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Un faux Grand-Duc fait une (sale ?) farce


Un plaisantin s’est fait passer pour le Grand-Duc, annonçant sa démission. Une farce qui pourrait lui coûter cher…

« Cher peuple, les journaux ont annoncé que notre constitution aurait été modernisée. Or, la question de la monarchie a été mise entre parenthèses » écrit « Henri Nassau ». Qui poursuit : « On vous a enlevé, à vous le peuple, le choix de décider librement de la forme de l’État. Et à moi, le Grand-Duc, on a enlevé la possibilité de devenir enfin un citoyen luxembourgeois libre qui a les mêmes droits que tout le monde. Je dénonce cette barbarie. »

Et il ne s’arrête pas là : « Il ne me reste plus qu’à faire comme un démocrate honorable. C’est pourquoi je présente ma démission. En renonçant au trône, je vais enfin pouvoir lancer le débat nécessaire autour de la monarchie. »

Et « pour poser un acte symbolique contre les privilèges de la monarchie et pour souligner mes convictions démocratiques, j’ai demandé hier soir (NDLR : samedi) à ce que ma baignoire en or soit déposée devant le palais grand-ducal », photo à l’appui (ou plutôt photomontage). Et de conclure par un appel au peuple, louant sa « fidélité à la démocratie et à la patrie. » Signé «votre Henri».

L’humour comme outil démocratique ?

L’expéditeur, qui dit s’appeler Henri Nassau, a envoyé ce mail dimanche à une large audience, les médias et des personnalités politiques l’ayant reçu. Il s’agit bien évidemment d’un faux, comme en témoigne d’ailleurs l’adresse mail, d’origine allemande.

Une farce qui, théoriquement, pourrait valoir de sérieux ennuis à son mystérieux auteur. Car s’il n’est écrit nulle part que l’on n’a pas le droit de se moquer du Grand-Duc, comme nous le rappelait récemment le bâtonnier de Luxembourg, l’usage d’un faux nom reste sanctionnable : « Quiconque aura publiquement pris un nom qui ne lui appartient pas sera puni d’un emprisonnement de huit jours à trois mois », et/ou « d’une amende de 251 euros à 3 000 euros », dit l’article 231 du Code Pénal.

Contacté hier, le service de communication de la Cour Grand-Ducale confirme avoir eu vent de ce mail. Mais il ne souhaite visiblement pas mettre de l’huile sur le feu : « on ne commente pas », nous déclare-t-il.

De son côté, Alex Bodry (LSAP), le président de la commission des Institutions et de la Révision constitutionnelle, prend cette histoire avec recul : « Je ne suis pas d’avis qu’on ait dépassé ici les limites du cadre démocratique. C’est un cas classique de débat sur la satire et la liberté d’expression. Il y a actuellement une réforme de la constitution, et il est vrai que certains auraient aimé un débat sur la monarchie. Donc on peut considérer que l’humour est aussi un outil démocratique pour animer le débat. » Un humour qui n’a certainement pas fait rire tout le monde…

Romain Van Dyck