Covid ou pas, les Domaines Vinsmoselle poursuivent leur mue. Après le relooking de leur entrée de gamme début 2019, voilà de nouvelles livrées pour leurs grands crus, premiers grands crus et lieux-dits.
«Il y a huit mois, nous inaugurions notre nouvelle marque, Les Vignerons de la Moselle, avec nos vins AOP, rappelait mardi dernier le président de Vinsmoselle, Josy Gloden. Avec un peu de retard dû à toutes ces histoires de Covid, nous pouvons enfin présenter les nouvelles étiquettes de l’ensemble de nos gammes.» Un évènement prévu à l’origine pour le 1er mai, lors du Proufdag (une grande journée de dégustation) de Wellenstein.
Les circonstances de ce premier semestre ne sont clairement pas favorables à la coopérative, qui a beaucoup souffert du confinement. «Heureusement, nous avons très bien marché en Belgique dans la grande distribution, à tel point que nous avons même dû relancer la production, avance le directeur de la coopérative, Patrick Berg. Aujourd’hui, nous voyons que les ventes en grandes surfaces luxembourgeoises retrouvent les niveaux d’avant la crise, mais d’autres secteurs restent très impactés, notamment la gastronomie et les bistrots, les ventes lors de toutes les fêtes du pays – et pas uniquement sur la Moselle –, dans les stations-service et le tourisme des bateaux de croisière qui s’arrêtent à Remich et pour lesquels nous avons développé des offres qui fonctionnaient bien…»
Une nouvelle marque
Vinsmoselle compte donc profiter de la présentation de ce renouveau visuel pour relancer une année 2020 souffreteuse. De nouvelles étiquettes, certes, mais aussi et surtout cette nouvelle marque des Vignerons de la Moselle qui va désormais prendre corps sur toutes les bouteilles, y compris celles des crus haut de gamme. «Vinsmoselle ne disparaît pas pour autant, justifie le directeur Patrick Berg. C’est juste que nos vins tranquilles porteront une nouvelle marque, Les Vignerons de la Moselle. De la même manière que nos crémants sont élaborés sous le nom de Poll Fabaire.»
La nouvelle présentation permet aussi de préciser la hiérarchie entre les gammes. Le reproche a souvent été fait aux anciennes livrées de ne pas différentier clairement les différents niveaux de qualité. Il fallait avoir une bonne mémoire et de bons yeux pour distinguer un simple grand cru d’un vin plus qualitatif portant le nom de son terroir. La critique a été entendue et, désormais, le sommet de la pyramide est individualisé. Les vins de lieux-dits ont une étiquette bien à eux, la plus sobre de toutes d’ailleurs.
Mais si le visuel change, les vins restent les mêmes. «Nous avons gardé le même nombre de références, nous produisons par exemple 25 crus nommés par leurs lieux-dits», précise Dina Post, du service marketing du plus gros acteur de la Moselle viticole luxembourgeoise. «Grâce à la réorganisation de nos crus, nous voulions respecter l’esprit de l’Appellation d’origine contrôlée (NDLR : l’AOP, créée en 2014) et mettre en avant les meilleurs terroirs», soutient Patrick Berg.
Pour la coopérative, il s’agit d’un investissement lourd puisque la facture de cette nouvelle identité visuelle s’élève tout de même à 400 000 euros. «Ce montant comprend également une nouvelle étiqueteuse très performante, relève Patrick Berg. Elle est indispensable compte tenu des techniques d’impression particulières que nous avons choisies – comme l’embossage et la dorure à chaud – et elle nous permettra d’être plus flexibles et créatifs dans le futur.»
4,5 millions investis à Wellenstein
Cette solide ligne de dépense qui arrive en pleine période de vaches maigres n’est pas la seule à s’inscrire sur les livres comptables de la coopérative. Les Domaines Vinsmoselle – qui sont nés de l’unification des caves de Grevenmacher, Wormeldange, Stadtbredimus, Greiveldange, Wellenstein et Remerschen, réalisée entre 1966 et 1988 – poursuivent en effet leur programme de réorganisation des structures de production. «Six caves, c’est beaucoup trop et nous voulons continuer à recentrer et rationnaliser notre production», explique Patrick Berg.
De fait, la cave de Greiveldange n’est déjà plus utilisée. Vinsmoselle en est toujours le propriétaire mais loue les murs. Une partie de la cave voisine de Stadtbredimus est le lieu de stockage des crémants, l’autre secteur est loué. À Remerschen, seul subsiste l’Escale, un bar à vin toujours très fréquenté. Le reste du bâtiment est vide et ne revit que les 1er mai, à l’occasion du Proufdag.
Cette dynamique de concentration va se poursuivre car la coopérative a décidé de vendre la cave de Stadtbredimus, l’acte vient d’être signé. Grâce à cette manne, Vinsmoselle va pouvoir autofinancer les travaux qui viennent d’être lancés dans la cave de Wellenstein. «Nous construisons un grand hall qui permettra de transférer les stocks de crémants de Stadtbredimus à Wellenstein ainsi qu’une nouvelle ligne de dégorgement. Cela va nous permettre d’économiser beaucoup de déplacements», apprécie le directeur.
Effectivement, les crémants n’auront plus besoin de faire l’aller-retour entre Wormeldange (où ils sont élevés, assemblés et dégorgés) et le hall de stockage de Stadtbredimus. Ce chantier de Wellenstein, qui a débuté le mois dernier, devrait être livré pour fin 2021 et coûter entre 4 et 4,5 millions d’euros.
Quoi qu’il arrive lors du deuxième semestre, ce millésime 2020 restera donc dans les annales de Vinsmoselle. Mais il serait de bon ton d’éviter une nouvelle catastrophe pour qu’au final, on puisse surtout retenir son côté fondateur…
Erwan Nonet
Les AOP
La présentation : Bouteille de forme bordelaise et transparente. L’étiquette est blanche, illustrée du portrait d’un vigneron.
Les vins : L’entrée de gamme a été revisitée dès mars 2019. Les vins sont faciles d’accès. Ils portent l’indication de leur cépage et leurs origines sont notées en fonction du canton d’où ils proviennent : Côtes de Remich ou Côtes de Grevenmacher. Les rendements maximum sont de 85 hectolitres par hectare.
Les premiers crus
La présentation : Bouteille alsacienne foncée. L’étiquette est écrue, texturée (des vagues en relief) et les lettres sont dorées à chaud. Elle porte également le portrait d’un vigneron. Le cépage et le millésime sont mis en avant sur une deuxième étiquette, plus petite, sous la première. La capsule (au niveau du bouchon) est foncée.
Les vins : Cinq cépages (rivaner, auxerrois, pinot blanc, pinot gris et riesling) composent la gamme, tous sous la dénomination Côtes de Remich ou Côtes de Grevenmacher. Les rendements maximum sont de 85 hectolitres par hectare.
Les grands premiers crus
La présentation : Bouteille alsacienne foncée. Même organisation du front de la bouteille. L’étiquette est foncée, texturée, comme pour les premiers crus, et les lettres ainsi que le portrait du vigneron sont dorés à chaud en orange. La capsule est également orange.
Les vins : Ici, les cinq cépages sont l’auxerrois, le pinot blanc, le pinot gris, le riesling et le gewurztraminer. Tous les raisins sont vendangés à la main et les rendements sont limités à 75 hectolitres par hectare.
Les grands premiers crus «lieux-dits»
La présentation : Bouteille alsacienne foncée. Même organisation du front de la bouteille. L’étiquette porte les mêmes codes couleur que celle des grands premiers crus. Une différence saute toutefois aux yeux : l’absence de portrait.
Les vins : Ce sont les vins issus des meilleurs vignobles, dont l’origine doit se vérifier dans le verre. Les vendanges sont manuelles et les rendements limités à 75 hectolitres par hectare.
E. N.