Du samedi 4 au samedi 11 juillet, Esch portera les couleurs de l’arc-en-ciel. Pour la sixième année consécutive, la commune accueillira la Gaymat. Si tout va bien au Luxembourg, les homosexuels ont toujours la vie dure voire impossible dans de nombreux pays.
Laurent Boquet, secrétaire général de l’association organisatrice, Rosa-Luxembourg, se félicite qu’au Grand-Duché, la situation des homosexuels soit plutôt bonne : «Lors de la dernière Gaymat, l’an passé, nous avions célébré le passage de la loi sur le mariage homosexuel à la Chambre des députés. Cette année, nous pourrons fêter l’adoption du texte. La situation s’est nettement améliorée!» Les exemples récents de pays ouvrant la porte au mariage pour tous se multiplient (France, Irlande, États-Unis…) et l’on pourrait se dire que cette fois, c’est bon, le vent tourne enfin.
Mais il ne faudrait pas se faire aveugler par ces quelques bonnes nouvelles. «Il reste du boulot… soupire Laurent Boquet. L’homosexualité est toujours interdite dans 78 pays et même passible de la peine de mort dans 10 (Yémen, Iran, Irak, Mauritanie, Nigeria, Qatar, Arabie saoudite, Somalie, Soudan et Émirats arabes unis).»
Pour montrer que le relatif confort local ne les endort pas, les militants de Rosa-Luxembourg ont donc décidé de rappeler cet état de fait en thématisant cette édition sur le concept Gaymat #4 human rights (Gaymat pour les droits de l’homme).
Ainsi, dès le début des manifestations, un hommage sera rendu devant le musée de la Résistance aux homosexuels victimes du nazisme.
Le reste de la programmation est toutefois, comme il se doit, très festif. Des soirées sont prévues au Monkey’s bar (dans la capitale, samedi), au Rockhal café (à Belval, le vendredi 10 juillet) et, enfin, à la Kulturfabrik pour clore les festivités (le samedi 11 juillet).
Un événement qui dépasse largement les frontières du Grand-Duché
Il est d’ailleurs notable de constater que la Gaymat est un évènement qui dépasse largement les frontières du Grand-Duché. «Il y a de plus en plus de personnes qui viennent de l’étranger spécialement pour l’évènement, affirme Laurent Boquet. D’ailleurs, les préventes pour les soirées viennent majoritairement d’autres pays que le Luxembourg!»
Entre les fêtes, les organisateurs ont prévu des projections de films, des expositions et, bien sûr, la grande parade du samedi qui rassemblera vraisemblablement plus d’un millier de personnes dans la rue de l’Alzette, de la place du Brill jusqu’à l’hôtel de ville, où un village sera spécialement installé.
Jamais, jusqu’à cette année, la Gaymat n’aura rassemblé autant de partenaires locaux. D’ailleurs, en achetant le bracelet attitré de la manifestation (5 euros, qui ne fait pas office de ticket d’entrée aux fêtes!), on pourra profiter de 10 % de réduction dans de nombreux hôtels (The Seven Hôtel, Topaz), restaurants (Chez Abdel, Acacia, Boccon di vino, Favaro, Le Pavillon), boulangeries et pâtisseries (Cayotte, Namur, Caspar Coffeshop, La Fournée luxembourgeoise), et ce, tout au long du week-end.
Erwan Nonet
Le programme
Samedi 4 juillet 22 h 30 : soirée d’ouverture au Monkey’s bar (Luxembourg).
Lundi 6 juillet 18 h 30 : cérémonie de commémoration des victimes homosexuelles du nazisme (musée de la Résistance, Esch). 19 h : Vernissage de l’exposition «La vie en rose» (théâtre d’Esch).
Mardi 7 juillet 20 h : Lesbian Film Night, Reaching for the Moon (Ciné Ariston, Esch).
Mercredi 8 juillet 20 h : Special Film Night, Call Me Kuchu, suivi d’une discussion publique (Ciné Ariston, Esch).
Jeudi 9 juillet 20 h : Gay Film Night, Xenia (Ciné Ariston, Ech).
Vendredi 10 juillet 22 h 30 : Bear Attack Party (Rockhal café, Belval, 4 euros).
Samedi 11 juillet De 12 h à 20 h : Gaymat Itself (place de l’Hôtel-de-ville, Esch). Départ de la marche de l’égalité à 14 h de la place de la Libération. 21 h : fête de clôture (Kulturfabrik, Esch, 8 euros et 5 en prévente).
Esch la militante
La commune présentera en conseil, le 10 juillet, une convention visant à renforcer ses liens avec la Gaymat. Elle va également rejoindre le réseau des Rainbow Cities.
Ville ouverte, Esch ne veut plus être que le lieu où la Gaymat se déroule depuis six ans. La commune veut faire plus pour s’engager en tant qu’entité fière de ses différences. Ainsi, la bourgmestre, Vera Spautz, a annoncé qu’une convention liant la commune et la Gaymat serait proposée à l’approbation du conseil communal au cours de sa prochaine séance, le 10 juillet. Dan Codello, échevin à l’intégration et politique de non-discrimination, en explique les contours : «Nous voulons nous lier à la Gaymat et l’organisation de la manifestation n’est qu’un premier pas dans cette collaboration.»
D’autres coopérations pourraient ainsi voir le jour, il est notamment question d’organiser chaque année une conférence sur la question LGBT (lesbiennes, gays, bi et trans). «L’association Rosa-Luxembourg deviendrait alors notre conseiller sur les questions de politique non discriminatoire sur les orientations sexuelles.» Esch avec Amsterdam, Berlin ou Madrid Esch a également lancé les démarches dans le but de rejoindre le réseau des Rainbow Cities.
Née aux Pays-Bas, cette organisation permet à des villes proactives en matière de lutte contre les discriminations de se réunir et de mener leurs combats en commun. À côté d’Amsterdam, La Haye, Nimègue, Rotterdam et Utrecht, on retrouve également Berlin, Hambourg, Cologne, Munich, Bergen, Bruxelles, Gand, Genève, Zurich, Madrid, Vienne ou Turin. «Je vais à Cologne ce vendredi après-midi, pour ma première réunion dans ce cadre-là, avance Dan Codello. Ce sera le moment de leur Gaymat!»
Cologne invite notamment régulièrement des homosexuels vivant dans des pays où cette forme de sexualité est interdite. L’an passé, par exemple, il y avait deux Russes.
E. N.