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Un an après la tornade : à Pétange et Käerjeng, la vie a repris son cours


Même si de nombreuses aides arrivent, les façades rappellent encore le passage de la mini-tornade du 9 août 2019 (Photo : Tania Feller).

Le 9 août 2019, une tornade avec des vents de 180 à 250 km/h dévastait sur son passage des dizaines d’habitations. Aujourd’hui, les communes touchées n’ont (presque) plus de stigmates.

Le soleil tape fort sur Bascharage et Pétange, à quelques jours du 9 août. Dans les rues proprettes où les habitants se font rares par ces fortes chaleurs, difficile d’imaginer qu’il y a un an tout juste, des pluies diluviennes et une tornade s’abattaient au même endroit, ravageant au passage des dizaines de maisons.
C’était un vendredi, en fin d’après-midi. À la surprise générale, une tornade d’intensité F2 sur l’échelle de Fujita (qui compte cinq niveaux) balayait les communes de Rodange, Lamadelaine, Pétange et Bascharage de ses vents pointant entre 180 et 250 km/h. Elle laissait derrière elle une sinistre empreinte : 20 blessés, dont deux graves, 80 personnes à reloger, plus de 100 millions d’euros de dégâts.
Une cellule de crise avait alors été spécialement ouverte par le gouvernement, et plus de 100 pompiers déployés sur le terrain, soutenus par l’armée ainsi que par 60 agents et une vingtaine de véhicules du Technisches Hilfswerk venus en renfort d’Allemagne.

Tout semble avoir retrouvé son calme

Aujourd’hui, tout semble avoir retrouvé son calme et son visage d’antan, n’eussent été les nombreux échafaudages qui parsèment les communes, indiquant que des travaux de façade et de toiture sont toujours en cours. Comme devant chez Marcel, un vieux monsieur aux yeux bleus acier, qui vit dans la grand rue reliant Käerjang à Pétange et qui a vu des pans entiers de sa toiture être emportés l’an passé. «Les travaux ont commencé il y a 15 jours», nous fait-il savoir, serein face aux évènements.
À quelques pas de là, on retrouve Christophe. Si au premier coup d’œil sa maison ne semble pas avoir été marquée, en y regardant de plus près, on aperçoit encore des impacts sur la porte de son garage en contrebas d’une allée. Mais c’est à l’arrière de la bâtisse que les dégâts ont été le plus important. «Un sapin de 15 mètres est tombé, le balcon s’est fissuré, nous avons dû changer deux châssis de fenêtres, un velux a aussi été complètement abîmé et des tuiles ont été arrachées», détaille-t-il. Entre les expertises et le confinement dû au Covid-19, les gros travaux se sont achevés la semaine dernière seulement. «Ça été long, ça a pris un an tout de même.»
La crise sanitaire a effectivement mis un gros coup d’arrêt aux chantiers, comme le souligne également le bourgmestre de Pétange, Pierre Mellina : «Nous avons réalisé beaucoup de travaux de rénovation, mais avec le coronavirus, il y a eu du retard pour restaurer toutes les maisons, notamment dans la rue Neuve. Vingt-quatre demeurent inhabitables, mais six familles qui avaient dû être relogées ont toutefois déjà pu regagner leur maison. Les travaux devraient encore durer quelques mois, mais d’ici la fin de l’année tout le monde devrait avoir retrouvé son domicile.» Les familles qui n’ont pas encore pu revenir dans leur maison sont logées dans des appartements, aux frais de leur assurance.

Presque 400 000 euros distribués à Pétange

Les communes de Käerjeng et Pétange avaient reçu 1,1 million d’euros de dons à la suite de la catastrophe, qui ont permis d’indemniser les personnes directement touchées par la tornade. La commune a en effet financé grâce aux dons 70 % des travaux de rénovation de leur maison qui restaient à la charge des habitants (à hauteur de 50 000 euros), après le paiement des assurances et des subventions du ministère de la Famille. Elle a aussi assuré une prise en charge à 70 % des tombes du cimetière communal ainsi qu’une prise en charge de 50 % pour les véhicules endommagés (à hauteur de 10 000 euros).
«À ce jour, presque 400 000 euros ont déjà été reversés aux habitants de Pétange», indique Pierre Mellina. «Nous avons clôturé presque 100 dossiers. Il en reste un vingtaine à traiter, sur lesquels les assurances et le ministère de la Famille travaillent encore.»
La grande majorité des dégâts causés par la tornade au niveau de l’espace public («90 %») ont aussi été réparés : «Il reste une maison communale qui sera démolie à l’automne pour un autre projet, et s’il reste de l’argent des dons, nous nous en servirons pour replanter des arbres car beaucoup ont été cassés», fait savoir le bourgmestre de Pétange.

À l’approche de la date anniversaire de la catastrophe, la plupart des personnes croisées ne semblent pas trop s’en soucier. À l’instar de Paul : lui a «eu de la chance», sa maison n’a pas été touchée, par contre celle de son voisin, mitoyenne, a subi «quelques dommages au niveau de la toiture». S’il se rappelle bien de l’évènement, il ne craint pas une autre tornade. Quant à Christophe, «il y a pensé, sans plus». Mais il concède toutefois être plus prudent depuis la catastrophe : «Lorsqu’il fait trop chaud ou qu’il y a du vent, désormais on ferme les fenêtres et les volets.»

«Après la tornade et le Covid, on espère revenir à une forme de normalité dans les prochaines années!», commente de son côté Pierre Mellina, qui refuse de se laisser aller à la crainte d’un autre désastre. «Je ne crois pas que Pétange ou Käerjeng soient plus exposées à un phénomène de tornade que d’autres communes. Certes, elles ont été durement frappées et j’espère que ce phénomène ne se reproduira plus, mais je ne vis pas dans cette crainte. Il faut rester positif. De toute façon, on ne peut rien changer, et si ça arrive, il faut juste agir.»
La commune ne compte d’ailleurs pas célébrer cet anniversaire, pandémie oblige, prévient le bourgmestre. «En plus des restrictions sanitaires, nous avons beaucoup de dossiers à traiter à cause du Covid, notamment concernant la rentrée scolaire. Par contre, en fonction de l’évolution de la crise, pourquoi pas organiser quelque chose lorsque tous les travaux seront finis et que chacun aura retrouvé son domicile?»

Tatiana Salvan