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Toute la Moselle à déguster dans la capitale


La dégustation a débuté vendredi. Le ministre Fernand Etgen est venu inauguré ce nouveau rendez-vous dans la capitale. (photo Fabrizio Pizzolante)

La grande dégustation que les vignerons indépendants proposent, ce week-end au hall Victor-Hugo, permet de découvrir ce que la Moselle offre de meilleur. Le vignoble ne court que sur les 42 kilomètres où la Moselle lèche le Grand-Duché, mais les découvertes sont nombreuses. Diversité des cépages et des couleurs, vins tranquilles ou effervescents, variations géologiques:le corpus des vins produits en terre luxembourgeoise est bien plus large qu’on pourrait le croire.

Les vignerons indépendants ont déserté ce week-end leurs domaines mosellans pour venir se présenter dans la capitale. Depuis vendredi soir et jusqu’à ce dimanche (15h-19h), ils invitent les amateurs à découvrir leur production dans le foyer du hall Victor-Hugo, au Limpertsberg.

L’Organisation professionnelle des vignerons indépendants (OPVI) luxembourgeoise a été fondée en 1966 et fêtera donc son cinquantenaire l’année prochaine. Fondée sur le même principe que ses homologues français, elle regroupe les vignerons qui ne dépendent de personne et qui font tout eux-mêmes : de la culture de la vigne à la vinification en cave en passant par la vente de leurs vins.

Ce week-end, 33 maisons sont présentes au Wäikues, un vieux mot luxembourgeois à nouveau utilisé et que l’on peut traduire par «dégustation». Que l’on connaisse ou non les vins du Grand-Duché, il n’y a pas de meilleure occasion pour découvrir ces crus ou approfondir ses connaissances en compagnie de ceux qui font le vin. Car du Nord au Sud, les vignerons indépendants sont présents dans toutes les localités et sur l’ensemble des terroirs mosellans. Alors que la vigne couvre environ 1 300 hectares, les indépendants en possèdent 40 %. Une proportion qui, petit à petit, a d’ailleurs tendance à croître.

Une surprenante diversité

Découvrir n’est pas un vain mot car les 42 kilomètres du vignoble luxembourgeois ne sont pas monolithiques. Les marnes calcaires keupériennes du Sud, autour de Schengen, Schwebsange, Bech-Kleinmacher, Wellenstein ou Remich offrent des vins souvent opulents. Plus au Nord – vers Grevenmacher, Wormeldange, Machtum Ahn ou Ehnen –, c’est davantage le calcaire coquillier qui affleure. La présence de cette roche dans laquelle les racines puisent leurs nutriments offre un caractère particulièrement minéral aux vins qui y naissent.

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Qui plus est, le vignoble luxembourgeois est l’un des plus diversifiés au monde. Alors qu’en Bourgogne, à Bordeaux ou en Champagne on ne travaille que deux ou trois cépages, ici, on en compte une dizaine au moins. Il ne faut pas snober les plus simples (rivaner, auxerrois, pinot blanc…) qui peuvent surprendre agréablement. La richesse aromatique du pinot gris en fait un vin consensuel, il s’agit du cépage le plus vendu au Grand-Duché. Le riesling, droit et fin, est le roi des vins mosellans. Le gewurztraminer est souvent plus digeste et moins marqué par la sucrosité qu’en Alsace. Le chardonnay, cépage international élégant est en train de trouver au Luxembourg une terre qui lui sied à ravir.

Et il ne faut pas oublier les vins rouges. Avec le temps, les vignerons ont appris à gérer le bois des barriques et obtiennent à présent des rouges convaincants. Enfin, il y a les bulles. Les crémants sont certainement les vins du cru les plus connus et ils n’ont pas volé leur excellente réputation.

photo Fabrizio Pizzolante

photo Fabrizio Pizzolante

La dégustation de ce week-end permet donc de trouver en un seul lieu toute la palette des vins locaux. Les visiteurs peuvent s’y faire le palais et affiner leurs préférences. Mais autant le dire tout de suite, c’est une affaire de patience! Le choix est vaste, car la volonté affichée il y a une vingtaine d’années par les vignerons indépendants de se tourner vers une production qualitative a été suivie d’effets : les bonnes bouteilles sont légion!

Crème de la crème, les indépendants ont lancé en 2007 leur propre gamme d’exception : la Charta Privatwënzer. Ils sélectionnent leurs meilleures bouteilles issues des terroirs les plus qualitatifs. Celles-ci sont ensuite soumises à une sévère dégustation. Tous ces vins doivent répondre à un cahier des charges strict. À la vigne, d’abord, où les engrais autres qu’organiques sont prohibés et où les rendements des parcelles concernées ne doivent excéder les 60 hectolitres par hectare. À la cave, ensuite, où l’enrichissement des vins par chaptalisation est interdit. La charte permet en fait aux vignerons d’orienter toute la chaîne de production vers l’excellence pour atteindre l’harmonie la plus aboutie entre le cépage et son terroir.

Erwan Nonet

photos Fabrizio Pizzolante

photos Fabrizio Pizzolante