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Steinfort – L’épicerie sociale à plein régime


En moyenne, 80familles se rendent à l'épicerie sociale de Steinfort chaque semaine. (Photo : Archives LQ)

De façon surprenante, le local de la Croix-Rouge qui a ouvert en mai connaît des fréquentations record. Quatre-vingts familles s’y rendent chaque semaine.

L’épicerie sociale qui a ouvert ses portes le 18 mai couvre les communes de Steinfort, Mamer et Strassen.

La maison a appartenu à un dentiste, puis à un prêtre, puis à une dame qui élevait des animaux. Une sorte de ferme urbaine, en plein cœur de l’artère principale de Steinfort. Aujourd’hui, c’est une épicerie sociale. Décidément, ces murs ont toute une histoire! Ils renferment une chaleur humaine, loin de l’accueil neutre auquel on s’attend dans une structure pour les plus démunis. «L’épicerie de la Croix-Rouge a ouvert le 18 mai, rappelle Isabelle Veckemans, responsable nationale de l’association. Quatre mois plus tard, le constat est sans appel : au prorata des heures d’ouverture, c’est le centre le plus visité des sept du pays.» En moyenne, 80 familles sont prises en charge par semaine. Seule l’épicerie sociale de Differdange «fait mieux», si l’on peut employer l’expression, «mais elle est ouverte en permanence, alors que Steinfort n’ouvre qu’à mi-temps.»

Pas la proximité de la Belgique

Il faut le souligner tout de suite, ce n’est pas la proximité avec la Wallonie (qui porte injustement l’image d’une région pauvre) qui est en cause. «Tous les bénéficiaires doivent recevoir des bons des assistantes sociales luxembourgeoises.» En clair, il faut résider au Grand-Duché pour y prétendre. Marie-Josée Lallemang, responsable du local de Steinfort, croit tout simplement que «la précarité frappe partout aujourd’hui, plus seulement dans les grandes villes. Nous avons des bénéficiaires qui n’auraient jamais cru franchir la porte un jour. Ils avaient une situation, ils perdent leur boulot et, avec une famille, le glissement va vite.»

Ce sont les assistances sociales qui évaluent la nécessité d’attribuer des bons pour aller à la Croix-Rouge. Le seuil est en général fixé à un «reste à vivre» de 400 euros par mois. Un adulte a en moyenne le droit à 25 euros d’achat par semaine, et 15 euros par enfant à charge. L’épicerie sociale fournit des articles de base dans le rayon alimentaire, comme dans le rayon sanitaire. «Le vrai prix reste affiché pour que les bénéficiaires gardent le contact avec la réalité», explique Isabelle Veckemans. Papier essuie-tout, fruits, pâtes, légumes, lait, dentifrice : autant de produits accessibles. «Nous sommes toujours dans l’idée d’apporter un plus», précise cependant la responsable. L’épicerie de Steinfort propose donc quelques extras, selon les négociations de la centrale d’achat de la Croix-Rouge luxembourgeoise. Du chocolat, des beaux morceaux de viande, des fruits exotiques.

La fréquentation record de l’épicerie peut aussi s’expliquer par la bonne coordination avec les offices sociaux des trois communes concernées : Steinfort, Mamer et Strassen. «L’impulsion est politique, résume Isabelle Veckemans. Steinfort nous loue d’ailleurs gratuitement le local.» La Croix-Rouge, de son côté, assure le fonctionnement grâce aux dons. À ce rythme, l’épicerie sociale de Steinfort devrait coûter plus de 100 000 euros par an.

Hubert Gamelon