Après deux saisons d’accalmie, on assiste au retour des virus de l’hiver, avec un risque accentué pour les enfants de moins de 2 ans, qui ont été trop peu exposés aux microbes.
Au Laboratoire national de santé (LNS) de Dudelange qui centralise toutes les données collectées par le réseau Sentinelle luxembourgeois – 24 médecins généralistes et pédiatres disséminés sur le territoire, qui rendent compte chaque semaine des symptômes observés sur leurs patients en consultation – les équipes de microbiologie s’attendent à un pic des virus de l’hiver dans les semaines à venir.
«On analyse ici tous les prélèvements effectués sur les patients et on surveille ainsi l’évolution de sept à huit virus différents au sein de la population», explique le Dr Trung Nguyen, chef du service virologie-sérologie du LNS. Aucun cas de grippe signalé pour l’instant au Luxembourg, mais il pourrait bien y avoir un rebond, dû à un certain relâchement des gestes barrières, selon le virologue qui précise qu’à ce stade, «ce n’est qu’une hypothèse».
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Cette année, le calendrier des virus a été quelque peu bousculé : certains virus qui ont pour habitude de circuler lors de la saison froide, d’octobre à mars, ont ainsi débarqué au printemps, sous une forme plus agressive. Et ce sont les plus jeunes qui en ont fait les frais. «Avec les périodes successives de confinement et le respect strict des gestes barrières, les bébés et les enfants n’ont pas été en contact avec ces virus saisonniers, leur système immunitaire est donc moins bien armé pour y faire face. D’où le rebond virologique», indique le Dr Trung Nguyen.
Le VRS peut vite dégénérer
Et dans la foulée, l’engorgement des urgences pédiatriques : la Kannerlinik de Luxembourg a ainsi enregistré une hausse d’activité de 120 % en avril dernier, puis 86 % en mai et 11 % en juin, par rapport à d’habitude, accueillant jusqu’à 240 petits patients par jour au plus fort de cette épidémie, qui pourrait revenir en boomerang ces prochaines semaines.
Parmi la recrudescence de ces virus, il en est un, le VRS – pour virus respiratoire syncytial – qui inquiète particulièrement car il est responsable de la bronchiolite du nourrisson. D’ordinaire plutôt bénin, avec des symptômes ressemblant à ceux d’un simple rhume, le VRS peut vite dégénérer et provoquer une infection des poumons et des voies respiratoires aux conséquences parfois graves, chez les sujets dont le système immunitaire est fragile.
«Or, avec la pandémie, le VRS n’a pas circulé normalement et une grande partie de la population n’est plus immunisée. Sans exposition plusieurs mois durant, le virus revient en force», note le virologue.
La conséquence d’une «mise sous cloche»
Une «mise sous cloche» inédite, due à la crise sanitaire que l’on connaît depuis plus d’un an et demi maintenant, et qui menace désormais la santé des tout-petits. «Les bébés nés après mars 2020 sont plus vulnérables que les autres, car ils accusent un certain déficit d’immunité collective dû aux précautions sanitaires en vigueur pour lutter contre la pandémie de covid», poursuit le Dr Trung Nguyen. S’ils profitent en effet des anticorps de leur maman jusqu’à six mois après leur naissance, les bébés sont ensuite susceptibles de présenter des symptômes dès leur premier contact avec le virus.
Très contagieuse, la bronchiolite provoque une toux et une respiration difficile, rapide et sifflante. Pour éviter l’hospitalisation, les parents de jeunes enfants sont donc appelés à ne pas emmener leur bébé dans des lieux à risque comme les grandes surfaces et à maintenir la distanciation sociale.
En cas de rhume, les spécialistes recommandent de redoubler de vigilance : il est ainsi conseillé de multiplier les lavages de nez et de s’assurer que l’enfant peut s’alimenter correctement, qu’il n’est pas gêné par sa toux, qu’il ne présente pas de détresse respiratoire ou de sifflement quand il respire. En cas de fièvre persistante, il est nécessaire de consulter sans tarder.
Christelle Brucker