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Un deuxième jardin « partagé » à Esch-sur-Alzette


Non loin de l'école du Brouch, le jardin partagé est une réussite. Allez y cueillir quelques herbes aromatiques pour les derniers barbecues de l'été ! (photo Tania Feller)

La commune d’Esch-sur-Alzette accentue sa politique de jardins partagés et d’espaces verts naturels, avec l’inauguration d’un deuxième espace près de l’école du Brouch, après celui de la place des Franciscains. Reste à savoir si les habitants vont s’approprier ces concepts en vogue dans les grandes métropoles.

Ils interpellent par leur allure : s’agit-il de friches, de parcelles jardinées ou d’espaces publics? De tout, en fait! Vous avez peut-être remarqué ces nouveaux espaces verts aux quatre coins d’Esch-sur-Alzette. Près de l’école du Brouch, par exemple, ou le long de l’avenue de la Grande-Duchesse-Charlotte. Ce ne sont ni des prairies, ni des parcs traditionnels, ni des vergers… mais un peu tout cela à la fois.

Les élus eschois parlent «d’Urban Bongert». En clair, de jardins urbains. Hier matin, avec les responsables des espaces verts, ils ont organisé une visite des nouveaux sites. Tous ne se valent pas et pour avoir une idée précise du concept, il faut flâner près du jardin de l’école du Brouch. Celui de la place des Franciscains est intéressant aussi, mais il date déjà de 2013. « L’idée est de remettre la nature dans les villes , puisqu’elle n’est plus nulle part , lance Martin Kox, échevin déi gréng à Esch-sur-Alzette. Même à la campagne, la monoculture (NDLR : des paysans qui ne font que du blé, par exemple) a fait disparaître certaines fleurs. »

La commune d’Esch-sur-Alzette agit donc, à son niveau, pour une préservation de la biodiversité. Il s’agit de quelques hectares tout au plus, mais qui constituent de véritables écosystèmes pour les abeilles et autres espèces du genre.

Concilier la nature et la vie des habitants

Comme on reste en agglomération urbaine, il faut aussi penser aux habitants. D’où l’aménagement de chemins de promenade, de bancs et surtout, de cueillettes en libre-service. Car on trouve des arbres fruitiers dans les «Urban Bongerten», comme des herbes aromatiques ou des arbustes à baies (framboises, etc.) « Ce choix est volontaire , souligne Martin Kox. Les jardins urbains appartiennent aux habitants, qui peuvent se servir en ciboulette ou parmi les autres espèces disponibles. C’est une façon de s’approprier l’endroit. » La prochaine étape, paraît-il, est carrément de lancer des potagers partagés!

Présentation des projets Urban Bongert et Blummenwisen

« Ce nouveau concept d’urbanisme n’en est qu’à ses débuts , précise Martin Kox. Mais nous avons visité des villes allemandes déjà très avancées sur le sujet .» En effet, le jardin partagé relève du projet en devenir à Esch-sur-Alzette. Les pommiers sont très jeunes, et ce ne sont pas les cinq fruits disponibles qui vont révolutionner la consommation urbaine. Mais l’effort est intéressant, surtout que certains terrains visés sont constructibles et que la commune aurait pu dégager de sacrés bénéfices en les revendant.

Ces espaces partagés ont un dernier impact important, au niveau de la pédagogie. Des panneaux explicatifs permettent de mieux cerner le fonctionnement de la nature et l’intérêt des espaces diversifiés. Les habitants peuvent aussi retrouver la beauté naturelle d’un jardinage responsable, après des années d’espaces verts stéréotypés selon les modes… Tout le monde se souvient des rangées de bacs à géranium dans les années 90! Des plantes gonflées aux produits chimiques enrichis en azote… Tout cela paraît fou, en 2015.

La mode, aujourd’hui, est à l’écologie. Certains auront beau crier au «greenwashing» (prétendre s’inscrire dans une démarche verte), chaque geste compte. Reste à savoir si les habitants eux-mêmes feront l’effort de s’approprier les jardins partagés. Sans quoi, comme pour les pistes cyclables, toutes les impulsions politiques seront vaines.

Hubert Gamelon

Un concept universel

Les jardins partagés résultent parfois d’une nécessité. La ville de Detroit en compte ainsi plus de 1 000. La métropole de l’automobile a été frappée très durement par la crise des subprimes de 2008. Des habitants ont alors repris le vieux rêve hippie du partage de la terre dans une démarche moderne. L’idée a tellement marché qu’aujourd’hui une fiche «d’adoption» de parcelle est disponible en mairie !

On peut aussi tracer un pont avec un passé plus local. Les cités sidérurgiques ont toutes connu les jardins ouvriers, ces lopins de terre prêtés par l’usine sans titre de propriété. Les jardins partagés de demain ne seront, en fait, que des jardins ouvriers ouverts à tous.