L’International Kindergarten, dans le quartier de Merl, applique le concept d’éducation plurilingue depuis cinq ans. Petite visite guidée.
Sous la tutelle du ministère de l’Éducation nationale depuis 2014, la crèche internationale de la rue de Nassau accueille des enfants de 2 à 4 ans, issus d’une multitude de milieux sociaux et culturels. Il s’agit donc à première vue d’une crèche comme il en existe tant d’autres à travers le pays. Sauf que celle-là suit les lignes directrices du concept d’éducation plurilingue promu par le gouvernement.
Concrètement, la crèche dirigée par Martine Pinzi applique l’approche pédagogique «One face, One language» (un visage, une langue). Chacun des pédagogues et éducateurs de la crèche, quelle que soit sa langue maternelle, a pour consigne de ne communiquer avec les enfants que dans l’une des deux langues véhiculaires pratiquées dans l’établissement, à savoir le luxembourgeois ou le français.
Une partie des intervenants n’est ainsi habilitée qu’à parler la langue de Molière, tandis que d’autres éducateurs ne doivent s’exprimer que dans la langue de Michel Rodange. «Tout cela est défini à l’avance et le personnel recruté est formé en interne», souligne la chargée de direction, Martine Pinzi.
Valoriser les langues maternelles
Mais ce principe d’apprentissage, a priori bilingue, s’inscrit dans un concept pédagogique global bien plus vaste qui se veut plurilingue. En effet, la crèche vise à valoriser les langues maternelles et les cultures de chaque enfant, quelles qu’elles soient, par des rituels, des jeux, des ateliers, mais aussi du matériel didactique tel que des livres.
Car à la crèche internationale de Merl, on chante les comptines pour enfants, dont le fameux Frère Jacques, dans différentes langues : français, allemand, anglais et même en italien. «Nous encourageons les enfants à pratiquer leurs langues natives respectives d’une façon décomplexée, afin de développer leur confiance et leur estime de soi», justifie Martine Pinzi. Mais si l’éducateur Francesco maîtrise, comme son nom le suggère, la langue de Dante, les langues davantage «exotiques» ne sont pas forcément maîtrisées par le personnel.
D’où la mise à contribution des parents au cours d’ateliers auxquels ils participent activement, mais également l’utilisation d’un matériel didactique. «Nous avons, par exemple, des livres en anglais ou en portugais à la disposition des enfants anglophones et lusophones», explique l’une des éducatrices de la crèche.
Chants, livres et parents constituent donc autant de ressources qui permettent aux enfants de garder un lien fort avec leurs racines, qu’elles soient serbo-croates, ukrainiennes ou japonaises. «Le développement social et émotionnel est au cœur de notre système d’éducation», a tenu à conclure Martine Pinzi.
Claude Damiani