Faute de touristes dans la capitale, le nombre des visiteurs du LCTO est en chute libre cette saison. Pour éviter que la situation ne se reproduise, l’organisme veut regagner la confiance des touristes.
Frontières fermées puis rouvertes, listes rouges, recommandations de voyages, trafic aérien international interrompu, risque de quarantaine… Les conditions pour envisager un séjour reposant à l’étranger cet été étaient loin d’être réunies. Si beaucoup de Luxembourgeois ont choisi de pratiquer les «Vakanz Doheem», il en était de même des touristes qui choisissent le Luxembourg comme destination et visitent sa capitale. Point de groupes échappés d’un autobus, agglomérés autour d’un guide à parapluie dans les ruelles de la Vieille Ville ou de boutiques de souvenirs prises d’assaut cette année. Ni même de files devant l’office du tourisme sur la place Guillaume-II. Alors que l’été touche à sa fin, Tom Bellion, le directeur du Luxembourg City Tourist Office (LCTO), s’attend à être bien en deçà des 7 000 visites guidées organisées à travers la capitale l’année dernière.
«Les touristes asiatiques et américains ne sont pas venus en Europe, et donc au Luxembourg, parce que les vols et les voyages en Europe ont été annulés» , explique-t-il. «Nous avons également dû annuler des visites que nous avions organisées pour des groupes issus de nos pays voisins en raison des recommandations sanitaires émises par notre gouvernement et certains groupes ont choisi d’annuler leur venue eux-mêmes en raison des recommandations sanitaires émises par leurs gouvernements par rapport aux voyages au Luxembourg.»
En raison du confinement, le LCTO n’a pas pu organiser de visites guidées avant le 1er juillet. La saison touristique était déjà bien entamée. Dans un premier temps, ces visites étaient ouvertes à 19 personnes masquées sans compter le guide avant que, dix jours plus tard, la nouvelle loi sur la pandémie ne ramène ce nombre à neuf. «Nous avons été freinés dans notre élan, estime Tom Bellion. Nous avons donc dû mettre des guides supplémentaires à disposition des groupes qui avaient déjà réservé une visite guidée sur commande à ce moment-là.» 70 guides pratiquant 25 langues officient de manière indépendante au LCTO en temps normal. Un peu moins en période de pandémie.
«Nous avons demandé à nos guides lesquels d’entre eux étaient prêts à travailler malgré les risques et le port du masque obligatoire», précise le directeur du LCTO. «Une centaine a répondu présent, mais nous n’avions de toute façon pas suffisamment de travail pour les employer tous.» Alors que l’année passée, 999 visiteurs se sont présentés à l’accueil du LCTO le 1er août – journée record de 2019 –, ils n’étaient que 350 le 4 août dernier, journée record de cette année. Le mois d’août est le mois le plus fréquenté avec 700 visiteurs en moyenne par jour. Cette année, la moyenne est de 200 visiteurs. Soit «deux tiers de visites en moins».
Les Casemates condamnées
«Ces chiffres ne sont pas représentatifs de l’activité touristique de la capitale dans son ensemble, mais ils sont parlants» , estime Tom Bellion. La majeure partie de la clientèle de l’office du tourisme, les visiteurs allemands, a préféré rester outre-Moselle. «Ils représentent 25 % de nos visiteurs selon les statistiques effectuées dans notre bureau d’accueil. La moitié vient du monde entier et le quart restant de France, de Belgique, des PaysBas et du Luxembourg» , explique Tom Bellion. «Seul le nombre de touristes néerlandais est resté plus ou moins constant.»
La pandémie a également encouragé les résidents luxembourgeois à (re)découvrir la capitale, ses monuments et son histoire, fil rouge de celle du pays. La campagne «Luxembourg City at your fingertips» promouvant des visites virtuelles d’établissements culturels ou des concerts en ligne les a inspirés. «Comme tous les plans et les explications étaient disponibles en ligne, je ne pense pas que tous les résidents soient passés par notre bureau d’accueil. Il se peut que certains échappent à nos statistiques», précise le directeur.
La visite du palais grand-ducal reste, malgré la pandémie, la plus prisée. «Nous étions heureux que la Cour nous autorise à les organiser. Nous avons pu conserver le même nombre de visites quotidiennes que l’année passée (NDLR : huit) et 90 % des places ont été vendues», explique Tom Bellion. Les deux visites régulières de la capitale organisées par le LCTO ont, quant à elles, eu à pâtir des effets négatifs de la pandémie sur l’industrie du tourisme. «Nous n’avons pas atteint le nombre de neuf par groupe pour toutes les visites, vu le peu de touristes dans la capitale» , précise-t-il. Idem pour les visites sur commande, dont bon nombre ont dû être annulées. De son décompte, le LCTO a également dû soustraire les visites des Casemates fermées bien avant que le Covid-19 ne fasse son apparition dans notre quotidien. Record de vente du LCTO, elles avaient totalisé 150 00 visiteurs lors de la saison dernière. «Nous étions en train de retravailler les mesures de sécurité à l’intérieur des Casemates pour leur réouverture en début de saison. Quand la pandémie a éclaté, nous avons constaté que les Espagnols, les Néerlandais et Vauban n’avaient pas prévu la pandémie quand ils ont creusé ces couloirs étroits dans la roche», note le directeur. «Nous sommes en train d’élaborer un nouveau concept de visites pour pouvoir les rouvrir à terme.»
Une campagne rassurante
La situation est grave, mais pas désespérée pour Tom Bellion. Il sait qu’il peut compter sur la Ville de Luxembourg en cas de coup dur et que «l’Autriche et l’Italie vont commencer à vacciner leur population en début d’année prochaine et les vols internationaux ont repris entre la Chine et l’Europe…» Il espère donc pouvoir retravailler dans des conditions un peu plus normales lors de la saison prochaine, même s’il est conscient que la situation ne sera peut-être pas encore stabilisée d’ici là. Pour voyager à l’étranger, les gens doivent pouvoir reprendre confiance et oublier la peur. Le LCTO travaille à les rassurer au travers d’une campagne marketing.
«Un des points de cette campagne est de certifier aux touristes que les mesures sanitaires sont parfaitement respectées et que nous faisons tous les efforts possibles pour les accueillir en toute sécurité», explique le directeur. «Nous développons une multitude d’outils numériques pour faire passer les messages de manière virale. Nous travaillons également avec l’agence nationale Luxembourg for Tourism pour définir le contenu d’une campagne de relance touristique.»
En attendant le retour des touristes, le LCTO adapte ses produits et cible ses clients différemment. Notamment en proposant des visites sur mesure ou à la carte. «Notre grand nombre de guides multilingues et pluridisciplinaires est notre force», affirme Tom Bellion. Les nouveaux résidents ou expatriés sont également un vivier important à ne pas négliger dans les années à venir.
Sophie Kieffer