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Weilerbach : quand courir va de pair avec intégration


Duels, relais, allers-retours... Pendant une heure, tous les mercredis, les apprentis athlètes du foyer «Héliar» enchaînent les exercices. (Photo : Editpress)

Les jeunes réfugiés du centre Héliar ont entraînement d’athlétisme tous les mercredis. Ou quand l’intégration passe aussi par le sport.

Depuis deux semaines, un coach de Sportunity ASBL vient tous les mercredis au centre d’accueil pour réfugiés Héliar pour entraîner les jeunes. Objectif: une participation aux courses pour enfants de l’ING Marathon (le 28 mai)… et une intégration par le sport surtout.

Il est 16 h, mercredi. Arno Kuster se gare sur le parking visiteurs du foyer d’accueil pour demandeurs de protection internationale (DPI) Héliar, situé à Weilerbach. L’entraîneur d’athlétisme sort à peine de sa voiture qu’il est interpellé par un jeune garçon depuis le 4e étage : –«Bonjour coach, y a entraînement aujourd’hui?», lance le jeune. – «Oui, tu viens?» – «J’arrive.» Cinq minutes plus tard, ils sont une vingtaine d’enfants, âgés de 8 à 14 ans, sur le parking à entourer Arno Kuster. Le petit groupe prend la direction de l’aire de jeux (terrain de foot et un parcours de course à pied dans la forêt).

«On va faire un premier tour pour s’échauffer», indique Arno Kuster. C’est parti pour une heure d’entraînement d’athlétisme. Les enfants syriens, irakiens, serbes, monténégrins… enchaînent les exercices (des allers-retours sur des courtes distances, des duels, des relais…). Le tout dans la bonne humeur et en luxembourgeois, allemand, français, anglais, arabe… dans le texte.

«Je ne suis pas fatiguée…»

À la fin de la séance, Chams (11 ans) avoue avoir «adoré ce cours». «Je ne suis pas fatiguée, j’aurais bien continué encore un peu», poursuit l’Irakienne de 11 ans. Et elle n’est pas la seule : Licina (10 ans), Kusaie (8 ans), Sedra (10 ans), Édita (7 ans), Sima (8 ans)… Tous ont le sourire. «Cela fait du bien, confirme Ghardinia, une Syrienne de 11 ans. Je l’avais déjà fait la semaine dernière, j’avais bien aimé, c’est pour ça que je suis revenue aujourd’hui. Et je reviendrai la semaine prochaine.» Arno Kuster sera aussi présent. «Ils ont de l’énergie à revendre, souligne l’entraîneur de 46 ans. Ils se défoulent, travaillent ensemble, se libèrent la tête… On sent que ces séances leur font du bien.» Lancé il y a deux semaines, ce cours d’athlétisme fait partie du projet «L’intégration à travers le sport» de l’ASBL Sportunity. «Nous avons commencé à regarder ce que nous pouvions faire avec les jeunes réfugiés dans le courant de l’année dernière, explique Irina Aleksandrova, la présidente de Sportunity ASBL. Ces derniers mois, nous avions organisé deux évènements ponctuels au foyer Héliar, et à chaque fois que nous partions, les enfants nous demandaient quand nous allions revenir. On a donc décidé d’organiser ces séances d’athlétisme. Cette régularité va permettre aux enfants de mieux se connaître entre eux et de créer un esprit d’équipe. Cela fait partie de leur intégration.»

Et sportivement, il y a aussi un objectif concret : l’ING Marathon de Luxembourg, qui se déroulera le samedi 28 mai. Même si Édita (7 ans) se dit «prête à s’entraîner pour courir les 42 kilomètres du marathon», Arno Kuster précise qu’«on va s’entraîner pour qu’ils puissent participer aux courses pour enfants de l’ING».

L’idée de participer à ces courses séduit et motive tous les apprentis athlètes du foyer Héliar. Et après le 28 mai? «On espère continuer les séances d’entraînement, affirme Irina Aleksandrova. Nous voulons nous impliquer durablement ici et ailleurs (lire l’encadré bleu).» Arno Kuster, lui, envisage de convaincre «certains jeunes d’ici de rejoindre les jeunes dont je m’occupe à Diekirch». Un autre pas vers l’intégration.

Guillaume Chassaing