Avec des mesures barrières, bien sûr, le vide-greniers a fait son grand retour, place Guillaume-II et les clients ont répondu présent. Pour l’occasion, certains magasins étaient ouverts dimanche.
«C’est un souvenir que les enfants recevaient en cadeau en première année à l’école de la part de la Spuerkeess», sourit Paule en examinant sous toutes les coutures une petite tirelire carrée, en faïence, produite par Villeroy et Boch. Une trouvaille que le couple a faite au vide-greniers organisé par la Ville de Luxembourg. Habituellement, ces vide-greniers ont lieu tous les premiers dimanches du mois à partir d’avril, mais Covid-19 oblige, cette édition était la première de l’année, les autres ayant toutes été annulées.
Alors on farfouille, on regarde et on trouve le petit objet dont certains veulent se débarrasser pour le plus grand bonheur des autres.
Éric pose son stand depuis cinq ans sur la place Guillaume-II. C’est un amateur qui profite de sa retraite pour s’adonner à son «hobby», les vide-greniers. Son stand regorge d’objets typiquement luxembourgeois : des Péckvillercher (oiseaux siffleurs), des livres sur feu le Grand-Duc Jean ou encore les fameuses tirelires qui ont fait resurgir des images du passé chez Paule et Robert. «Nous allons les offrir à nos enfants.»
Éric salue le travail fait par la Ville pour s’adapter aux nouvelles conditions sanitaires : «Franchement, on râle souvent mais là c’est très bien organisé. Il y a un mètre entre chaque stand (séparés par une banderole). Tôt ce matin, chaque voiture est arrivée l’une après l’autre et on nous a ensuite attribué un emplacement de 4 mètres de large, déjà marqué au sol.»
«95% des gens portent un masque»
Les exposants ne sont pas les premiers sur les lieux car «dès 5h, les collectionneurs sont là», poursuit l’habitant de Steinfort. «Ils regardent ce qu’on a pendant qu’on déballe. Vers 7h30, ils sont déjà tous repartis. Jusqu’à 8h30, il y a un petit flottement et ensuite le grand public débarque.»
Et les badauds sont venus nombreux, pour la plus grande joie des vendeurs. Eux aussi jouent le jeu des mesures barrières : «Je dirais que 95% des gens portent le masque» dans les allées du marché aux puces. «Et les rares qui n’en ont pas, du coup, on les repère tout de suite», note Éric.
Si lui est spécialisé dans les objets typiquement luxembourgeois, la plupart des vendeurs sont surtout là pour vider leur maison. Comme Georgette Zimmer, qui vient installer ses affaires place Guillaume-II depuis deux ans. «Je ne vends que mes propres objets, je refuse ceux des autres, sauf peut-être ceux de mes frères et sœurs», car l’objectif est vraiment de faire de la place dans les armoires pour «acheter de nouvelles choses», sourit la Pétangeoise.
Manuela Boreiko participe pour la première fois au vide-greniers. Cette habitante de Luxembourg a mis sa famille à contribution pour faire le tri et trouver des objets à vendre. Parmi leur sélection, un petit canapé et un fauteuil, qui, en attendant d’être vendus, leur permettent d’attendre le chaland bien confortablement.
«Ce n’est pas la folie, mais ça marche»
À quelques pas de là, dans la Ville Haute et dans le quartier Gare, les magasins qui le souhaitaient pouvaient également ouvrir leurs portes ce dimanche. Dans la Grand-Rue, quelques passants font du lèche-vitrine, mais c’est un peu la déception en début d’après-midi : «Oh non, celui-là aussi est fermé», s’exclame Chloé, tout juste majeure, qui est spécialement venue avec son amie en ville pour faire du shopping. Leurs magasins préférés de prêt-à-porter affichant portes closes, elles se rabattront finalement sur des glaces.
Une vendeuse de l’artère commerçante principale de la capitale confie de façon anonyme : «Ce n’est pas la folie, mais ça marche plutôt bien. Nous avons ouvert il y a seulement 30 minutes et il y a déjà du monde.» La boutique, comme beaucoup d’autres, n’était ouverte que de 14 à 18h.
Si les enseignes n’ont pas toutes joué le jeu, la ville reprend enfin des couleurs, les parkings du centre étaient presque complets et les tables en terrasse assez recherchées. «Si on oublie les masques, on se croirait presque comme avant», notent clients et vendeurs.
Audrey Libiez