Il n’y aura pas de cavalcade cette année dans la commune du sud en raison de la pandémie. Un coup dur pour le président de l’ASBL AAFC Folklorama, Kries Scott, qui organise l’évènement.
Il aura dû s’y résoudre, même s’il s’en doutait : la cavalcade prévue dimanche 21 février dans les rues de Schifflange a finalement dû être annulée. «On s’y préparait déjà aux mois d’octobre et novembre derniers, étant donné que l’organisation de la cavalcade de Schifflange débute de cinq à six mois en amont. Nous en avons rediscuté avant les fêtes au niveau de notre conseil d’administration, via Skype, avant d’officialiser son annulation, la semaine dernière. On s’était laissé encore un mois d’attente pour voir quelles seraient les annonces des autorités. Et puis il y a eu l’annonce du prolongement des restrictions sanitaires…», explique Kries Scott, résigné.
Par rapport aux associations en charge de l’animation du cortège et donc des chars qui le composent, le président de l’ASBL organisatrice précise qu’elles sont une bonne trentaine chaque année, ce qui revient à environ 600 personnes présentes au sein du cortège. Quant aux spectateurs, ils étaient au nombre de 9 000 à 10 000 en moyenne au cours des dernières éditions. Cela dit, les associations avaient également entrevu une annulation : «L’année dernière déjà, certaines cavalcades avaient été annulées à Esch-sur-Alzette, Pétange, Remich et Wasserbillig. Et nos associations s’étaient dit, à l’époque, que si la cavalcade pouvait avoir lieu en 2021, chacune d’entre elles garderait son thème carnavalesque. De ce fait, aucune association, du moins de celles que je connais, ne s’est préparée dès l’automne dernier en vue d’élaborer un nouveau thème», souligne Kries Scott.
«C’est dur car je vis pour cette association»
Pour l’organisateur, cette annulation est forcément difficile à vivre : «Cela fait 22 ans que je suis dans le conseil d’administration de l’association, donc je peux dire que je vis pour cette association. C’est dur et c’est avec les larmes aux yeux que nous devons annuler. Toutefois, j’avais déjà constaté qu’il y avait moins de monde l’année dernière et que les gens avaient peur. Pour mes collègues de l’organisation, c’est également triste et difficile. De plus, je vois un problème qui risque de se poser : étant donné qu’on travaille avec beaucoup de bénévoles, environ une quarantaine pour la cavalcade et entre 70 et 80 pour le Street Food Festival, il sera à mon avis très compliqué pour eux de retrouver une certaine motivation pour 2022… Il sera en effet très difficile de tout recommencer à zéro, même si notre association reste optimiste pour que la cavalcade de Schifflange subsiste. Et je pense aussi à toutes les personnes qui aiment le carnaval.»
Pour ce qui est du volet financier, Kries Scott rappelle que la cavalcade n’a jamais engrangé de bénéfices de toute son histoire et que ce sont les recettes de toutes les autres manifestations organisées par l’ASBL qui permettent de financer cet événement. Mais vu que tous les autres événements prévus en 2020 ont du être annulés, «les comptes sont à zéro. Certes, nous avons un souci d’ordre financier bien sûr, mais on a déjà trouvé des solutions et on se penche sur d’autres possibilités de rentrées d’argent. Ceci dit, on n’oserait jamais aller voir nos sponsors, dont la plupart ont également été victimes du coronavirus.»
Ainsi, le président de l’association Folklorama dit rester optimiste de ce point de vue. D’autant plus que l’association a plus d’une idée derrière la tête, en ayant notamment mis en place une vente à emporter de filets de harengs. «Nous avons effectué de bonnes ventes, car beaucoup de gens nous soutiennent. Et pour le week-end où la cavalcade aurait dû avoir lieu, on va confectionner des pâtisseries traditionnelles. On ne l’a jamais fait auparavant, mais nous enregistrons déjà des commandes. C’est une bonne chose pour remplir un peu les caisses en vue de pouvoir organiser nos autres manifestations cette année et afin, on l’espère, de pouvoir financer de futures cavalcades à partir de 2022. Car la cavalcade coûte de plus en plus cher et nous percevons de moins en moins d’argent sur les billets d’entrée parce qu’on ne peut pas obliger les gens à payer l’entrée. Alors, il faut bien chercher l’argent ailleurs…»
Claude Damiani
«Un jour de joie et de rencontres»
Les costumes de carnaval resteront au placard cette année. (Photo : Fabrizio Pizzolante)
Le carnaval est une tradition festive et conviviale qui manquera à beaucoup.
Pour Kries Scott, le carnaval est une manifestation qui fait partie des us et coutumes incontournables du pays et il explique pourquoi : «N’oublions jamais que le carnaval est une tradition qui existe depuis plus de 120 ans au Luxembourg. En effet, il y avait déjà des cavalcades au début des années 1900. Pour moi, c’est un jour où l’on peut vraiment oublier tous les problèmes qui existent dans le monde. C’est aussi un jour où les gens viennent s’amuser et revoir des personnes qu’ils n’ont plus vues depuis des années pour boire un verre et danser, avant de ne plus se revoir pendant des années. Le carnaval est un lieu de rencontre, d’amusement, de joie, de rires… et un jour où l’on peut critiquer le pouvoir politique, par exemple, car le carnaval est aussi une parodie. Le jour du carnaval, on peut faire presque tout ce que l’on ne peut justement pas faire les 364 autres jours de l’année.»
Sept présidents de cavalcades unis
Si l’ASBL Folklorama, qui organise la cavalcade de Schifflange, compte une bonne vingtaine de membres, trois membres du comité d’administration («faisant fonction, car on ne peut pas organiser d’assemblée générale») ont géré la crise sanitaire depuis le début. Mais le plus original et remarquable dans cette histoire, c’est que depuis les mois d’octobre/novembre de l’année passée, les sept présidents des sept cavalcades du pays (Diekirch, Esch-sur-Alzette, Schifflange, Pétange, Kayl, Remich et Wasserbillig) ont, pour la première fois, été en contact par téléphone, courriel… pour analyser ensemble la situation sanitaire par rapport à une potentielle annulation du carnaval au Luxembourg. «Tous les sept avons apprécié de faire ce suivi commun. Et après le coronavirus, on va probablement continuer de rester en contact!», conclut Kries Scott.