Cinquante-cinq défenseurs de la nature et citoyens lambda ont piqué une tête dans la Moselle, dimanche, en même temps que des milliers de personnes à travers l’UE, afin de sensibiliser à la qualité des eaux impropres.
Cette 2e édition de l’action Big Jump faisait suite à celle de 2005 et a connu un franc succès à Grevenmacher.
À la sortie de sa courte mais symbolique baignade dans une eau oscillant entre 21 et 22°C, la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg (déi gréng), s’est largement réjouie de cette initiative : «Beaucoup de gens ont répondu présent en participant à ce « Big Jump 21 », action qui se déroule dans toute l’Europe, afin de prouver l’ambition liée à la nécessité de disposer d’une bonne qualité des eaux en Europe et aussi au Luxembourg.»
Pour le Grand-Duché, en effet, «c’était justement le bon moment, parce que nous sommes en train d’élaborer notre 3e plan de la directive-cadre de l’eau et nous sommes actuellement en pleine consultation avec les toutes les parties prenantes. Nous constatons d’ailleurs que des progrès ont été faits lors du dernier plan, mais il faut persévérer et espérons que ces avancées seront prises en compte lors de l’élaboration de notre 3e plan qui sera achevé ce 22 décembre», indique la ministre.
Dans les ateliers où s’élabore ce plan, il y a aussi beaucoup de participants et d’acteurs qui se montrent actifs pour y parvenir : des communes, mais aussi des partenaires des cours d’eau. «Nous travaillons aussi avec des chercheurs qui nous permettent, depuis la législation de 2017, de travailler sur les renaturations, les eaux des zones Natura 2000, et au niveau de la protection des eaux potables. De plus on peut aussi aider financièrement des agriculteurs qui aident à protéger la qualité de l’eau. Le but est ainsi de motiver toutes les parties prenantes à faire encore mieux, pour arriver à une bonne qualité des eaux», complète la ministre, qui se dit optimiste pour l’avenir, notamment face aux critiques de la Fédération luxembourgeoise des pêcheurs sportifs. «On a réussi à montrer qu’au cours des 20 dernières années nous avons tout de même une réduction de 50% de la charge polluante provenant des stations d’épuration tout en tenant compte de la croissance de la population.»
Roby Biwer : «Il faut réagir !»
De son côté, le président de l’ASBL natur&ëmwelt, Roby Biwer, confirme qu’il s’agit d’une action pour la bonne cause qui lui donne l’impression que les gens sont de plus en plus conscients de leur milieu naturel : «On ne peut plus continuer comme ça ! La Moselle, comme tous nos cours d’eau, n’est pas dans un bon état, écologiquement parlant. La directive européenne date de 2000 et on avait jusqu’en 2015 pour réussir à avoir des eaux de surface en bon état. Nous nous sommes ensuite donné un délai jusqu’en 2021, mais l’objectif n’est toujours pas atteint. Il faut donc réagir et cette action-ci, symbolique, montre bien cela au monde politique. Le travail doit continuer et à un rythme plus élevé que maintenant.»
Le coordinateur du Big Jump, Stephan Müllenborn, du partenariat de cours d’eau Syre, s’est lui aussi réjoui du nombre de courageux à avoir plongé dans la Moselle «pour la bonne cause». Par ailleurs, il a rappelé que le message crucial était d’avoir de nouveau des cours d’eau propres et s’est montré d’avis que le message était bien passé. «Mais nous sommes loin d’avoir atteint nos objectifs, il y a encore beaucoup de travail à réaliser. Tout le monde doit contribuer. Il y a encore beaucoup de plans, mesures et programmes sur la table et ils doivent enfin entrer en vigueur», conclut-il.
Claude Damiani
«Il faut mettre les moyens financiers»
La protection de l’environnement est l’affaire de tous. Elle n’a pas de couleur politique, comme l’ont prouvé le député-maire de Grevenmacher, Léon Gloden (CSV), et la députée Tess Burton (LSAP), lesquels ont pris part à l’évènement : «Ce saut était très agréable et il me rappelle la jeunesse de mes parents et grands-parents qui, eux, ont pu se baigner dans la Moselle à l’époque, alors que nos propres enfants et nous-mêmes ne disposons pas de ce droit, car la qualité de l’eau doit encore nettement être améliorée, déplore Léon Gloden. Par ailleurs, notre commune est membre du syndicat intercommunal Sidest en charge des stations d’épuration, et en ce sens, il faut que l’État nous subventionne davantage, bien que les communes aient aussi leurs responsabilités. Mais il faut mettre les moyens financiers, car les technologies évoluent très vite», estime encore le député-maire.