En posant le pied dans le jardin des deux maisons les plus proches, impossible de la rater : l’antenne-relais de téléphonie mobile qui s’élance vers le ciel, presque scintillante avec le reflet du soleil sur ce métal clair. Dans la rue Aessen à Soleuvre, ce spectacle ne plaît pas du tout.
«Nous sommes partis en vacances et à notre retour elle était là, juste au bout de notre jardin. Une mauvaise surprise dont nous n’avions jamais entendu parler. Je suis choquée», s’exclame Joëlle Weiler. Il faut dire qu’avant l’installation de ce géant de 44 mètres de haut, elle et ses voisins n’avaient pour vue que des arbres et la nature. L’aiguille est d’autant plus flagrante dans ce décor vert.
Au-delà de l’aspect esthétique, ce qui inquiète davantage la dame qui a tenu pendant plus de 25 ans un restaurant à Soleuvre, c’est le risque sanitaire que cela pourrait engendrer. L’antenne-relais est à environ 120 mètres des lieux d’habitation, «trop proche» pour les riverains qui auraient préféré ajouter quelques dizaines de mètres entre eux et l’objet qui les préoccupe.
Guy Van Hulle ne digère pas non plus «ce grand malheur» apparu du jour au lendemain, qui va peut-être le pousser à quitter «son petit paradis et à déménager» de la maison acquise par son père au début des années 60. Il espère aussi que les deux chauves-souris qui rôdent autour de sa maison tous les soirs, qu’il a baptisées Ginette et Geneviève, ne seront pas désorientées par cette nouvelle installation.
Les employées de la crèche s’inquiètent
«Nous devenons le dépotoir du pays, nous allons bientôt avoir une prison. Avec la société Kronospan (NDLR : fabricant de panneaux en bois), nous avons déjà une mauvaise qualité de l’air dans le secteur, surtout lors de l’incendie j’étais très incommodé (NDLR : incendie qui a duré plusieurs jours début août). Et maintenant, il y a cette antenne», peste Guy Van Hulle.
À quelques pas de là, la crèche Zolwerknaeppercher qui existe depuis 1996 accueille une douzaine d’enfants chaque jour de la semaine. Et cette antenne ne plaît guère plus. Ici, c’est surtout le manque d’information sur le sujet qui provoque l’inquiétude des employées : «On ne sait pas si c’est dangereux, lance Flavia Gomes, mais bien sûr que nous sommes inquiets pour notre santé et celle des enfants. Les parents ne se sont pas plaints pour le moment.» «Nous n’avons reçu aucune explication, renchérissent Laura Bertrand et Jennifer Variot. Nous l’avons juste découverte un jour par la fenêtre (NDLR : à environ 150 mètres de distance). On aimerait en savoir plus.» Dehors, le jardin aménagé pour les enfants est encore plus proche de l’antenne.
«Je fais confiance»
Tous les voisins ne partagent pas la même véhémence à l’égard de l’antenne. Une voisine qui préfère rester anonyme est mitigée : «Je ne capte jamais avec mon téléphone, je suis obligée d’ouvrir la porte ou de sortir. En haut de la maison, ça passe un peu mieux», alors peut-être que cette antenne va améliorer les choses, même si elle n’est pas chez le même opérateur. Elle comprend la nécessité de cette installation, même si elle est malgré tout un peu inquiète : «Je pense que malheureusement l’un ne va pas sans l’autre.»
Certains voisins ne s’en préoccupent absolument pas, estimant que ce n’est pas plus dangereux que leur propre téléphone.
Pour Georges Engel, le bourgmestre de Sanem, rien dans les règlements n’empêchait la commune de délivrer une «autorisation de construction. On peut toujours se poser des questions sur les ondes, mais nous sommes presque tous des consommateurs de smartphones et ça c’est le prix. Quand on utilise un téléphone mobile, cela ne fonctionne pas avec un câble. Je ne suis pas spécialiste des ondes mais si l’antenne a reçu l’autorisation d’émettre des autorités compétentes (NDLR : l’administration de l’Environnement), que le principe de précaution est respecté, je fais confiance».
Le bourgmestre assure que cela fait une dizaine d’années que la commune se penche sur ce sujet, avec d’autres communes, en déterminant des zones où l’on peut établir des antennes et d’autres non.
Pour le moment, l’antenne-relais de Soleuvre n’émet aucune onde. Contacté lundi après-midi, l’opérateur Tango (Proximus Luxembourg) ne pouvait pas donner la date exacte de mise en fonction. Tango précise que «bien entendu cela a été fait avec les autorisations nécessaires afin d’améliorer la couverture sur la zone».
Audrey Libiez