parkings seront centralisés en périphérie, un système de vélos et d’autos partagés sera mis en place afin de privilégier la mobilité douce à travers des quartiers interconnectés. La renaturation de la rivière traversant le quartier et des aménagements favorisant la biodiversité garantiront une qualité de vie proche de la nature. À noter également qu’à la suite des démolitions des bâtiments et infrastructures sur l’ancien site industriel, un maximum de matériaux ont été récupérés et réutilisés. Les nouveaux bâtiments sont planifiés de façon à ce qu’à l’avenir le matériel puisse être récupéré dans une banque de matériaux. Selon l’objectif «zéro déchets» sont prévus des centres de tri, de compostage et de recyclerie.

De son côté, la commune de Wiltz a d’ores et déjà investi quelque 110 millions d’euros pour la nouvelle station d’épuration qui a été terminée il y a trois ans, la nouvelle école, qui pourra accueillir à partir de 2023 environ 300 élèves. Une maison relais pour 300 enfants et adolescents, une cantine pouvant servir 1 000 repas par jour ou encore une école de musique pour 150 apprentis musiciens ainsi qu’un musée doivent également voir le jour au cours des prochaines années. Sans oublier les infrastructures nécessaires à l’arrivée de quelque 2 000 nouveaux habitants. «Nous sommes bien lancés, souligne Fränk Arndt, le bourgmestre de Wiltz, qui compte actuellement 7 200 habitants. À terme, nous espérons que la commune comptera entre 10 000 et 11 000 résidents.» Henri Kox dit que l’objectif est de faire de la ville de Wiltz «un pôle d’attraction du Nord», à côté des villes d’Ettelbruck et Diekirch.

Guillaume Chassaing