Entre deux parties de volley, les étudiants expliquent comment ils relayent l’image du Luxembourg à l’étranger. Le multilinguisme force souvent l’admiration.
En forme, les étudiants luxembourgeois! Ce ne sont pas quelques repas arrosés ni même le fameux bal de Zurich qui vont les arrêter. «Au contraire, sourit Pascal Thinnes, vice-président de l’Association des cercles d’étudiants luxembourgeois (ACEL). Notre tournoi de Noël se tient toujours les 26 et 27 décembre. On a bien mangé, on s’est bien reposés, il faut se dépenser!»
Tout le monde ne s’est pas levé du bon pied, mercredi matin, quand nous arrivons sur le campus de Merl. Sur les terrains de volley, quelques services finissent à côté!
Peu importe : l’ambiance est bonne, on se chambre entre cercles concurrents et les matches finissent à la buvette. «Plus de 40 cercles sont engagés cette année, précise Pascal Thinnes. Soit trois de plus qu’en 2016.» Les cercles de Hambourg, Aberdeen et BTS-Luxembourg ont rejoint les terrains.
Le tournoi de Noël se joue traditionnellement sur deux jours autour de trois disciplines : le basket, le volley et le sport roi pour la fin, le football. «Nous incitons à un maximum de mixité, précise Pascal Thinnes. En volley, c’est même obligatoire d’avoir au moins deux filles dans l’équipe.»
Les étudiants jouent le jeu à fond. Plusieurs cercles ont carrément un équipement portant le nom de leur ville universitaire d’adoption. On retrouve de nombreuses facultés allemandes et autrichiennes. Mais aussi quelques grands noms français, comme Strasbourg et Montpellier. Et les universités belges, bien sûr, avec Liège ou Bruxelles!
La force des jeunes : le multilinguisme
L’occasion d’aller à la rencontre de jeunes Luxembourgeois qui racontent leur expatriation. Entre deux matches, l’équipe du cercle de Berlin se confie. Quelles sont les premières questions qu’ils affrontent en arrivant dans la capitale allemande?
«On nous demande si le Luxembourg est un pays à part ou une région rattachée à la France», sourit Alex. Il faut dire que Berlin ce n’est pas la porte à côté : 750 kilomètres depuis Luxembourg! «On nous demande aussi quelle langue nous parlons», ajoute Virginie.
Et là, c’est la classe! «Ils sont souvent impressionnés de voir que nous parlons bien allemand, décrit Alex. On leur explique pourtant que la langue de base est le luxembourgeois.»
Les Berlinois sont d’ailleurs assez interloqués d’entendre la langue luxembourgeoise dans les discussions.
Si loin de la langue de Goethe et parfois si proche : «Je vis dans une colocation avec un autre Luxembourgeois et un Allemand, raconte Alex. La première fois qu’on a parlé luxembourgeois entre nous, notre colocataire a dit : « c’est quoi ce langage? » À force de nous entendre, il nous comprend aujourd’hui.»
Le multilinguisme à la luxembourgeoise, c’est aussi l’avantage de parler français. Pas tellement à Berlin même, «quoique la capitale est très mélangée, glisse Virginie, et que l’on rencontre des gens du monde entier».
Mais pour voyager dans sa carrière. Nora, par exemple, aimerait travailler au Canada. Le match accent canadien-accent luxembourgeois promet une belle démonstration de francophonie!
Les autres étudiants hésitent à rentrer au pays juste après les études.
«On se dit que voyager est une belle opportunité, glisse Daniel. D’un autre côté, vu le prix de l’immobilier au Luxembourg, la solution la plus raisonnable est de rester chez nos parents quelques années, et d’économiser nos premiers salaires pour nous permettre un premier achat après.»
On voit bien, à travers ce raisonnement, que l’immobilier reste une préoccupation majeure pour la jeunesse luxembourgeoise, victime de l’inflation non maîtrisée du foncier. Mais en cette semaine de Noël, la tête reste à la fête. Le long des terrains, ça crie et ça chahute comme dans une cour de récré. Pas de doute : les étudiants restent de grands enfants!
Hubert Gamelon