En cette période de crise sanitaire, un tour du Luxembourg est une alternative originale à un voyage à l’étranger. Quelque 600 km de pistes cyclables sillonnent notre pays. D’Esch-sur-Alzette à Esch-sur-Sûre en passant par Remich, Echternach, Vianden, Clervaux, Troisvierges… cela fait une belle échappée.
La Minette avec ses terres rouges, la Moselle avec ses vignobles, l’Éislek avec ses collines et grandes forêts… Arpenter le Luxembourg à vélo, c’est traverser des paysages variés. La plupart du temps, les pistes cyclables suivent d’anciennes lignes ferroviaires réaménagées ou longent des cours d’eau.
La ville de départ de notre tour : Esch-sur-Alzette. Le long de la rivière dont la Métropole du fer tire son nom, nous parcourons les premiers kilomètres : de la réserve naturelle «Brill» à Schifflange via Bettembourg jusqu’à Livange avant de bifurquer vers Hellange. La frontière française n’est pas bien loin. À hauteur de Frisange, l’itinéraire nous fait même passer par les villages lorrains de Hagen et d’Évrange. Entre l’autoroute A13 et la France, notre chemin se poursuit jusqu’à Mondorf-les-Bains où nous passons l’ancien poste de frontière.
Depuis la Cité thermale, direction Ellange et la piste cyclable Jangli (PC 7) vers Remich : quelques longs virages et puis nous entamons déjà notre descente entre les vignes. Sur notre gauche, l’Institut viti-vinicole (IVV), signe que nous sommes bien arrivés dans la région du vin. Au bord de la Moselle, on peut en admirer des coteaux mûris par le soleil. Après la traversée des ruelles pentues et fleuries de Remich, on a le choix de poursuivre sa route côté luxembourgeois ou de franchir le pont. La piste côté allemand a l’avantage d’être à l’écart des voitures, entre Moselle, vignobles et voies ferrées. Il faudra juste penser à repasser côté luxembourgeois par le pont à Wormeldange ou à Grevenmacher.
À la sortie de l’ancienne ville fortifiée, là où est accosté le fameux bateau de plaisance MS Princesse Marie-Astrid, la route du Vin prend fin. Une fois le port de Mertert-Wasserbillig passé, la piste cyclable (PC 3) se faufile le long de la Sûre. Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle la piste des trois rivières! Car un peu plus loin, plus exactement à Wallendorf-Pont, on tombe sur l’Our. Mais cela n’est pas pour tout de suite. À Born, place aux vergers. Une pancarte le long de la piste indique les horaires de dégustation du cidre luxembourgeois «Ramborn». Le cycliste passe également à Rosport, connue pour ses sources d’eau. Autant dire que ce n’est pas par ici qu’on mourra de soif.
Toujours le long de la Sûre, Echternach. Un petit crochet dans la ville abbatiale permet de voir la basilique ou de se ravitailler. Le long du cours d’eau, on n’est jamais bien seul. Par beau temps, les kayaks sont pris d’assaut. À hauteur de Bollendorf et de Dillingen notamment, des ponts enjambent la Sûre, l’occasion de mettre un pied en Allemagne lors d’une petite pause.
Un panorama époustouflant à 511 m
À Reisdorf, on quitte la piste sur la berge et on attaque la première côte. Un nouveau paysage s’offre à nous: des champs, des prairies et des arbres fruitiers bien garnis en cette fin d’été. Quelques virages plus loin et après une nouvelle montée raide, nous voilà parmi les vaches noires. De l’autre côté de la pâture, on aperçoit un agriculteur sur son tracteur. Et en contrebas, l’église du village de Hoesdorf. Son clocher, ancienne tour de défense, attire le regard. Vianden n’est plus très loin. Une route sinueuse nous mène à Bettel. Après une longue descente dans les bois, on retombe sur l’Our.
Le château de Vianden avec ses imposantes murailles trônant au-dessus de la vallée ne surgit qu’au dernier moment. La montée de la ruelle pavée sera plus ou moins rude en fonction de l’emplacement de l’auberge ou de l’hôtel que vous aurez choisi. Rassurez-vous toutefois : le lendemain matin, la descente sera d’autant plus longue avant d’attaquer la suite. Car pour ressortir de cette petite cité médiévale, il faut appuyer fort sur les pédales, surtout si l’on vise le bassin supérieur d’eau de la SEO. Il est perché à 511 m d’altitude sur le mont Saint-Nicolas. Mais au bout de l’effort, la récompense. Au sommet de la tour d’escaliers, place à un panorama époustouflant. Grâce à la table d’orientation, vous pouvez retracer d’où vous venez : Bettembourg se trouve à 48 km à vol d’oiseau, Luxembourg-ville à 38 km… À vos pieds, vous verrez la piste sur laquelle le Luxembourgeois Ralph Diseviscourt a pulvérisé mi-juillet le record du monde de distance à vélo : 915,39 km en 24 heures. Avec nos 140 km au compteur depuis notre départ il y a deux jours, on en est bien loin…
Pour avancer dans le nord du pays, nous prenons la direction de Putscheid et Wahlhausen (PC 22). Un peu avant Hosingen, un tunnel permet de traverser la N7 en toute sécurité. S’ensuit notre première longue descente dans l’Éislek : 6 km entre des résineux dégageant une odeur agréable. En bas, le charmant petit village de Lellingen connu pour les jonquilles qui y poussent au printemps. Autre particularité : son passage à gué. Et pour assouvir sa soif, on y trouve même un café : la Lellger Stuff. À Wilwerwiltz, c’est la fin de la piste cyclable. Il faut pédaler sur la route ou prendre le train pour arriver à Clervaux.
De la Clerve aux hauts plateaux
Quelques efforts sont nécessaires pour quitter la petite ville située avec son château dans un vallon étroit et profond au bord de la Clerve. Mais la montée vers Boxhorn est «plutôt douce», nous soufflent des cyclistes croisés au passage. C’est ainsi qu’on rejoint les hauts plateaux. En passant par Maulusmillen – où se trouve un monument à la mémoire d’aviateurs britanniques abattus pendant la Seconde Guerre mondiale –, puis par la petite localité de Sassel – une étape du Sentier des passeurs tracé en souvenir de la filière d’évasion vers la Belgique –, on arrive à Troisvierges.
Les mordus de la pédale peuvent y emprunter la Vennbahn : cette piste cyclable d’une longueur totale de 125 km monte jusqu’à Aix-la-Chapelle (D) en traversant la Belgique. Pour nous, terminus à Huldange. On n’ira pas plus haut que la «Buurgplaatz» (559 m), l’un des points culminants du Grand-Duché («Op Kneiff» se trouve à 560 m!). Notre tour se poursuit sur le plateau, où les éoliennes fleurissent de partout.
Un «Gënzentour» qui décoiffe
Le circuit du «Gënzentour» (tour du genêt), très bien fléché, nous mène près du moulin d’Asselborn, au bord du ruisseau de la Troine. Transformé aujourd’hui en musée et hôtel-restaurant, il trouve son origine au XIe siècle lorsqu’il appartenait à l’abbaye Saint-Maximin de Trèves. Le domaine se trouve tout près du petit village de Rumlange. À ne pas confondre avec Rumelange dans la Minette, près d’Esch-sur-Alzette. En luxembourgeois, on dit d’ailleurs Rëmeljen et non Rëmeleng!
Sur la suite du «Gënzentour», on ne redescend guère en dessous des 500 m d’altitude. Autant dire qu’on est exposé au vent quand ce dernier souffle et qu’on n’est pas protégé par un champ de maïs ou une forêt. Il faut en effet attendre Niederwampach, situé près de la frontière belge, pour retrouver un terrain moins vallonné pendant quelques kilomètres. Sur la piste cyclable PC 20, le long de la Wiltz sur l’ancienne voie ferrée (la pente est donc douce), on rejoint en traversant la forêt la capitale des Ardennes.
À vol d’oiseau, on n’est plus loin du lac de la Haute-Sûre. Mais il nous reste quelques collines à gravir. À défaut d’une piste cyclable, on emprunte les petites routes via Roullingen, Büderscheid et Kaundorf. Après une longue descente et la traversée du barrage, on atteint Esch-sur-Sûre. Comme son nom l’indique, le petit bourg est ceinturé par la Sûre et dominé par son château médiéval. Pour rejoindre les ruines, il faut monter des escaliers dans la roche. C’est un bon exercice pour la suite du parcours le lendemain : la côte d’Eschdorf. Sur la chaussée, des inscriptions rappellent le passage du Tour de France en 2017. C’était une côte classée 3e catégorie… Eschdorf coiffe le relief alentour à 499 m d’altitude, soit 207 m au-dessus d’Esch-sur-Sûre quatre kilomètres plus bas.
Retour aux sources le long de l’Alzette
Dans un paysage champêtre, on atteint le plus petit village du Luxembourg, Rindschleiden (commune de Wahl), à quelques encablures du Napoleonsgaard. Avec ses 554 m d’altitude, il constitue un autre point culminant du Grand-Duché. À la hauteur de Rambrouch débute notre descente sur le tracé de l’ancienne voie de chemin de fer «Jangeli» en passant par «Hostert-Gare». La piste cyclable de l’Attert nous guidera ensuite via Useldange jusqu’à Colmar-Berg où nous retrouvons l’Alzette, le cours d’eau avec lequel nous avons entamé et nous finirons notre boucle.
Une fois Mersch traversée – le centre géographique du pays –, finis les chemins tortueux. La piste longeant les voies ferrées est quasi rectiligne. Elle débouche dans la capitale au Pfaffenthal, sous le pont rouge. Nous revoilà en terrain bien connu : via le Grund et la vallée de l’Alzette, on file tout droit jusqu’à Hesperange, puis Fentange. Entre Leudelange et Reckange-sur-Mess nous attend la dernière grosse montée. L’arrivée n’est plus très loin. Nous pouvons apercevoir les hauts fourneaux d’Esch-Belval et le Zolwerknapp (422 m), la plus haute colline du sud. Via Limpach, Soleuvre, puis Mondercange, nous atteignons finalement Esch-sur-Alzette. La grande boucle est bouclée. Avec un peu plus de 400 km au compteur en une petite semaine. À vélo, le Luxembourg n’est pas si petit que cela.
Fabienne Armborst
INFOS PRATIQUES
Move, We Carry : pédalez léger
Dans le cadre de la promotion du tourisme régional, un nouveau service a été lancé le 23 juin 2020. «Move, We Carry!» permet aux randonneurs et cyclistes de voyager léger à travers le Grand-Duché. D’un hôtel à la prochaine auberge de jeunesse, d’un gîte d’étape au camping suivant, vos bagages vous accompagnent à distance et vous attendent à votre arrivée d’étape. Ils sont enlevés après 10 h au point de départ du jour et déposés avant 16 h à votre étape du soir. Une personne a droit à maximum deux bagages. Chaque valise/sac ne doit pas excéder 20 kg. Le service fonctionne jusqu’à six étapes consécutives et est gratuit jusqu’à fin 2020. www.movewecarry.lu
Vëlosummer à la carte
À l’occasion du Vëlosummer, lors duquel plusieurs sections de routes ont été fermées à la circulation automobile au mois d’août, une carte a été éditée. Elle reprenait non seulement les six circuits sélectionnés par le ministère de la Mobilité et des Travaux publics et la Direction générale du Tourisme du ministère de l’Économie, mais également toutes les pistes cyclables. «Op de Vëlo, fäerdeg, lass !» est disponible en format PDF ou peut être commandée en ligne.
L’option du train
Il est possible de raccourcir certaines étapes en empruntant les transports en commun car dans les trains, il y a des emplacements pour vélos. N’oubliez toutefois pas qu’actuellement le port du masque y est obligatoire. La ligne 10 entre Ettelbruck et Troisvierges étant impactée par des travaux, les CFL mettent en place à certaines dates des navettes qui transportent également les vélos. Elles sont gratuites, mais les places limitées. Un service de réservation est proposé. www.cfl.lu