Une semaine après la montée des eaux historique qui a noyé Echternach, les gestes de solidarité et les dons de vêtements affluent des quatre coins du pays.
Les traits sont tirés, mais l’énergie est intacte : au Trifolion, transformé en centre de crise depuis la crue historique de mercredi dernier, des dizaines de bénévoles se relaient sans relâche auprès de l’équipe communale pour assurer l’assistance aux habitants sinistrés.
«Dès les premiers jours, beaucoup de gens se sont présentés spontanément pour offrir leur aide, alors pour gérer au mieux les bras disponibles pour les opérations de déblayage et de nettoyage, on a décidé de tout centraliser ici», explique Vicky Berscheid, présidente du conseil d’administration de l’office social Echternach Rosport-Mompach.
D’abord refuge aux premières heures de la catastrophe, puis cantine avec distribution de repas et de boissons, le Trifolion sert chaque matin de point de ralliement aux 300 bénévoles venus de tout le Luxembourg pour se rendre utiles. Un élan d’une envergure inédite qui touche beaucoup les habitants : «Voir tous ces gens mobilisés dans les rues, ça nous fait tellement chaud au cœur ! J’ai été émue aux larmes», poursuit la présidente. «J’ai croisé des personnes qui n’habitent pas la région mais qui n’ont pas hésité à rassembler des amis et à faire le chemin jusqu’ici : une énorme vague de solidarité», souligne celle qui, enfant, a vu sa maison plusieurs fois envahie par les eaux dans le village voisin de Steinheim. «Je sais qu’il faut beaucoup de temps et de courage pour surmonter ça», confie-t-elle.
Et depuis dimanche, à la suite de l’appel lancé par la commune, ce sont les dons qui affluent. Fournitures de première nécessité, affaires de toilette, matériel de puériculture, vêtements, jouets, chaussures, valises : tout est réceptionné, trié, plié et rangé dans la salle Agora. «On a été étonnés du monde qui s’est présenté dès dimanche matin avec des sacs pleins à ras bord. On a vite été dépassés ! Heureusement, une douzaine de scouts qui étaient là ont pris les choses en main», raconte Vicky Berscheid.
L’une des assistantes sociales de l’office, Nathalie Groos, renchérit : «À midi, on devait déjà stopper la collecte car on n’arrivait plus gérer, mais on n’a pas pu se résoudre à fermer la porte à des gens venus parfois de très loin ou avec des produits qu’ils avaient spécialement achetés comme des sous-vêtements neufs.»
Et les marques de solidarité ne se sont pas limitées aux frontières puisque des bénévoles ont rapporté avoir débarrassé des maisons aux côtés de Néerlandais, touristes chaque été depuis de nombreuses années à Echternach, qui ont sauté dans leur voiture pour venir soutenir ceux qui les accueillent d’habitude pour leurs vacances.
Des logements proposés par des particuliers
Alors que dans la salle de l’Agora tout est prêt pour accueillir les sinistrés et leur fournir en urgence ce qui leur manque, le lieu reste désert. «Peu de gens sont venus. Certains ne peuvent même pas parler, ils sont recroquevillés sur eux-mêmes», constate Maria, bénévole affectée au tri des draps. Avec Jeanne, une autre bénévole, elles vérifient l’état du linge de lit déposé au centre de collecte. «Ils traversent une épreuve terrible, c’est encore tôt pour en parler ou oser franchir la porte de l’office social», commente l’assistante sociale qui ne compte laisser personne de côté. «Pour les gens qui ne sont pas prêts, on prend les devants : nous préparons des sacs de vêtements et de denrées qu’on va aller leur porter nous-mêmes.»
Quant aux dons qui ne rentrent pas dans des sacs – mobilier ou électroménager offert par de nombreuses entreprises – un listing complet est en cours d’élaboration par la commune (lire encadré).
Enfin, il y a ces gestes solidaires auxquels personne ne pouvait s’attendre : «Beaucoup de particuliers ont appelé pour proposer un appartement meublé ou une maison qu’ils souhaitaient mettre à la disposition des sinistrés», s’étonne encore Nathalie Groos. «Cela nous a énormément aidé. Samedi matin, on était à Rosport où les habitants de tout un immeuble devaient être relogés d’urgence, et grâce à ces propriétaires privés, on a pu reloger dix familles en moins de trois heures», détaille-t-elle. Au total, plus de 150 personnes ont dû être relogées à la suite des inondations, le temps que leur domicile soit remis en état.
Et ces prochaines semaines, c’est le poids des démarches administratives qui risque de peser lourd sur les sinistrés. Ils pourront alors à nouveau compter sur l’appui de l’office social et des bénévoles.
Christelle Brucker
«Le téléphone n’arrête pas de sonner»
Ouverte par la commune dès dimanche pour faciliter la gestion des dons par rapport aux besoins des habitants sinistrés, la ligne d’assistance 72 92 22 99 a été prise d’assaut : «Le téléphone n’arrête pas de sonner», indique l’employée communale chargée de répondre.
Au bout du fil, des entreprises, des particuliers et des associations qui proposent leur aide ou des dons, mais aussi des personnes frappées par les inondations qui demandent de l’aide : «Je note tout ce que les gens peuvent mettre à disposition et qu’on ne peut pas stocker ici – des meubles, des canapés, des lits, de l’électroménager – dans un listing. D’un autre côté, je recueille l’ensemble des demandes des sinistrés : actuellement, la plupart ont besoin de réfrigérateurs et de machines à laver», précise la jeune femme, qui rassure et sait aussi trouver les mots quand ses interlocuteurs craquent. «L’idée est de coordonner l’offre et la demande à moyen terme, quand les logements seront prêts à être de nouveau meublés.»
Pour ceux qui souhaiteraient soutenir financièrement les habitants touchés, la commune vient d’ouvrir un compte pour recueillir des dons par virement bancaire : BGLLLULL LU18 0030 2316 4846 0000 mention Echternach-Inondations.
C.B