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Tourisme : Lex Delles veut valoriser les trésors méconnus


Le ministre du Tourisme s'est rendu vendredi dans l'est du Grand-Duché, sur la boucle de Manternacher fiels (Photo : Sophie Kieffer).

Le ministre du Tourisme, Lex Delles, a arpenté vendredi les pistes boisées de la réserve naturelle Manternacher Fiels à la rencontre de ses trésors naturels méconnus.

Nombreux sont les coins charmants au Luxembourg qui valent le coup d’œil, mais dont on ne soupçonne pas l’existence qu’on soit touriste ou luxembourgeois. Manternacher Fiels, réserve naturelle à Manternach, est l’un de ces endroits. Essentiellement connue des marcheurs et des gens du cru, la réserve naturelle mérite pourtant le détour. Ne serait-ce que pour saluer le travail effectué par le syndicat d’initiative local, par l’office régional de tourisme et par l’équipe de Luc Roeder qui gère A Wiewesch, un des cinq centres de l’administration de la Nature et des Forêts, dont le but est de sensibiliser à la conservation de la nature et de ses ressources. Situé depuis 2004 dans un ancien corps de ferme, A Wiewesch est plus particulièrement dédié à la biodiversité et la durabilité.

Grâce à des passionnés, les vignes en terrasse de la réserve de Manternacher Fiels revivent (Photo : Sophie Kieffer).

Grâce à des passionnés, les vignes en terrasse de la réserve de Manternacher Fiels revivent (Photo : Sophie Kieffer).

En raison de la pandémie de Covid-19 et grâce à #VakanzDoheem, l’initiative du ministère du Tourisme pour encourager les résidents luxembourgeois à découvrir leur propre pays tout en limitant les risques de propagation du virus, les chemins de randonnée qui sillonnent la vallée ont été très fréquentés cet été. Plus de 10 000 randonneurs ont été recensés cette année contre 6 322 l’année précédente et 3 300 en 2018. Cette augmentation croissante de visiteurs met cependant le village face à ses limites : ne disposant pas de restaurant ni de buvette ni d’endroit où passer la nuit, il n’est qu’un endroit de passage. La buvette du centre A Wiewesch est charmante, mais elle ne reflète pas les ambitions des opérateurs du lieu.

Vendredi après-midi, Lex Delles, le ministre du Tourisme, est venu découvrir la boucle Manternacher Fiels, celle qui est la plus fréquentée par les randonneurs.
Elle est présentée comme le cœur de ce territoire classé zone naturelle protégée en 2012 et faisant partie du réseau de Natura 2000 qui représente à lui seul, avec ses 57 hectares, 24 % de l’ensemble des forêts poussant dans des gorges au Luxembourg. «La forêt est intacte depuis un demi-siècle, note Luc Roeder. Le syndicat d’intérêts locaux dégage uniquement les chemins de randonnée.» Suivant le chemin de randonnée choisi, on traverse toute la réserve et ses différents paysages. Sur de courtes distances, on découvre entre autres les vergers, une ancienne écluse et un aqueduc ou encore d’anciennes cultures viticoles en terrasse qui donnent chaque année un délicieux pinot gris ou de l’auxerrois.

Ce vignoble perdu en pleine nature a été la deuxième étape de la visite du ministre après la découverte du panorama magnifique sur l’Allemagne depuis les hauteurs de Lellig. Il faut s’imaginer des murs en pierres sèches dorées, vestiges de la viticulture qui y était pratiquée depuis le XVIIIe siècle jusqu’à la fin des années 1950, entourés d’une épaisse forêt de chênes. Jusqu’à ce que le syndicat d’initiative ne fasse l’acquisition du terrain et l’intègre à la réserve naturelle, l’espace avait été recouvert de sapins. Le syndicat a restauré les terrasses et les murs avant de replanter des vignes sur une surface de 35 ares. Une partie reste encore à remettre en état.

La région chevillée au cœur du syndicat

Mais ce qui rend la visite exceptionnelle pour les amoureux de la nature, c’est la diversité entre la campagne et la forêt. La réserve naturelle concentre une grande variété de biotopes différents sur un petit espace de part et d’autre de la vallée. Il y a les sols calcaires et les rochers recouverts de chênes du flanc sud et le sol plus riche du flanc opposé qui bénéficie d’un climat différent et sur lequel se déploient des essences différentes. Entre les deux, des gorges verdoyantes, terreau d’érables sycomores, des frênes, des tilleuls ou des ormes de montagne.

Au printemps, des scilles d’un bleu pâle émergent du sol tapissé de mousse fraîche.
Il faut parfois escalader un talus, enjamber un tronc d’arbre ou jouer les équilibristes, longer l’eau pour entendre vivre la forêt, les craquements comme ceux d’un vieux navire, les cimes qui tanguent au vent. S’il dégage les chemins, construit des bancs ou vide les poubelles qui jalonnent les presque 15 kilomètres de chemins de randonnée, le syndicat se fait un point d’honneur de laisser vivre la nature sur les conseils de l’équipe de l’administration des Eaux et Forêts, comme le ministre a pu s’en rendre compte lors de la visite.

De retour au centre A Wiewesch après un tour de l’exposition permanente, Lex Delles a salué cette belle entente entre les différents acteurs de la région et a indiqué que «si le tourisme fonctionne aussi bien au Luxembourg, c’est grâce à des passionnés de leur région regroupés en associations» qui développent des projets pour mettre en avant leur région «avec le cœur et l’âme». Nul doute que, charmé, le ministre mette en avant la réserve naturelle et ses nombreuses possibilités de randonnée ainsi que de découverte de la nature et de la manière de la préserver et la restaurer.

Sophie Kieffer