Mercredi matin, au City Breakfast de la Ville de Luxembourg, il a avant tout été question de sécurité dans les quartiers. Lydie Polfer a exprimé son ras-le-bol et réitéré son appel à une solution concertée.
Il y a deux semaines, Rafael, 18 ans, était poignardé à mort à Bonnevoie par un garçon de trois ans son cadet. Un drame qui ne laisse personne indifférent bien au-delà des frontières de ce quartier de la capitale et qui interroge sur l’état d’esprit des jeunes en cette période de pandémie. Également très touchée, Lydie Polfer a annoncé mercredi matin, lors de l’édition mensuelle du City Breakfast, avoir lancé une consultation avec différents acteurs pour soutenir la famille et les proches de la victime en deuil.
En complément, la Ville et Inter-Actions vont étendre au quartier de Bonnevoie l’action «À vos côtés», lancée l’an passé dans le quartier Gare pour améliorer le sentiment de sécurité des riverains et des visiteurs. Une équipe se déplace dans les rues ou se positionne aux endroits plus ou moins fréquentés pour faire de la médiation ou pour apaiser les tensions dans le quartier. Les recrues sont détectées dans le quartier et formées à la mission qui leur est confiée. Le service devrait être opérationnel à la fin du mois de mai, a indiqué la bourgmestre.
La sécurité dans les rues de la capitale est une des principales préoccupations de la bourgmestre et de son administration. Aussi ont-ils décidé de prolonger de deux mois le contrat qui lie la Ville de Luxembourg à l’entreprise de sécurité dont les agents patrouillent dans les rues des quartiers Gare et Ville-Haute depuis le mois de décembre dernier. De nombreux habitants auraient témoigné leur satisfaction à l’égard de la présence de ces agents dans les rues. La Ville va procéder à un sondage afin de pouvoir vérifier l’efficacité de l’initiative et d’avoir des données à brandir au nez de ses détracteurs.
Une inertie intolérable
L’initiative a fait l’objet d’une vive polémique, mais Lydie Polfer a tenu bon malgré les critiques, défendant coûte que coûte sa décision qu’elle qualifie d’«appel au secours». «Nous nous sentons abandonnés, a-t-elle indiqué mercredi matin. Rien ne s’est passé depuis l’été dernier et cette discussion à la Chambre des députés lors de laquelle il avait été conclu que la police recevrait les moyens d’intervenir quand des personnes dorment dans les entrées d’immeuble. Les agents des entreprises de sécurité en patrouille observent en permanence ce type de situation. J’attends qu’il se passe enfin quelque chose pour y mettre un terme. Nous faisons tout ce que nous pouvons. Et encore une fois, pour nous, c’était un appel au secours.»
La frustration et la lassitude derrière les propos de la bourgmestre sont à peine voilées. Depuis des années, la situation dans le quartier Gare se détériore faute d’actions concrètes. Lydie Polfer, qui n’aime pas cette inertie généralisée, réitère son appel à l’unité pour régler la situation : «Nous ne parviendrons qu’ensemble à améliorer durablement la situation. Et quand je dis ensemble, c’est la police, la justice, les institutions sociales que nous portons, c’est les Affaires étrangères, c’est la Santé.»
Pas question de déplacer le problème ou de privilégier une certaine partie de la population par rapport à une autre. «Des citoyens normaux ne parviennent plus à rentrer chez eux, des enfants doivent escalader des gens et éviter les seringues, des personnes seules et âgées ont peur… On ne peut plus tolérer ce genre de situation», souligne la bourgmestre. «Nous ne sommes pas là pour repousser ces personnes, mais pour les aider. Nous allons ouvrir une nouvelle structure d’accueil au Dernier Sol et nous avons un projet en cours avec le ministère de la Santé.»
La Ville est prête à prendre des mesures sociales pour éviter l’escalade et protéger les personnes qui doivent l’être. Pour qu’elles ne soient pas vaines, certaines mesures devront aussi impérativement être prises au niveau législatif, comme le fait de donner aux policiers les moyens d’intervenir ou de préciser la loi sur le gardiennage, entre autres.
Des caméras dans les bus
En matière de sécurité toujours, des caméras vont équiper les 24 nouveaux bus prochainement mis en circulation par les AVL, puis l’ensemble de la flotte. Comme c’est déjà actuellement le cas dans les trams, il ne s’agit pas d’une vidéosurveillance. Le but est de pouvoir utiliser les images filmées en cas de problème à l’intérieur des véhicules. Des autocollants informant de leur présence seront apposés dans les bus et ces caméras fonctionneront dans le respect des nouvelles lois en matière de protection des données. Ces caméras conféreront un sentiment de sécurité aux chauffeurs et à leurs passagers.
Sophie Kieffer