Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le Luxembourgeois David Fickinger vient de participer au Main Event des World Series of Poker, le championnat du monde organisé à Las Vegas.
Que les choses soient claires : non, David Fickinger ne va pas revenir millionnaire de Las Vegas. Au départ, il avait pourtant autant sa chance de le devenir que n’importe qui d’autre parmi la demi-dizaine de milliers de participants… Il est finalement resté à table moins de dix heures, autrement dit pas le temps de jouer plus d’une journée. « J’ai eu beaucoup de malchance, mais ça fait partie du jeu , résume-t-il. Ça ira peut-être mieux l’année prochaine. » Cette défaite est d’autant plus dure à avaler que le Luxembourgeois s’était préparé neuf mois durant pour ce tournoi.
La compétition n’est pas terminée, puisqu’elle s’étale du 5 au 14 juillet, moment où les neuf derniers concurrents stopperont la partie avant de revenir aux affaires en novembre pour un immense show sur la chaîne de télé américaine ESPN, la période entre ces deux moments servant à installer toute une dramaturgie autour de l’événement. Voilà dans quel univers a baigné David Fickinger ou plutôt dans lequel il a trempé un orteil.
Les Worlds Series of Poker sont LA référence ultime de ce jeu de cartes et comportent une soixantaine de tournois, selon le prix d’inscription ou la variante de jeu recherchée, et se disputent de mai à juillet. Reste que David Fickinger, lui, était là pour le dessert, le Main Event, le gros morceau, celui où chaque joueur devait débourser 10 000 dollars pour avoir le droit d’asseoir ses fesses à une table. « La plupart des gens qui viennent sont de bons joueurs, mais dans le lot, il y a aussi quelques millionnaires qui viennent juste gaspiller leur argent », souligne David qui, lui, a gagné son entrée grâce à une victoire à un tournoi à Lisbonne.
Récompensé pour sa fidélité par le site sur lequel il joue, il a été invité dans la capitale portugaise pour y disputer un tournoi en octobre. Sur les 43 joueurs participants venus des quatre coins du monde, il a terminé à la 1 re place et décroché le cocotier : un package comprenant, notamment, le billet d’avion, l’hôtel et le fameux sésame d’une valeur de 10 000 dollars.
Un petit cochon porte-bonheur
Tombé dans la marmite du poker il y a dix ans, « juste avant que ça se démocratise vraiment beaucoup », David joue, son activité allant de « pas du tout » à « une douzaine d’heures par semaine », la plupart du temps sur internet et le site 888poker, donc. La société l’a d’ailleurs sponsorisé pour le tournoi dans le Nevada, incluant un certain nombre de clauses dans son contrat afin que le joueur ne nuise pas à l’image de la marque. « Cela disait que je devais me tenir correctement à la table. En gros, il ne fallait pas que je fasse le con », glisse David, qui n’a pas fait le con.
Le Luxembourgeois, dont il est difficile de vérifier s’il était le premier joueur du pays à participer au Main Event, a quitté la partie plus vite qu’il ne le pensait, vraisemblablement trahi par le petit cochon en porcelaine censé lui porter bonheur que sa mère lui avait glissé dans les bagages.
Aujourd’hui, David Fickinger n’est pas un homme malheureux, mais il reste un peu sur sa faim. Lui et sa petite amie Sandra, qui l’a accompagné, avaient pensé à tout, à commencer par laisser le chien, Dima, chez des amis. Loin des clichés du joueur de poker qui se cache derrière une capuche et des lunettes de soleil, David aime jouer à visage découvert.
« Je ne regarde pas trop les expressions du visage des autres. Je préfère me concentrer sur leur manière de jouer , précise-t-il. Les lunettes de soleil, c’est moi qui les ai prises. Je vais profiter du soleil et de la piscine de l’hôtel », ambitionnait Sandra juste avant de partir. Ce défi-là a, a priori, été relevé. Celui de David attendra encore un peu.
Matthieu Pécot
