Le pop-up store, consacré à la Schueberfouer, lequel est situé au 63, Grand-Rue à Luxembourg et qui a été inauguré il y a deux semaines, ne bénéficie que d’échos positifs. L’occasion de tirer un premier bilan après deux semaines.
Par définition, la boutique est éphémère, mais toutes les personnes interrogées souhaitent qu’elle puisse être permanente, à l’avenir. Cela dit, un musée des Arts forains reste l’option la plus «juste», selon elles.
Elle est apparue dans la Grand-Rue il y a environ deux semaines de cela, mais disparaîtra très prochainement…. La boutique éphémère entièrement dédiée à l’institution que représente la Schueberfouer connaît, depuis son inauguration, un beau succès et un clin d’œil particulier pour cette tradition qui manque à beaucoup de gens, en ces temps de pandémie et ce, malgré la tenue du «Fun um Glacis», car «ce n’est pas comparable», selon les dires des puristes. C’est par exemple le cas de Robert de Luxembourg-Merl, qui explique que l’initiative de ce pop-up store est «formidable», car «la Fouer, c’est sacré»! Pour Didier, habitant de la capitale, «rien de tel qu’une boutique de ce genre en pleine Grand-Rue, car les très bons souvenirs d’enfance ressurgissent quand on fait son shopping». Quant aux touristes de passage interrogés, ils n’ont trouvé que d’éloges à formuler par rapport à ce concept, à l’image des Néerlandais Mark et Katherin de Rotterdam, qui soulignent «adorer les fêtes foraines».
Hary : «Un beau geste de la Ville»
Les personnes impliquées, de près ou de plus loin, expriment également, elles, leur satisfaction et leur gratitude vis-à-vis de ce projet. Ainsi, Charel Hary, le président des forains et responsable de la boutique en question : «Une très bonne chose, d’autant plus que le magasin est situé au centre-ville. On a beaucoup de visiteurs, locaux et touristes. Les gens sont très intéressés par les maquettes et puis par les affiches de la Schueberfouer qui sont exposées à l’étage. C’est comme un petit musée, quoi. On est également satisfaits de la vente des confiseries. Le magasin fermera pour la braderie, mais la Ville a fait un beau geste. Je remercie les autorités communales au nom de tous les forains, même si nous ne sommes pas heureux tous les jours. La suite? Après le Fun um Glacis, on fera notre saison, comme d’habitude avant le covid, en commençant les kermesses à Echternach, puis à Dudelange, Ettelbruck, Diekirch… et enfin le marché de Noël en ville. Si j’ai une anecdote ou une (més)aventure à raconter par rapport au pop-up store? À mon âge, il n’y a plus d’aventures!», plaisante Charel Hary.
Kayser : «À quand un musée des Arts forains?»
Pour l’historien et expert en Arts forains Steve Kayser, «il est important de rendre attentif à ce qu’il se passe un petit peu plus loin. D’ailleurs, à mon avis, ce concept devrait fonctionner chaque année durant la période de la Schueberfouer. Je trouve que c’est positif. Et pour aller plus loin, pourquoi ne pas faire une boutique permanente, afin de faire participer nos forains à la vie de tous les jours, et cela, pendant toute l’année? Il s’agit d’une autre façon de rendre hommage au patrimoine forain et chaque initiative qui va dans cette direction ne peut qu’être positive.» De plus, Steve Kayser nourrit l’ambition que les grandes entreprises nationales, actives dans le commerce des produits du terroir, s’associent à cette initiative, comme l’a fait la Brasserie nationale avec ses récents autocollants. En clair, l’historien-expert forain verrait bien qu’une boutique du genre mette en vente des produits estampillés «Schueberfouer», tels que des t-shirts, des verres à bière… «Pourquoi pas si cela peut valoriser la Schueberfouer?», s’interroge-t-il. Mais, de manière plus générale, Steve Kayser réitère sa volonté de création d’un musée des Arts forains : «Pourquoi n’en a-t-on pas? Pourquoi n’a-t-on pas de centre d’interprétation? J’ai milité pendant des années pour cela… mais personne n’a vraiment réagi à cela dans le monde politique, sauf quelques-uns. Sans doute faudrait-il plutôt privilégier une telle vision plutôt que celle d’un « store ».»
Wilmes : «Il faut une structure permanente»
Pour sa part, le premier échevin de la Ville, Serge Wilmes (lire également encadré), est sur la même ligne que Steve Kayser, en étant d’avis qu’il faut créer une structure permanente, dans le sens d’un musée. «J’avais déjà cette idée avant de rentrer au collège échevinal, et il y a eu une exposition pour montrer ce qu’est la Schueberfouer. Évidemment, ce serait bien d’avoir une structure permanente quelque part dans la Ville pour pouvoir exposer des objets, mais aussi pour pouvoir faire de la recherche et pour pouvoir raconter l’histoire de cet art forain. Ce serait génial! À Paris il y a un musée, de même qu’il existe une structure de ce type en Allemagne. Ce serait complémentaire et même je pense qu’un tel musée devrait tourner autour de toutes les fêtes populaires et pas uniquement de la Schueberfouer, mais de l’Art forain en général. Le problème : il faudrait déjà trouver un lieu, développer un concept. Mais je suis convaincu que cela pourra se faire. On l’inscrira dans notre programme (électoral/CSV). Je vois cela comme une collaboration entre l’État et la Ville. Il faut juste trouver le lieu. Pour le reste, on a les ressources qu’il faut. Mais en vue d’une structure permanente, il y a encore du pain sur la planche!»
Wilmes : «Une boutique qui
représente le patrimoine de la Ville»
Outre sa volonté de dédier un musée consacré aux Arts forains, le premier échevin de la ville de Luxembourg, Serge Wilmes, souligne que le pop-up store est un succès. Il indique, en effet, n’avoir eu «que des échos positifs». Et cela, aussi bien de la part des occupants, donc des tenanciers de la confiserie Hary, que des maquettistes allemands. «Ces derniers sont vraiment très enchantés», relate-t-il. «Ils sont impressionnés par l’amour que portent les habitants de la Ville et du pays pour la Schueberfouer et cette tradition. Ils sont également impressionnés par le dynamisme de la ville. De plus, la collaboration entre les maquettistes/exposants et les marchands de friandises est exceptionnelle. Même si nous n’avons pas eu de Schueberfouer, il fallait montrer que cela nous tient tellement à cœur. Car c’est plus qu’une fête populaire, il s’agit du patrimoine de la Ville qui fait partie de notre culture. Il fallait donc mettre un accent sur ce point, selon lequel, même en temps de crise, on ne va pas renoncer à croire qu’elle ne soit plus organisée. Et elle le sera probablement l’année prochaine. On n’oublie pas cela et on porte haut les couleurs de cette tradition. Cette boutique est également là pour soutenir les forains et ce n’est pas pour rien qu’elle se situe dans l’artère commerciale du cœur de la ville, la Grand-Rue. Ceci a été pensé pour bien montrer que la Schueberfouer est plus qu’une activité commerciale pour nous!»
Claude Damiani