La grande majorité des vignerons a terminé les vendanges en fin de semaine. Un grand ouf de soulagement.
Avec la pluie, arrivée il y a environ trois semaines, toute la configuration de la récolte a été modifiée. Si, au début, l’eau a fait du bien à des raisins qui en manquait, la durée de l’épisode a amené un nouveau problème. Après le gel et la canicule, voilà que la pourriture menaçait la récolte. L’écrasante majorité des vignerons n’a donc pas traîné pour récolter le riesling, cépage le plus tardif, même si dans l’absolu, ils auraient préféré le voir mûrir encore un peu.
Malgré le contexte difficile, Marc Desom (domaine et cave Desom) n’est pas dépité. «Même les anciens ne se souviennent pas avoir vécu des vendanges aussi pluvieuses, sourit-il. On peut avoir deux jours de pluie, mais là on a eu deux jours au sec! Mais nous avons la même quantité de raisins qu’en 2017, ce qui n’est pas si mal finalement ! Il n’y a pas beaucoup d’elbling et de rivaner, qui ont souffert du soleil, mais pour le reste, les quantités sont correctes», explique-t-il.
Quant au riesling, comme pratiquement tous ses collègues, Marc Desom a mené la récolte au pas de charge. «À la fin de l’été, on se disait qu’une petite pluie serait la bienvenue parce que la maturation des raisins a été stoppée pendant la canicule, explique-t-il. Alors quand les premières gouttes sont tombées, j’étais vraiment content : cela relançait le processus et c’était très positif. Mais avec toutes ces averses, la pourriture s’est développée très vite.»
Ern Schumacher (domaine Schumacher-Lethal, à Wormeldange) a fait le même constat : «Les vignes sont pleines d’eau et avec le retour de la chaleur prévue ce week-end, garder les raisins dehors serait prendre un grand risque. Moi, j’ai préféré tout ramasser d’autant que les maturités ne sont pas si mal, autour de 90° Oechsle (NDLR : le taux de sucre).»
Des pinots prometteurs
Son collègue, Frank Keyser (domaine Keyser-Kohll by Kohll-Reuland, à Ehnen), approuve : «Je dirais que le riesling sera normal, classique. Pas du tout dans le même style que le 2018. Par contre, les pinots blancs et les pinots gris promettent énormément, avance-t-il. Ils sont bien mûrs et les taux d’acidité sont supérieurs à 2018 : des raisins de grande qualité !» Marc Desom voit carrément des effets positifs apportés par la météo de ces dernières semaines : «Grâce à la pluie, on sent moins la chaleur de l’été, comme ça a été le cas pour 2018. Et puisque les acidités sont belles, je n’ai aucune crainte : on pourra faire du bon vin !»
Il a notamment remarqué que les caractéristiques des rivaner étaient très intéressantes. Il faut dire que ce cépage n’apprécie pas forcément les surmaturités. «Je le trouve impeccable, lance-t-il, confiant. Les arômes sont vraiment puissants : ce sera un très bon rivaner ! Dommage que, chez moi, il ait beaucoup souffert de la chaleur, il n’y en a pas beaucoup.»
Maintenant, ils peuvent souffler. «Il y a moins de stress, ça fait du bien», sourit Frank Keyser. Plus besoin de se triturer les méninges pour savoir dans quel ordre envoyer les vendangeurs dans les parcelles, plus besoin de regarder le ciel pour se demander à quelle sauce ils vont être mangés : désormais, tout se passe au sec, dans la cave ! La principale tâche, désormais, est de vérifier le bon déroulement des fermentations. «Et là, comme il n’y a pas beaucoup de vin, il n’y a pas beaucoup de cuves à surveiller», glisse le vigneron.
Pour Ern Schumacher, le break est total : «Moi, je m’occupe des vignes et mon fils, Tom, s’occupe de la cave. Donc c’est à lui de jouer parce que je pars en vacances au soleil à la fin du mois !»
De notre collaborateur Erwan Nonet