Il y a 30 ans, la RFA, la France et les pays du Benelux paraphaient le premier accord de Schengen. Robert Goebbels y était. Il raconte.
«La voie empruntée, sans nul doute, est juste. Ce que nous avons signé aujourd’hui va entrer dans l’histoire comme l’accord de Schengen.» C’est ainsi que le 14 juin 1985, sur le navire M. S. Princesse Marie-Astrid, sur la rive luxembourgeoise de la Moselle à Schengen, Robert Goebbels, secrétaire d’État aux Affaires étrangères, conclut son discours après avoir signé avec ses homologues allemand, belge, français et néerlandais, le premier accord de Schengen, qui instaure la levée des contrôles aux frontières.
«La conclusion de mon discours a suscité quelques ricanements dans l’assistance, se souvient, trente ans après, Robert Goebbels. À l’époque, personne n’y croyait vraiment. Pour preuve, même les ministres des Affaires étrangères des pays signataires avaient délégué leur secrétaire d’État…»
Un an auparavant (25 et 26 juin 1984), le Conseil européen de Fontainebleau avait fait une première tentative sur le sujet. Mais vaine en raison de l’opposition des Britanniques, notamment.
«Les Premiers ministres des pays du Benelux, où la libre circulation des personnes existait déjà, ont alors écrit à François Mitterrand [le président français] et Helmut Kohl [le chancelier de la RFA] pour avancer sur la liberté de circulation des personnes sur nos territoires, raconte Robert Goebbels. Paris et Bonn ont accepté. Et après quatre mois de négociations, on s’était mis d’accord sur un texte. À ce moment-là, le Luxembourg avait la présidence tournante du Benelux, j’ai donc invité les autres pays pour venir signer cet accord au Luxembourg. Le choix de Schengen, situé dans le pays des trois frontières, s’imposait. C’était symbolique.»
Guillaume Chassaing
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