Le Centre pour le développement socio-émotionnel a créé un sentier de pleine conscience, accessible à tous, en plein cœur du parc du château de Munsbach.
Un coup de gong et c’est parti pour un moment rien qu’à soi, ancré dans l’instant présent. Dalle après dalle, sur le petit sentier qui serpente le parc du château de Munsbach, diverses étapes nous mènent à prendre conscience de ce qui se joue en nous en nous focalisant tour à tour sur notre respiration, sur les odeurs environnantes, sur l’observation des arbres alentour… Nous sommes à quelques minutes à peine de l’effervescence du Kirchberg et semblons pourtant perdus en pleine nature dans le magnifique cadre qu’offre le parc du château situé dans la commune de Schuttrange.
Ici, les mains glisseront sur une pierre pleine d’aspérités, avant de découvrir la douceur des plumes déposées dans une boîte à proximité. Là, il s’agira de sentir des plantes aromatiques ou d’écouter les sons émis par des carillons, de profiter de l’ombre d’un hêtre pour se concentrer sur une courte méditation…
Une demi-heure durant, si on le parcourt dans sa totalité, le sentier de pleine conscience, ou Achtsamkeitspfad, nous invite à prêter attention au moment présent, en observant nos émotions, pensées et sensations physiques, mais sans jamais porter de jugement.
De nombreux bienfaits
La pleine conscience (ou mindfullness en anglais) est une forme de méditation qui procure de nombreux bienfaits : apaisement, amélioration de la concentration et de la mémoire, réduction du stress, mieux-être, meilleure perception et gestion de ses émotions, plus grande empathie…
Des effets bénéfiques que la directrice du Centre pour le développement socio-émotionnel (CDSE) Diane Dhur et son adjointe Véronique Schons ont pu constater auprès des jeunes dont elles s’occupent au sein du CDSE, qui a ses quartiers dans le château de Munsbach (voir encadré) et qu’elles ont décidé de partager avec tout un chacun.
«Nous avons constaté les bienfaits considérables de cette pratique sur nos élèves. La pleine conscience rapproche les enfants de leurs émotions, ils apprennent à mieux les connaître et les distinguer, les percevoir, les interpréter et également les reconnaître chez les autres. Ils deviennent plus empathiques, regagnent un équilibre socio-émotionnel et développent des interactions plus harmonieuses avec leurs camarades», explique Jessica Robert, responsable de communication au CDSE.
Or la pandémie, avec ces périodes d’isolement et les incertitudes sur l’avenir qu’elle a soulevées, a engendré du stress chez nombre d’enfants (et d’adultes également) qui ne présentaient pas nécessairement des troubles socio-émotionnels. «Beaucoup se sont retrouvés subitement submergés par des vagues d’émotions et des sentiments difficiles auxquels ils ont dû faire face, ils n’avaient pas forcément les outils pour gérer tout cela», poursuit Jessica Robert.
Diane Duhr et Véronique Schons ont donc décidé de mettre en place un sentier qui permettrait à tous ceux qui le souhaitent, petits et grands, d’apprendre la pratique de la pleine conscience. «Le parc n’est jamais fermé, on peut donc venir quand on veut. On peut parcourir le sentier tout seul. Et on n’est pas obligé d’effectuer le parcours en entier, ni de suivre un certain sens.»
Méditations sur smartphone
Le sentier de pleine conscience compte en effet neuf étapes balisées. Chaque étape porte sur un exercice qui attire l’attention sur des points précis en se focalisant sur des sensations corporelles particulières : lâcher prise pour se concentrer sur l’instant présent, respirer, sentir, percevoir ses pensées et les laisser passer, marcher, utiliser son odorat, observer, écouter…. L’étape finale se situe à la fontaine du parc, où des bancs ont été spécialement ajoutés pour permettre de se ressourcer.
À chaque étape, sur le panneau qui détaille l’exercice, se trouve aussi un QR code à flasher au moyen de son smartphone, qui permettra d’accéder à des courtes méditations en lien avec le thème de l’étape. «Les méditations ont été réalisées par des professionnels, créées tout spécialement pour ce parcours, et sont lues par des acteurs», souligne Jessica Robert. Des bancs et des tabourets ont là aussi été installés afin de mieux se concentrer sur la méditation.
Les fichiers audio sont disponibles en français, en luxembourgeois, en allemand et en anglais. Un guide audio en luxembourgeois permet en sus aux malvoyants de s’orienter tout au long de l’expérience, tandis que des dalles texturées différemment les aident à repérer les différentes balises.
«S’offrir une telle pause, même cinq minutes sur le temps de midi, n’est pas une perte de temps, bien au contraire. La pleine conscience permet de se calmer, de prendre du recul sur les évènements et de repartir avec plus d’énergie», rappelle Jessica Robert.
La jeune femme, qui se dit plutôt de nature stressée, était elle-même sceptique concernant les bienfaits de la pleine conscience il y a peu encore. Mais depuis qu’elle a appris, ici au château, à pratiquer cette forme de méditation, elle apprécie la détente que cela lui procure. «La pleine conscience calme mes pensées. Même en ne prenant que quelques instants, on observe des bénéfices. Lorsqu’on va sur son téléphone, on a l’impression de faire une pause, mais ce n’en est pas vraiment une. Les réseaux sociaux peuvent aussi être un facteur de stress, tandis que la nature apporte toujours une forme d’apaisement. C’est quelque chose qu’il faut apprendre à pratiquer en amont, afin de pouvoir mieux gérer des situations de crise.»
Tatiana Salvan
Besoins socio-émotionnels
Le Centre pour le développement socio-émotionnel (CDSE) travaille avec des enfants et des jeunes ayant des besoins spécifiques dans le domaine socio-émotionnel. Il appartient au réseau des huit centres de compétences en psychopédagogie spécialisée et de l’Agence de transition à la vie active (ATVA) mis en place par le ministère de l’Éducation nationale il y a trois ans.
Le CDSE offre conseil individuel et accompagnement des parents ou des tuteurs, coaching aux enseignants et personnel spécialisé, diagnostic et scolarisation spécialisée, prise en charge ambulatoire et dispense également des formations concernant la prise en charge de ces jeunes aux besoins socio-émotionnels spécifiques.