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Rumelange : C’est la révolution d’octobre!


(Photo : Isabella Finzi)

Pour la première fois depuis 30 ans, le Parti communiste sera représenté dans un collège échevinal du Grand-Duché. Pour Edmond Peiffer, c’est un honneur.

Le LSAP a perdu sa majorité absolue et a donc dû chercher un allié. Après une rapide consultation des différents partis, Henri Haine (le bourgmestre sortant) a décidé de forger une
coalition avec le KPL.

Les socialistes ont souffert dans pratiquement tout le pays, et Rumelange n’a pas échappé à la règle. Dans ce bastion du LSAP depuis toujours, le parti du bourgmestre Henri Haine a perdu la majorité absolue et deux échevins, en passant de plus de 60 % des suffrages à seulement 48 %, une chute significative. L’édile ne le cache pas, les élections auraient pu mieux se passer : «Nous poursuivons l’analyse de ces résultats que nous prenons comme un avertissement», assure-t-il.

La décision la plus urgente était de trouver le partenaire qui lui permettrait de rester aux commandes de la commune. Mais contrairement à Bettembourg ou Mondercange, les socialistes étaient en position de force puisque l’on voyait mal comment pouvait se créer une alliance CSV-DP-KPL. «Nous avons discuté avec le CSV et le KPL, tandis que le DP a refusé de nous voir, explique Henri Haine. Les communistes avaient bien préparé les discussions, ils nous ont dit qu’ils ne reculeraient pas sur les questions sociales, de service public et les logements sociaux. Or nous n’avions pas l’intention de le faire, puisque que notre programme est de toute façon très orienté sur le social. Finalement, le KPL était le parti qui avait le programme le plus proche du nôtre.» Il sourit aussi devant le caractère unique de cette alliance dont le pays n’avait plus l’habitude : «C’est sûr que c’est à contre-courant de la tendance d’aujourd’hui qui est de voir des socialistes s’allier aux chrétiens-sociaux!»

Edmond Peiffer, tête de liste du KPL, devient donc le deuxième échevin de Rumelange. Il reconnaît que les négociations n’ont pas été difficiles à mener. «Au bout de deux réunions, il était clair que nous pourrions travailler ensemble, explique-t-il. Il y avait bien quelques divergences, mais rien d’insurmontable non plus : les points communs entre nos deux programmes sont bien plus nombreux.»

Il reconnaît sans forcer le mérite de Henri Haine d’avoir bien mené sa barque dans la commune ces dernières années : «Même si j’étais dans l’opposition, je reconnais que les socialistes ont fait du bon travail pour les Rumelangeois, notamment au niveau des infrastructures. Mais lorsque nous n’étions pas d’accord – et c’est arrivé parfois – nous le disions aussi!»

«Je milite depuis tant d’années»

Cette entrée au collège échevinal, pour lui, est tout sauf anecdotique. Âgé de 70 ans, encarté au KPL depuis 1966, il a baigné dans le communisme depuis tout petit. «Mon père était résistant communiste», tient-il à faire rappeler. Il mesure donc le poids de cette nomination : «Ce n’est pas simplement la satisfaction d’être échevin, c’est aussi l’opportunité de montrer que le discours communiste a toute sa place dans le débat politique d’aujourd’hui. Je milite depuis tant d’années que je suis fier de porter ces responsabilités.»

À l’échelle nationale, aussi, il s’agit d’un évènement. Ali Ruckert, le secrétaire général du KPL et conseiller communal à Differdange, ne boude pas son plaisir de voir son parti enfin de retour aux responsabilités dans une commune. «La dernière fois, c’était Aloyse Bisdorff à Esch-sur-Alzette, rappelle-t-il. Cela date d’une trentaine d’années. Il est certain que, pour nous, c’est une grande satisfaction qui compense un peu la perte de notre conseiller communal à Esch qui nous a fait très mal (NDLR : Zénon Bernard).»

Rumelange, terre rouge par excellence, était sans doute la seule opportunité du KPL et il l’a saisie. «Hormis une mandature, le Parti communiste a toujours eu au moins un représentant au conseil communal de Rumelange depuis les années 1930», soutient Ali Ruckert.

Reste à faire perdurer cet ancrage. Edmond Peiffer croise les doigts : «J’espère que le fait d’être aux responsabilités incitera d’autres personnes – notamment des jeunes – à rejoindre notre engagement.»

Erwan Nonet