La fréquentation de la vallée de la Moselle n’est pas si mauvaise, mais la situation pourrait être tellement meilleure… L’Office régional du tourisme de la Moselle, qui fête son 50e anniversaire, planche pour étoffer l’offre. Son gros dossier, bien sûr, est le projet de restructuration du musée du Vin.
La Moselle et le tourisme, l’air de rien, il s’agit d’une histoire compliquée. Le potentiel est énorme, mais il est encore loin d’être exploité à fond. Si le nombre de nuitées a augmenté de 11 % l’année dernière dans les hôtels de la région, le président de l’Office régional du tourisme (ORT) tempère : « Cette augmentation est essentiellement due à la réouverture de l’hôtel du Domaine thermal de Mondorf qui était en rénovation. En vérité, la hausse est bien plus légère que ce que les chiffres laissent penser. »
Si la fréquentation de la vallée ne se porte tout de même pas si mal, il manque surtout à la Moselle un point d’attraction majeur. Le musée de l’Europe a vu l’an passé 41 000 visiteurs (son record… alors qu’il est fermé depuis mai!) et le Jardin des papillons de Grevenmacher a comptabilisé 37 000 entrées. Mais on ne peut pas dire que ce soit le lieu le plus typique du coin.
« Ce qu’il nous faut, c’est une attraction unique, affirme Gilles Estgen. Les casemates de Luxembourg ou le Parc merveilleux de Bettembourg attirent beaucoup de monde parce qu’ils sont uniques, justement. » Or, que produit la Moselle et qui n’est issu de nulle part ailleurs dans le pays? Le vin. « Il faut construire une offre autour de l’œnotourisme », martèle le directeur de l’ORT.
L’Autriche en exemple
Où l’on reparle donc de la renaissance à venir du musée du Vin d’Ehnen qui devrait se transformer en Centre mosellan. Mais le temps s’écoule bien lentement autour de cette idée… « Les réflexions deviennent de plus en plus concrètes et les travaux devraient débuter l’année prochaine », se félicite toutefois Gilles Estgen.
Alors que le projet initial a dû être revu puisque les terrains adjacents à l’actuel musée n’ont pu être achetés, le concept muséal est en cours d’élaboration. « Il faut impérativement créer une structure vivante, souligne-t-il. Les musées traditionnels n’attirent plus personne. » Les muséographes seront donc chargés d’utiliser les technologies les plus récentes « pour créer une exposition à vivre et pas simplement à regarder » .
Les tenants du projet savent déjà bien ce qu’ils veulent. L’an dernier, ils avaient effectué un voyage pour étudier la façon dont les Autrichiens – à la pointe en la matière – ont mis en valeur la viticulture. « La coopérative des vignerons de Krems, dans la vallée de la Wachau, a créé un lieu de découverte très intéressant bien que de taille assez modeste », souligne Gilles Estgen.
À l’intérieur se trouve notamment une petite salle 4D. « On y découvre un film en 3D sur le vin et la région et, en même temps, une soufflerie simule le vent et apporte des odeurs en relation avec les images. On est vraiment en immersion dans les caves ou dans les vignes pendant les vendanges ou la floraison! » Ailleurs, on retrouve au sol une carte de la région, une présentation des cépages plantés dans les alentours… « De A à Z, c’est très bien fait! », reconnaît le président de l’ORT.
Les idées sont là, donc, mais les finances seront-elles suffisantes? Sous le gouvernement précédent, on tablait sur 6 millions d’euros (sans avoir fait avancer le dossier). Aujourd’hui, l’enveloppe est tombée à 4,6 millions, ce qui n’est pas énorme dans le contexte luxembourgeois. « C’est vrai que nous aurions aimé un soutien plus affirmé, admet Gilles Estgen, mais Mme Closener (NDLR : la secrétaire d’État en charge du Tourisme) nous a dit que l’État pourrait aller au-delà pour financer les équipements. » Cette fois, la résurrection du musée ne semble donc pas si loin!
Erwan Nonet