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Science Festival : les chercheurs en herbe se découvrent


Cinquante-six ateliers et sept spectacles ont été imaginés pour cette douzième édition du Science Festival. (photos Tania Feller)

La science était à l’honneur ce week-end. Le natur musée et le Fonds national de la recherche (FNR) l’ont dépoussiérée. Savants pas si fous, docteurs mabouls et gamins curieux sont allés de surprises en découvertes.

Des troupeaux de petites trottinettes colorées ont été abandonnés dans tous les coins du parvis de l’abbaye de Neumünster à Luxembourg. Dans son agora et dans l’entrée du musée national d’Histoire naturelle (natur musée) voisin, des lutins colorés courent dans tous les sens en poussant des cris de joie et d’excitation stridents. Ils vont de découverte en découverte et n’en croient pas leurs yeux ni leurs oreilles. Un monde fascinant s’est ouvert à eux, celui des sciences.

Cinquante-six ateliers et sept spectacles ont été imaginés pour cette douzième édition du Science Festival. La première remonte à 1995 et était organisée par le musée national d’Histoire naturelle, qui a été rejoint en 2003 par le Fonds national de la recherche. Deux jours sont consacrés aux classes des écoles primaires et le week-end au grand public. Le succès est tel que les capacités d’accueil du festival sont dépassées.

Les enfants n'ont pas hésité à se retrousser les manches

Les enfants n’ont pas hésité à se retrousser les manches

«Nous essayons de présenter des ateliers différents chaque année, même si certaines expériences standard fonctionnent bien et reviennent souvent, mais sous une autre approche. Des chercheurs préparent des ateliers, ainsi que des associations, des enseignants et des élèves», explique Jean-Paul Bertemes, le responsable de l’unité Science in Society du Fonds national de la recherche qui promeut les échanges entre les scientifiques et le grand public à travers des manifestations, des publications ou des formations.

Tous les participants se donnent à fond. À l’image de l’association Makeit qui a monté au millimètre près pendant des heures une piste de vitesse pour petits bolides dans l’agora de l’abbaye de Neumünster. Il s’agissait de donner des notions de vitesse aux bambins qui ont pu construire eux-mêmes leur voiture avant de la lancer sur la piste. «L’association a créé plus de 1 300 pièces différentes et les pneus ont été imprimés sur une imprimante en trois dimensions», raconte notre guide qui poursuit : «Cela a pris des semaines, jour et nuit. C’est impressionnant de réaliser le temps consacré par les participants à la préparation des ateliers.»

Chaque édition du Science Festival est placée sur un thème différent. Le thème choisi cette année est la conquête spatiale, en raison des 50 ans du premier homme sur la Lune. «Dans l’agora de l’abbaye de Neumünster, les enfants peuvent essayer un grand gyroscope. Différents ateliers s’intéressent au système solaire, aux planètes, aux astronautes ou à la conquête spatiale», précise Jean-Paul Bertemes.

Science Festival

La science, ça éveille les sens…

Apprendre en s’amusant

Mais pourtant, c’est bien notre bonne vieille planète qui intéresse le plus les enfants. Dans la veine des manifestations pour le climat, ils ont plébiscité l’atelier de l’association Odyssea intitulé «Plongée dans l’océan plastique». «Les enfants découvrent les effets des microplastiques sur les animaux de l’océan. Cette thématique est dans l’actualité. Les enfants y sont sensibles», poursuit le guide.

Autre atelier préféré des bambins, celui du lycée de garçons de Luxembourg qui montre les effets des tremblements de terre sur les bâtiments ou les effets des rotations. Jean-Paul Bertemes poursuit avec enthousiasme : «Une des expériences proposées consiste à s’asseoir sur un tourniquet et à envoyer un ballon devant soi. On a l’impression que le ballon part dans le sens opposé de la rotation. C’est tout simple, mais les enfants adorent.»

Sans oublier les différents spectacles. Avec Mr Science, par exemple, petits et grands apprennent en s’amusant. «Mr Science prépare des expériences et le public doit pronostiquer leur issue. Il a le choix entre trois propositions. Ensuite, Mr Science donne la bonne réponse. Il y a beaucoup d’explosions», s’amuse notre guide. Des physiciens jouent une pièce de théâtre truffée d’expériences scientifiques autour de l’astronautique. Des fusées décollent, des étoiles scintillent, des blagues fusent et l’air de rien, ni vu ni connu, on apprend. Comme quoi, la science peut être drôle.

Chercheurs, mais aussi détectives. Les enfants ont joué tous les rôles !

Chercheurs, mais aussi détectives. Les enfants ont joué tous les rôles !

Une des missions des deux organisateurs est atteinte. Ils ont réussi à promouvoir la science en réunissant les scientifiques et la population. «Cet échange est positif et permet de montrer aux enfants et aux jeunes que les sciences peuvent être cool. Elles ont une image vieillotte dans les médias et à la télévision, alors qu’elles ne sont pas juste arides et difficiles. Elles peuvent être sympas», estime Jean-Paul Bertemes. «Les enfants sont par nature des chercheurs. Ils sont curieux, mettent tout en question, veulent tout expérimenter», explique-t-il. C’est donc le bon moment de les confronter aux sciences. «Quand un sujet nous intéresse ou qu’on a envie de s’y intéresser, on accepte les aspects plus arides et plus théoriques», indique Jean-Paul Bertemes en connaissance de cause.

Autre aspect du festival : montrer que le monde des sciences au Luxembourg s’est énormément développé. «Le grand public n’en est pas conscient. Il pense que le pays est uniquement une place financière, alors que nous avons de bons chercheurs et pas mal de débouchés dans ce domaine. Quelque chose est en train de se créer.» D’une des expériences réalisées lors de cette édition du Science Festival naîtront peut-être des vocations. Les enfants et leurs parents ont en tout cas pu découvrir toute l’étendue des sciences et les nombreux domaines dans lesquels elles peuvent être appliquées.

Sophie Kieffer