L’historique et prestigieux lycée classique de la cité abbatiale a connu une rentrée scolaire dans la normalité, malgré les dégâts subis par les inondations à la mi-juillet. Tour d’horizon.
Le lycée classique d’Echternach (LCE) a fait preuve d’une énorme résilience, après que l’établissement scolaire a été lourdement sinistré par les inondations du mois de juillet. Si les stigmates de la catastrophe naturelle sont encore présents par endroits, le LCE a été plus que jamais apte à accueillir ses élèves de 7e dès jeudi et les classes supérieures, vendredi. Son directeur, Henri Trauffler, tire ainsi un bilan plus que positif des travaux qui ont été réalisés dans un laps de temps imbattable. De ce fait, il tient à remercier toutes les parties prenantes, lesquelles ont sacrifié leur temps personnel durant les congés. Exemplaire!
Pour celui qui enseigne l’histoire depuis 1982 et qui a pris la tête du lycée en 2003, «la rentrée s’est bien déroulée. Les classes de 7e se sont retrouvées jeudi au Trifolion, car le bâtiment dispose d’une très grande salle très agréable. Et étant donné la situation sanitaire, nous avions réparti les lycéens en deux groupes, ceux de l’enseignement secondaire classique, à savoir 118 élèves, et puis une heure plus tard, sont arrivés les lycéens de la 7e générale, qui étaient au nombre de 75.» Pour la rentrée de vendredi, près de 1 100 lycéens ont retrouvé le chemin du LCE. «Dans l’enseignement secondaire classique, nous avons des classes inférieures de 7e, 6e, 5e et puis de 4e, et à partir de la 3e, toutes les sections sont envisageables. Nous disposons d’ailleurs, depuis deux ans, d’une section « informatique et communication », laquelle semble grandement susciter l’intérêt des élèves», explique le directeur. Outre les trois classes inférieures, à partir de la 4e, l’établissement offre une orientation administrative et commerciale, basée sur l’ingénierie et sur les professions éducatives et sociales, laquelle est très prisée. Par ailleurs, le directeur tient à souligner que le LCE est «un lycée régional dont l’offre est variée depuis 1970. Nous ne sommes pas uniquement un lycée classique, donc. Et nous avons été un des premiers lycées à offrir un enseignement à la fois classique, technique et puis général.»
Inondations puis résilience
Si le directeur peut aujourd’hui parler avec sérénité de la rentrée scolaire, c’est que son établissement a su surmonter la terrible épreuve des inondations des 14 et 15 juillet. Henri Trauffler, revenant sur cet épisode, se souvient que dès que les crues se sont retirées, une soixante d’enseignants et des élèves, de surcroît en pleins congés scolaires, appuyés par un détachement d’une douzaine de soldats de l’armée et les entreprises Polygone et Proactif, ont répondu présent. «Cet acte de solidarité de la communauté scolaire s’est avéré remarquable!»
Dans la liste des dégâts, seule la bibliothèque (parmi les trois que compte le lycée) contenant des lexiques et ouvrages de référence a été touchée, de manière telle «que tout y a été dévasté». De nouveaux rayons ont d’ailleurs été fournis par la bibliothèque du centre-ville de la capitale pour l’espace complètement ravagé. Le LCE entreprend ainsi de reconstituer un fonds de livres pour ses élèves. Quant aux livres les plus précieux, dont certains datent du XVIe siècle, ils ont, eux, pu être préservés : ils se trouvaient au premier étage, dans un local particulier. De leur côté, les archives ont fort heureusement échappé au pire.
Si le bâtiment a largement souffert des inondations, le directeur indique que les 28 salles de classe sinistrées sont désormais réhabilitées. Grâce notamment à l’appui de l’administration des Bâtiments publics, «qui a fait un travail exceptionnel au vu du planning, et cela, je tiens vraiment à le souligner!» En effet, il a d’abord fallu déblayer et nettoyer les salles. Le carrelage et les chapes ont dû être enlevés et tout a été refait. Dans d’autres salles, un nouveau revêtement en parquet de chêne a été posé. Les murs ont subi un traitement antimoisissure. Ces mesures de rénovation continueront au moins jusqu’au mois de novembre, avec l’appui de Luxcontrol et d’une société allemande, qui gère le tout en vue de vérifier les conditions relatives à l’humidité et aux moisissures.
Des travaux de plus grande ampleur sont cependant prévus pour réaliser un assainissement intégral de toutes les salles de classe. Dans ce cadre, «à partir du mois de novembre, cinq pavillons de 36 mètres sur 15 seront installés à l’arrière du bâtiment pour y transférer des salles de classe». Les travaux de fondation pour ces pavillons commenceront ce lundi et tout sera prêt pour la Toussaint. Le crépi du bâtiment du lycée sera alors remplacé par un mélange de calcaire et de ciment, solution qui fait mieux respirer les infrastructures. «Et cela coûtera beaucoup d’argent», indique Henri Trauffler, qui tient à préciser que ces pavillons ne seront pas «des conteneurs, mais des infrastructures en dur. Ils seront installés sur des piliers d’un mètre de hauteur, pour éviter des dégâts qui seraient dus à de nouvelles crues.»
Une solidarité à toute épreuve
Les travaux s’étendront jusqu’en septembre 2022. «Mais il n’y aura pas de nuisances pour les salles de classe, car elles seront transférées dans les pavillons. Et grâce au planning très méticuleux établi par l’administration des Bâtiments publics, aucun lycéen n’aura à fréquenter un autre site scolaire.» Le directeur du LCE l’avoue : «Pour être franc, au mois de juillet, je n’aurais jamais cru qu’on en serait là aujourd’hui. Mais grâce à cet effort commun, nous sommes parvenus à rétablir une situation quasiment normale, en attendant un assainissement total de l’enceinte. Et la santé sera garantie pour tous, car on suit ce volet de manière régulière.»
L’épreuve vécue cet été sera à coup sûr un épisode marquant de la longue histoire du lycée classique d’Echternach, un établissement qui jouit d’une tradition séculaire qui remonte à 1841, année où il fut fondé en tant que lycée public sur un site où se trouvait déjà une école monastique depuis le VIIIe siècle. «Le LCE est un lycée traditionnel, mais qui applique des concepts pédagogiques modernes et innovants. Sans oublier que d’anciens élèves passés par ici occupent aujourd’hui des postes à haute responsabilité. Et je n’oublie pas notre importante communauté des anciens, qui se réunit tous les trois ans.» Le prochain «Konveniat» aura lieu en octobre 2022.
«Une communauté scolaire
solidaire et soudée»
La sympathique professeure de français Sophie Maillet, en charge des classes de 5e générale classique (22 élèves), 5e générale (24) et 7e classique (22), qui s’est particulièrement montrée heureuse et optimiste en reprenant l’exercice de ses fonctions, revient sur l’inondation qui a touché le lycée : «J’ai été informée de ne pas me rendre au lycée le jour même des inondations. Cela étant, dès le lendemain, on a commencé les travaux de déblayage et de nettoyage. Cela m’a notamment fait mal au cœur que la bibliothèque, que j’appréciais tellement, ait été touchée… mais l’élan de solidarité qui s’est spontanément constitué a été remarquable. Cela m’a fait plaisir de constater que nous formions une communauté scolaire solidaire et soudée.»
Claude Damiani