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Vigne : voici les premières fleurs, avec deux semaines de retard


Les fleurs ne sont pas impressionnantes, mais elles annoncent la formation des raisins. C'est l'essentiel! (photo Erwan Nonet)

Ça n’a échappé à personne… La météo printanière a été exécrable. La croissance de la vigne s’en fait ressentir, mais cela ne préjuge en rien de la qualité des raisins.

Malgré la grisaille, la pluie ou le froid, la vigne continue à se développer en dépit d’un temps absolument calamiteux. Ces derniers jours, les premières fleurs ont éclos sur les terroirs les mieux exposés. C’est une marque importante pour le futur millésime: nous sommes à une centaine de jours des premières vendanges.

Les premières fleurs de vigne – pas franchement spectaculaires, il faut bien le dire – viennent d’apparaître ces derniers jours dans les vignobles luxembourgeois. « La floraison vient de débuter sur les coteaux les mieux exposés, notamment ceux plantés de riesling », annonce Jean-Marie Vesque, le vigneron qui pilote le domaine Cep d’or à Hëttermillen (commune de Stadtbredimus). Si l’on compare par rapport à l’an passé, cette marque symbolique de la croissance de la plante est tardive, elle a « entre 10 et 14 jours de retard ».

Et encore, il faudra attendre encore un peu pour voir les bourgeons des vignes un peu moins bien situées fleurir. Pas de panique, toutefois, car il faut se souvenir qu’à l’inverse du millésime actuel, 2015 avait offert un printemps tout à fait exceptionnel et la floraison avait donc été particulièrement précoce. Avec le temps pourri qui a plombé le printemps, il ne faut donc pas s’étonner que les ceps aient pris davantage de temps. « Quand il n’y a pas de soleil, il n’y a pas de photosynthèse. Et si la plante a moins d’énergie, elle pousse plus lentement », souligne doctement Jean-Marie Vesque.

Le Fiederwaissen pas avant octobre

Autre conséquence, le vigneron a remarqué que les vignes manquaient de fer et de manganèse, « le début de chlorose, qui provoque un jaunissement des feuilles, le confirme ». Cette dernière affection n’inquiète pourtant pas le vigneron outre mesure, « cela sera réglé dès que le soleil s’installera ».

Le retard de développement des ceps par rapport à une année normale n’aura pas nécessairement d’incidence sur la qualité finale de la récolte. Jean-Marie Vesque affirme que l’« on peut produire d’excellents vins lors des années tardives ». La seule différence, compte tenu du calendrier, c’est qu’il ne va pas falloir s’attendre à boire le Fiederwaissen très tôt cet automne, « puisqu’il faut compter 100 jours entre la floraison et la date des vendanges, il ne sera certainement pas prêt avant le mois d’octobre! ». Une situation qui ne stresse absolument pas le Mosellan : « Où est le problème, du moment que le vin est bon? »

La seule inquiétude qu’admet Jean-Marie Vesque, ce sont les grands écarts de température. « En milieu de semaine, on n’avait que 6 °C la nuit. Les fleurs n’aiment pas ça du tout… L’idéal est de garder une température d’au moins 16 °C. »

Après les dégâts causés par les gelées tardives, « une perte que j’estime entre 20 et 35 % », et un mildiou qui coûtera aussi quelques bouteilles, il ne manquerait plus que la floraison se passe mal… « Ce qui est d’ores et déjà assuré, c’est que nous n’aurons pas de gros volumes cette année », prévient-il déjà. Pour le reste, il faut attendre. C’est la loi de la nature…

Erwan Nonet

« Les risques étaient trop grands »

La pression du mildiou sur la vigne est, en ce moment, plus forte que jamais. « Les fortes pluies provoquent une forte humidité dans l’air, même lorsqu’il fait beau », explique Jean-Marie Vesque. Du coup, tout est réuni pour que les champignons se régalent, « il y a beaucoup de foyers de départ de maladie ».

Le mildiou demande beaucoup de travail

Pour lutter contre cela, il n’y a pas 36  solutions  : il faut traiter. « J’ai traité six fois les vignes avant la floraison, précise le vigneron de Hëttermillen. Une année normale, c’est trois ou quatre passages .» Pour les cinq premiers traitements, Jean-Marie Vesque n’a utilisé que des produits bios (cuivre, soufre…), mais lors de la dernière application, il s’est résigné à passer aux produits conventionnels. « Les risques de propagation étaient trop grands », assure celui qui ne vise de toute façon pas de labellisation bio.

Ce travail supplémentaire a une conséquence néfaste dans les vignes qui ne peuvent pas être protégées par les pulvérisations depuis l’hélicoptère, car il impose de passer en tracteur dans les rangs. « Cela tasse la terre et elle devient dure comme du béton. L’eau ne pénètre plus dans le sol, l’herbe meurt et le ruissellement provoque l’érosion. »