Un collectif d’artistes investit un ancien atelier de Dudelange

Un ovni culturel, il n’y a pas d’autre mot. Pendant un mois, à Dudelange, un ancien atelier du laminoir va accueillir artistes, historiens, sociologues et curieux en tous genres. La porte est grande ouverte. La transformation éphémère du lieu s’opère dans le cadre du festival de la Culture industrielle et de l’Innovation, qui couvre tout le sud du pays.

Dans D Kollektiv, il y a un «d» comme dans Dudelange. On sent l’attachement, l’envie d’aller de l’avant. Pourtant les membres ne sont ni de Dudelange ni du sud du pays. « C’est quoi cette expression?, coupe Nora. Pour moi, le Luxembourg a toujours été uni, je n’ai jamais fait la différence entre le Sud et le reste .» Tant mieux. Ce n’est pas le cas de tout le monde en ville, où le Sud industriel fait parfois l’objet de repoussoir.

« Chez les artistes, ce n’est pas pareil, sourit Justine. Nous bougeons d’un territoire à l’autre, nous avons plaisir à rencontrer d’autres gens. » La force d’apporter un regard frais aussi. Voici le sens de la transformation d’un ancien atelier du laminoir en laboratoire d’idées, commencée hier, qui va durer pendant un mois. Soirées à thème, exposition, ateliers manuels, philosophiques ou encore historiques, tables rondes  : l’ancien atelier va retrouver une nouvelle vie, aussi palpitante qu’éphémère.

Esprit de débrouille et beaux projets!

Le D Kollektiv a été fondé spécialement dans le cadre de la 2 e  édition du festival de la Culture industrielle et de l’Innovation. Justine, Marlène, Mich, Nora « et bien d’autres »  : ici on donne juste son prénom, car c’est « la force du collectif qui est mise en avant. Au Luxembourg, on croit toujours qu’il faut faire grand avec de gros moyens. De notre côté, nous faisons avec peu de moyens, mais avec beaucoup de bonnes volontés. » Le D Kollektiv a obtenu la gestion de l’ancien atelier des locomotives auprès de la commune. « Au départ, le plan était plus ambitieux , confesse Nora. Nous voulions obtenir un atelier de travail du fer (NDLR  : artistique… il ne s’agit pas de relancer le laminoir!) . Un espace partagé avec des machines que tous les artistes auraient pu utiliser.»

Le projet s’est enlisé. Il y a des gros sous en jeu  : ArcelorMittal a récemment cédé le terrain à la commune pour l’euro symbolique, à charge pour elle de le dépolluer. La commune compte sur cette nouvelle place pour élargir son projet de quartier Op der Schmelz. Il se murmure même qu’une nouvelle «plateforme culturelle» pourrait pousser sur le site. C’est dire si les jeunes artistes ne pèsent pas lourd dans la balance financière. Mais la détermination du D Kollektiv est sans faille!

Concrètement, comment va être exploité le lieu? « Cette ambiance postindustrielle communique un esprit , explique Nora. L’idée est de faire vivre la mémoire de l’atelier, tout en proposant une approche créatrice et ouverte à tous. » Les ateliers proposés vont se dérouler sur deux jours, « pour que chacun puisse avancer à son rythme, débutant ou non.» Les cercles de discussion, quant à eux, mêleront évidemment le plus grand nombre de participants.

Erwan Nonet