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Sam Tanson : «Bien sûr que je suis motivée!»


(Photo : Jean-Claude Ernst)

Les verts ne s’y attendaient pas, mais ils devront se contenter de siéger dans l’opposition. Ils ont présenté hier leurs plans pour les six ans à venir.

Sam Tanson va passer du bureau de première échevine à un siège dans la salle du conseil. Une nouvelle position paradoxale puisque jamais les écologistes n’avaient réussi un aussi bon score à l’élection communale. Mais cela ne les décourage pas : ils ont déjà lancé leur travail d’opposition.

Sam Tanson admet que la frustration est – et sera – bien là, mais elle est trop bien élevée pour avoir un mot plus haut que l’autre : le spleen, ça se vit, ça ne se partage pas. Pourtant, on peut être certain que le coup de Jarnac porté par Lydie Polfer – qui a préféré adouber le chrétien-social Serge Wilmes plutôt que de confirmer son alliance avec les verts – a du mal à passer. Hier, elle a simplement expliqué qu’elle avait trouvé le procédé «pas très élégant» et qu’elle avait à redire sur l’art et la manière dont l’éviction de déi gréng avait été scellée.

La bourgmestre Lydie Polfer avait notamment appelé Serge Wilmes le dimanche des élections, dès 21 h 30, alors que les résultats définitifs n’étaient toujours pas annoncés et qu’un siège se jouait à quelques voix entre le DP et les verts. Finalement, le lendemain, les libéraux officialisaient le début de négociations qui courent toujours avec le CSV pour élaborer le programme de coalition. Tout cela sans jamais contacter les écologistes.

«Après douze années dans la coalition, nous en sortons malgré un score historiquement haut et le fait d’avoir toujours été un partenaire fiable et honnête», souligne Claudie Reyland. Le propos est déclamé sans colère, mais il n’est pas nécessaire d’avoir à lire entre les lignes pour en voir les piques.

Les verts, donc, se préparent à remplir leurs nouvelles fonctions au sein de l’opposition. Chaque élu aura ses champs spécifiques : à Sam Tanson la mobilité, à François Benoy l’urbanisme, à Claudie Reyland l’environnement, à Tilly Metz le social et à Carlo Bock l’école.

À propos de la mobilité, Sam Tanson sera attentive au développement d’un tram qu’elle a appelé de ses vœux mais qu’elle n’inaugurera donc pas. «Il ne doit pas simplement être construit jusqu’à la Cloche d’or, il devra également relier Mamer via la route d’Arlon», soutient-elle. Elle milite également pour la poursuite des travaux visant à installer des pistes cyclables bien séparées du trafic automobile. «Atteindre une part de 15 à 20 % du trafic n’est pas impossible, mais il faut développer de bonnes infrastructures», ajoute la première échevine sortante. Le pont au-dessus de Neudorf, réservé à la mobilité douce, fait partie de ces priorités.

Bâtir au centre, pas à la périphérie

Autre point focal : les écoles et les foyers scolaires. Sam Tanson espère par exemple une plus grande coopération entre les clubs sportifs et les foyers pour que davantage d’enfants puissent pratiquer une activité physique dans les meilleures conditions.

François Benoy a appuyé sur la nécessité de bien gérer les questions urbanistiques. Il a rappelé que la base était là étant donné que la capitale a déposé son nouveau PAG au ministère de l’Intérieur, qui l’a validé. «Toutes les communes ne l’ont pas encore fait», a-t-il fait remarquer.

Sa principale crainte porte sur une extension du périmètre constructible, une des propositions du CSV. «Il n’y a aucune urgence à le faire, puisque nous avons déjà préparé des terrains, notamment les sites du stade Josy-Barthel et des Portes de Hollerich», précise le coordinateur de natur&ëmwelt. Le premier, qui sera libéré dès l’inauguration du nouveau stade national de foot et les déménagements des pompiers au ban de Gasperich et du service d’hygiène à Merl, devrait offrir entre 750 et 1 000 logements. Les verts encouragent la nouvelle majorité à s’engager rapidement sur la voie d’un quartier écologique modèle. Quant au second, il sera développé dans les six prochaines années et au-delà et permettra de mettre également sur le marché un millier de logements. «Il ne sert à rien de bâtir à la périphérie de la Ville lorsque de la place se libère à l’intérieur», juge-t-il.

François Benoy milite également pour un renforcement des accords entre la Ville et l’Agence immobilière sociale : «Depuis que la convention a été signée, nous avons mis sur le marché plus de 300 logements sociaux. Il faudrait poursuivre sur cette voie.»

Bien que le sens du vent ne l’ait pas portée là où elle l’aurait souhaité, Sam Tanson ne laisse pas de doute sur son engagement : «Bien sûr que je suis motivée!», assure-t-elle. La nouvelle coalition l’apprendra certainement bien vite.

Erwan Nonet

«Il y aura de la frustration»

Êtes-vous inquiète de voir les projets que vous avez portés être abandonnés par la nouvelle coalition DP-CSV?

Sam Tanson : Inquiète, non. Vigilante, oui. Il y a des sujets que nous avons toujours défendus, comme la mobilité, et nous serons particulièrement attentifs à ce qui se fera.

On peut toutefois imaginer une certaine frustration de votre part?

Ça, oui. Nous ne sommes pas le parti de la coalition qui a perdu des voix lors de l’élection, mais nous sommes celui qui en sort… c’est le jeu électoral. Il y aura aussi de la frustration de voir nos projets inaugurés par d’autres, c’est certain. Ceci dit, je préfère ressentir cette frustration-là à celle de voir ces mêmes projets abandonnés.

Avez-vous vu venir cette situation à la fin de la campagne électorale? Sentiez-vous qu’il y avait de l’eau dans le gaz entre vous et le DP?

Nous n’avons pas pu le voir venir parce qu’il n’y avait pas d’eau dans le gaz… Ce n’était pas prévisible. Finalement, nous nous sommes retrouvés dans la même situation que ces couples qui se séparent alors que tout va bien, simplement parce que l’un des partenaires a trouvé quelqu’un de plus riche…

Recueilli par E. N.