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Walferdange : finie la quiétude de la campagne


Les agriculteurs propriétaires de parcelles veulent vendre leurs terres. (Photo Julien Garroy)

Le Mouvement écologique dénonce la densification urbaine «incohérente» dans la commune frontalière de la capitale. La bourgmestre estime que tout est fait dans les règles.

Ils sont verts de colère. Mercredi à Walferdange, les militants du Mouvement écologique ont convoqué la presse pour dénoncer «les projets immobiliers incohérents» qui vont miner la commune ces prochaines années. Les agriculteurs propriétaires des parcelles entre la route de Luxembourg et la rue de Steinsel veulent vendre leurs terres. Les élus de la majorité ont validé un premier projet d’aménagement particulier (PAP) comprenant plusieurs résidences à étages, juste en face du café des Bons Amis. «Que Walferdange se développe, nous sommes pour, glisse un responsable du Mouvement écologique. Mais pas de cette façon-là.»

Trois parcelles font l’objet d’une étude de projet. L’adoption de celle en face du café des Bons Aamis avait viré à la politique de la chaise vide, le 8 juillet. «Nous avions quitté le conseil…», glisse un élu. L’objet du litige ? «Rien n’est fait dans les règles et cette zone au cœur de la ville va être bâtie de façon anarchique.» Selon les opposants, les élus de la majorité naviguent à vue : «Au lieu d’imposer un plan directeur global, ils vont laisser les promoteurs bâtir en exploitant au maximum chaque parcelle.» Petter Carr, un habitant, parle d’un «véritable saucissonnage qui ne sert que les intérêts privés». Circulation, lutte contre les risques d’inondation, respect des habitats naturels des animaux (arbres, buissons, etc.) : «Tout est sacrifié.»

Refus d’une banlieue dortoir

Aucune date n’est arrêtée pour le projet en face du café des Bons Amis. Une tour, deux résidences et des maisons individuelles sont évoquées. Mais sur la parcelle voisine, les arbres ont déjà été abattus. «Avec pour seule compensation écologique d’en replanter là-haut, montre un habitant en désignant le Kraïzbierg. Sur une colline déjà boisée : n’importe quoi!» Les responsables du Mouvement écologique évoquent également des irrégularités dans le vote du conseil du 8 juillet. «Le ministère de l’Environnement n’avait pas été consulté à ce moment-là. Nous avons saisi les services de l’État pour faire invalider la décision.» Ce que conteste la bourgmestre Joëlle Elvinger (lire encadré).

Si les projets immobiliers cristallisent tant les peurs, c’est que les Walferdangeois ne veulent pas vivre dans une ville dortoir. À moins de dix kilomètres de Luxembourg, ils craignent de voir le village transformé en banlieue. «Si l’on en croit les chiffres, nous serons 1,1 million d’habitants d’ici 2060 au Luxembourg, analyse Petter Carr. C’est inévitable que tôt ou tard, Walferdange soit absorbé par la capitale. Mais pas à n’importe quel prix…» On nous emmène faire un tour dans les nouveaux quartiers de Walferdange, pour nous montrer le résultat de la politique urbaine menée ces dernières décennies. Des immeubles gris ou taupe sont collés les uns aux autres. «Tout cela sera démodé dans 15 ans. Les habitants pourront regarder les voitures passer depuis leurs petits balcons», raille un opposant.

Hubert Gamelon

Joëlle Elvinger réfute en bloc

La bourgmestre tombe des nues quand on évoque les arguments des opposants. «Le plan particulier validé en juillet (NDLR : pour les constructions en face du café des Bons Amis) est conforme au plan d’aménagement général. Les autres qui suivront devront l’être aussi !»

La bourgmestre admet qu’aucun plan directeur n’avait été établi avant le printemps. Ce qui est pourtant de mise quand plusieurs projets particuliers sont en jeu (autrement dit l’émergence d’un nouveau quartier doit entraîner une réflexion générale). «Les autres terrains étaient classés inondables jusqu’en mai, pourquoi aurions-nous réfléchi de façon plus globale ?»

Un plan directeur a depuis été réalisé. Avec notamment, l’exigence d’un bassin de rétention d’eau sur le projet particulier numéro 2. «Tout est fait dans les règles. La vérité est que ces habitants regrettent que l’on bâtisse en centre-ville avec une certaine densification (résidence de plusieurs étages, etc.). Mais moi, je préfère ça à l’étalement urbain, qui n’a rien d’écologique pour le coup…»