À Sandweiler, le suivi effectif du résultat du référendum du 24 avril, portant essentiellement sur la démolition de la mairie, est diversement jugé par la majorité et l’opposition. Le point, trois mois après.
Pour rappel, 74 % des électeurs s’étaient prononcés contre la démolition de la mairie. L’opposition estime que ce résultat n’est pas respecté, tandis que pour la majorité, cela n’est absolument pas le cas.
Ce référendum avait fait couler beaucoup d’encre et force est de constater que les rancœurs, qui font certainement partie du jeu politique, entre membres de l’opposition (LSAP/DP) et membres de la majorité (déi gréng/CSV) semblent toujours aussi vives. Le Quotidien a interrogé des membres de ces quatre partis.
CSV : «Assez qu’on tape sur moi!»
Pour la bourgmestre de la commune, Simone Massard-Stitz (CSV), la chose est entendue : «Je ne comprends pas pourquoi l’opposition dit qu’on ne respecte pas le référendum. Le projet de détruire le bâtiment actuel pour en construire un autre à la place n’a pas été fait. Donc je ne comprends pas l’opposition. Deuxièmement, ce n’était pas mon projet, mais celui du collège échevinal dans son ensemble. Et pour moi, la majorité a bien respecté la décision des citoyens de Sandweiler.»
Les critiques de l’opposition à propos des travaux à l’intérieur du bâtiment et de l’absence de concertation de la part du collège échevinal? «Je ne suis pas la seule à prendre des décisions, cela se fait au niveau de notre coalition qui a encore quand même le droit de mener une politique en tant qu’exécutif de la commune. Oui, des travaux sont en cours pour permettre à de nouveaux collaborateurs de pouvoir commencer leur travail au 1er août, car nous ne disposons pas d’assez de surface. Il faut bien permettre à ces recrues de travailler et arrêter avec ces critiques stériles!»
Et d’ajouter : «Nous avons 800 000 euros inscrits dans notre budget, montant qui vise à des réaménagements, c’est tout. Et le collège échevinal a donc le droit de les utiliser. J’en ai assez qu’on tape sur moi, et toute cette histoire de la mairie de Sandweiler n’intéresse plus personne dans le pays. Les critiques ne sont pas fondées. D’ailleurs, la plupart des fonctionnaires étaient très déçus de ne pas avoir un nouveau bâtiment.»
Déi Gréng : «Perte de temps démocratique»
L’un des écolos de la majorité, Gennaro Pietropaolo, pour sa part, estime que «ce serait déjà bien que l’opposition s’intéresse à la politique. Madame Breuer, lorsqu’elle était échevine, avait elle-même lancé le projet d’une rénovation ou d’une reconstruction de la commune, mais cela a été abandonné, car les gens qu’elle avait choisis n’auraient pas correspondu. Pour revenir à la situation actuelle, la seule chose qui a été faite a été de condamner une salle de réunion pour permettre de créer deux ou trois unités de bureaux (…) Changer un bureau de place ou acheter une chaise, est-ce qu’on peut appeler cela « rénover »?
Gennaro Pietropaolo ne ménage pas ses critiques : «Madame Breuer (LSAP) et Monsieur Mousel (DP) n’ont pas fait un amendement, pas mis un seul point à l’ordre du jour d’un conseil depuis qu’ils sont dans l’opposition. La seule chose qu’ils ont faite, c’est cette campagne contre la commune. Pour moi, c’est une perte de temps démocratique.»
Quant à savoir si Gennaro Pietropaolo est d’avis que le résultat du référendum n’a pas été respecté, il se veut incisif : «De petits travaux ont été faits, notamment pour pouvoir accueillir deux nouveaux collaborateurs. Alors je ne vois pas en quoi le référendum n’aurait pas été respecté! Les trois questions qui le composaient ont été respectées à la lettre! En clair, l’opposition fait preuve d’instrumentalisation.»
LSAP : «On cherche juste le dialogue»
La conseillère communale du LSAP Jacqueline Breuer est d’avis qu’il n’y a jamais eu d’expertise sur l’état de la mairie invoqué par la majorité pour justifier le référendum : «On a attendu deux conseils communaux et ils n’ont pas pris position, ils ont fait comme si de rien n’était! Lors d’une 3e séance, nous avons demandé des explications, car entretemps, une très belle salle de réunion avait été démolie et j’étais ahurie. Il nous a été répondu que des bureaux pour techniciens y seront installés, mais je pense que la bourgmestre veut y installer son propre bureau… Alors qu’il y a de la place à un autre étage, mais on m’a répondu que celui-ci nécessiterait un agrément, ce qui n’est pas le cas, selon moi. Il s’agit de mauvaise foi et on veut savoir quel est le véritable projet.»
De plus, poursuit-elle, «on cherche juste le dialogue, mais il n’y a rien à faire. Aucune climatisation n’a été installée, ce qui devait être prévu, et je n’ai jamais eu d’éléments prouvant qu’il y avait des moisissures et de l’eau dans la cave. Bref, j’ai des doutes!»
De manière générale, Jacqueline Breuer est d’avis que le résultat de 74 % reste un désaveu pour la bourgmestre, même si elle indique ne pas avoir demandé sa tête.
DP : «La bourgmestre n’avait pas de plan B»
Selon le conseiller communal DP Claude Mousel, le résultat du référendum s’avère clair, mais il dit «que la majorité n’a pas mis de point à l’ordre du jour d’un conseil communal pour évoquer le suivi du référendum, alors que des membres de la majorité avaient dit qu’ils respecteraient la décision des électeurs».
Plus précisément, il déplore le fait que la bourgmestre «n’avait pas prévu de plan B pour faire des rénovations, étant donné que le projet de la reconstruction d’une nouvelle mairie était prévu sous le prétexte que la mairie était en mauvais état. Mais, en fait, elle n’avait qu’un plan A pour ériger une maison communale de prestige.»
Selon Claude Mousel, «la bourgmestre aurait donc dû prévoir un budget, objectif, pour faire des rénovations, dans le cadre d’un plan d’ensemble. Nous sommes donc étonnés, car la question est qu’il aurait donc fallu prévoir un budget d’ensemble, en cas d’échec du référendum pour la majorité. En l’état, elle ne peut faire qu’un réaménagement pour créer de nouveaux bureaux. Et un réaménagement ne suffit pas pour garantir une étanchéité, par exemple, puisqu’il y aurait de l’eau dans la cave, ni pour remettre en état le bâtiment. Le problème n’est donc pas résolu en fait : c’est vraiment du chipotage!»
La conclusion du conseiller communal DP est sans appel : «Elle continue à tenir la commune comme avant et montre que l’opposition n’a rien à dire. Elle n’est pas ouverte au dialogue et fait comme si de rien n’était.»
Claude Damiani