Avec sa galerie d’art, Schifflange se crée sa place sur la scène artistique. Une idée lancée en prévision d’Esch2022 et des évolutions que la commune va connaître grâce à Esch-Schifflange.
Voisine d’Esch-sur-Alzette, la commune n’est pas connue pour son intérêt artistique ou culturel. Tout juste sait-on qu’il s’agit de la patrie de Miralem Pjanic, milieu de terrain du FC Barcelone. Schifflange est une de ces villes que l’on situe sur la carte, mais dans laquelle on ne s’arrête pas forcément, à moins d’y avoir de la famille ou des amis. Le collège échevinal a bien l’intention de changer cela. Comme beaucoup de communes du bassin minier, il a saisi l’opportunité d’Esch2022, capitale européenne de la culture, pour gagner en visibilité. Une galerie d’art, le Schëfflenger Konschthaus, qui sera officiellement inaugurée le 19 septembre, doit également l’y aider.
«À l’origine, la galerie d’art de Schifflange était dirigée par le syndicat d’initiative local, mais, l’an dernier, l’exposition de l’artiste PASO, qui est originaire de notre ville jumelée Drusenheim, a attiré tellement de monde de la scène culturelle et artistique luxembourgeoise que nous avons décidé d’exploiter le lieu autrement. La perspective d’Esch2022 nous a également motivés, explique Paul Weimerskirch, le bourgmestre de Schifflange. Il nous reste plus d’un an pour construire la renommée de notre galerie. La commune sera sous les projecteurs de la manifestation du 22 juillet au 22 août. Nous préparons une exposition très spéciale pour l’occasion.» L’idée de galerie d’art était préexistante à celle de la manifestation culturelle qui va faire vibrer le sud du pays et les communes françaises avoisinantes.
La galeriste Claudia D’Incà a été engagée pour faire vivre ce lieu. La jeune femme a établi un programme d’artistes (re)connus au Luxembourg pour les mois qui nous séparent de 2022. La première à inaugurer le lieu est Stéphanie Uhres. Les responsables de la commune voient dans ses œuvres de nombreux éléments symbolisant le thème du nouveau départ, comme c’est le cas pour la galerie. Le vernissage de son exposition fera office d’ouverture officielle du Schëfflenger Konschthaus, le 19 septembre. L’exposition durera un mois et sera suivie de celles notamment de Peggy Dihé, Samuel Levy, Christian Neuman, Kevin B ou Karolina Pernar.
Une galerie en devenir
«Nous essayerons d’étendre notre regard vers des artistes de la Grande Région, mais j’ai aussi l’espoir de pouvoir exposer des artistes de notoriété internationale», précise Claudia D’Incà. «Nous souhaitons attirer des artistes professionnels et reconnus pour la qualité de leur travail afin d’augmenter notre renommée, ajoute Paul Weimerskirch. Nous voulons devenir une des grandes galeries d’art du Luxembourg.» Un projet sur le thème du confinement leur sera proposé pendant la durée de l’exposition de leurs œuvres. Un moyen pour la commune de soutenir les artistes au cours de cette période complexe, selon le bourgmestre.
Dans l’immédiat, la galerie, située dans un ancien corps de ferme rénové caché derrière l’église, donc en plein centre de la localité, accueille des œuvres de divers artistes acquises par l’administration communale au fil des années. «Nous avons ces chefs-d’œuvre dans nos bureaux ou nos salles de réunion et ils sont cachés au public», indique le bourgmestre, qui pointe en direction de tableaux de Roger Bertemes ou de Dominique Lang. Dans cet espace de 200 m2 répartis sur deux étages, les œuvres abstraites côtoient les vues industrielles sur les hauts fourneaux ou les usines, témoignages de paysages aujourd’hui pour la plupart disparus. «Nous avons eu de nombreux visiteurs. Des habitants de Schifflange, mais aussi des gens venus en famille ou seuls d’autres localités du Luxembourg dans le cadre de « Vakanz Doheem ». Cela a plutôt bien commencé», ajoute Claudia D’Incà, confiante quant à l’avenir réservé à la galerie.
Une introduction à l’art
L’ambition du collège échevinal est d’attirer du monde à Schifflange pour le «bien des commerces et des restaurants locaux». C’est la raison pour laquelle la galerie ne se veut pas élitiste ou réservée à un microcosme d’amateurs d’art. Elle est ouverte à tous les publics et proposera des niveaux de lecture différents pour chaque catégorie de visiteurs, qu’ils soient écoliers, férus d’art ou touristes de passage. «On dit que l’art est une langue que tout le monde comprend, note Paul Weimerskirch. Si ce n’est pas le cas, la galerie doit offrir la chance d’apprendre cette langue, de la transmettre et de l’utiliser.»
La galerie est imaginée comme un outil d’éducation à l’art pour tous. Ici, on exposera l’art, mais pas uniquement dans un but lucratif. La galeriste transmettra son savoir lors de visites guidées, lors d’ateliers pédagogiques en relation avec les expositions organisées dans le lieu, aux élèves des classes de l’enseignement fondamental de la commune ou lors d’ateliers ouverts à tous. La commune encourage l’interaction avec le public. Des ateliers écoresponsables seront également mis en place au sein de la galerie par cette commune entourée d’une nature verdoyante et insoupçonnée afin de changer les comportements envers l’environnement.
La commune fourmille de projets pour cette galerie dont l’inauguration officielle devait avoir lieu avant le confinement. Elle compte bien rattraper ce retard, notamment en terminant la rédaction des statuts de la future association Schëfflenger Konschthaus qui en aura la gestion. Un statut très rare dans le monde de l’art où la majorité des galeries d’art sont privées.
À terme, la galerie pourra être amenée à travailler avec le futur centre culturel et le musée de la Sidérurgie qui vont être aménagés au pied de l’ancien château d’eau classé du «Pompelhaus» sur le site d’Esch-Schifflange dans le cadre de la reconversion des friches d’ArcelorMittal, espère Paul Weimerskirch.
Sophie Kieffer