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Vël’Ok : quel succès !


De plus en plus de communes du Sud optent pour le Vël'Ok électrique. (photo LQ)

Le printemps arrive, l’occasion de remonter sur les Vël’Ok ! Cent vingt nouveaux vélos sont attendus, dont plus de la moitié en électrique. Le réseau en libre-service du Sud est unique, mêlant à la fois considération sociale et services pratiques pour les usagers.

Un peu d’histoire…

Dès 2004, Félix Braz, alors échevin à la mobilité à Esch-sur-Alzette, lance le réseau Vël’Ok. L’idée est d’associer social et environnement  : la gestion du réseau est confiée au Centre d’initiative et de gestion local (CIGL) d’Esch-sur-Alzette, un tremplin vers l’emploi pour les chômeurs.

L’idée? Plutôt que de payer des gens à être au chômage, autant les payer pour entretenir un réseau de vélos! Aujourd’hui, une vingtaine d’agents du CIGL travaillent sur les Vël’Ok, soit 15  % des effectifs de l’association.

Avec une gestion qui n’a rien à envier au réseau d’un opérateur professionnel. « La qualité du service est une obligation pour nous, souligne Francis Remackel, le président du CIGL, car nous formons de futurs ouvriers. »

Le réseau Vël’Ok aujourd’hui

Au total, 254 vélos sont répartis dans 57 stations, de Differdange à Dudelange (ouest-est) de Bettembourg à Rumelange (nord-sud) en traversant Schifflange, Esch-Centre, Belval, Bettembourg, Sanem et Kayl. 77  000  usagers ont emprunté un Vël’Ok en 2016. Le réseau Vël’Ok est certes moins fourni que celui de la capitale (75  stations de Vel’oh!) mais plus collaboratif : huit communes contre trois pour les Vel’oh!. Surtout, le réseau du Sud est gratuit et en partie électrique! Deux avantages que ne propose pas le réseau de Luxembourg, fondé en 2008.

2017, année électrique!

Plus de la moitié des 120 nouveaux vélos commandés pour le mois de mai seront des «e-Vël’Ok». « Le parc en comprend déjà 150 , précise Francis Remackel. Mais clairement, la demande va dans ce sens. Il faut dire que quand on a essayé le vélo électrique, c’est difficile de revenir à un modèle classique .»

Par ailleurs, les dénivelés du réseau incitent à miser sur l’assistance électrique  : l’aide au pédalage, qui ne monte pas au-dessus de 25  km/h pour des raisons de sécurité, permet d’accéder plus facilement à Sanem ou Kayl par exemple. « Certaines communes ne commandent de toute façon que des vélos électriques », ajoute Francis Remackel. C’est le cas de Schifflange notamment.

Densification du réseau aussi

En 2017, 25 nouvelles stations vont voir le jour. « Nous visons toujours les points stratégiques, confie Francis Remackel, tels que les pôles de mobilité et les infrastructures sportives ou culturelles .» La plupart des nouvelles stations seront implantées dans les petites communes du réseau, les points stratégiques des plus grosses villes étant déjà bien fournis. Il n’y aura pas de nouveaux arrêts à Belval, nous dit-on par exemple.

Autre défi important

L’objectif est aussi d’ancrer de façon toujours plus quotidienne le vélo comme mode de déplacement. Car l’été, pour les loisirs, les locations de Vël’Ok montent jusqu’à 11  000 utilisations par mois. Contre 4  000 seulement dans les mois d’hiver. « On voit bien qu’il y a une habitude du vélo , décrypte tout de même Francis Remackel. Les 4  000  clients qui roulent l’hiver, c’est pour aller travailler! » Il y a une marge pour faire encore mieux. Le CIGL est toutefois dépendant des politiques communales et nationales concernant les pistes cyclables.

Bonne nouvelle sur ce point  : le gouvernement met l’accent sur le développement des pistes «utiles» et non plus «loisirs». Comme ça sera le cas d’ici 2021 entre Messancy, Longwy et Rodange pour les frontaliers (possibilité de prendre le train ensuite). Comme ça sera le cas, dès 2018 cette fois, dans la commune de Differdange, qui verra son centre-ville relié aux pistes cyclables nationales.

Hubert Gamelon

Des émissaires de La Réunion…

Du fait de sa dimension sociale, le réseau Vël’Ok attire la curiosité. Même depuis l’île de la Réunion! Johan Ducros et Jackie Althiery, responsables de l’aménagement du territoire là-bas, étaient hier à Esch-sur-Alzette.

« Nous avons parcouru différentes villes européennes du vélo , expliquent les agents. Comme Strasbourg, par exemple. Mais nous n’avons trouvé aucun équivalent au modèle d’Esch-sur-Alzette  : gratuit pour les utilisateurs, tremplin d’emploi pour les agents d’entretien. » Les deux responsables ont aussi pu comparer la situation de leur région avec celle du sud du Luxembourg  : « L’idée de relier plusieurs villes avec le même réseau, malgré les dénivelés, est importante pour nous .»

Dernier point de comparaison important  : le public visé. Les Luxembourgeois, passionnés par les courses de vélo, ne sont pourtant pas des grands utilisateurs de la mobilité douce. Un phénomène en train de changer. « À la Réunion aussi, pour le moment, le vélo ne représente que 1  % des moyens de transport .»